MAL DE DOS AU
FEMININ
par le Dr Jean-Yves
Maigne
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IX
Ménopause et ostéoporose
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Les effets de la
ménopause sur le système osseux et articulaire sont maintenant mieux connus.
Tous sont liés aux changements hormonaux qui accompagnent cette période de la
vie. L'ostéoporose et les douleurs articulaires d'origine arthrosique en
représentent les deux aspects.
1. - L'ostéoporose, son histoire et son diagnostic
L'os, qu'il soit
vertébral ou d'un segment de membre, est construit comme une éponge : plein de
trous, c'est l'os spongieux, mais entouré d'os compact en périphérie (les bords
de l'éponge), c'est l'os cortical. L'os est un tissu vivant qui se remodèle et
se renouvelle sans cesse, grâce à un équilibre entre les cellules qui le
résorbent, les "ostéoclastes", et celles qui le fabriquent, les "ostéoblastes".
Les estrogènes, hormones féminines, s'opposent à l'activité de résorption
osseuse. Ils favorisent donc la bonne minéralisation du squelette.
L'ostéoporose est définie non par une déminéralisation de l'os mais par une
diminution de la quantité d'os dans chaque vertèbre. Dans l'ostéoporose, les
trous de l'os spongieux sont de plus en plus grands et les travées de plus en
plus minces. Bien qu'il persiste moins d'os, celui-ci reste normalement
minéralisé (ce qui n'est pas le cas lors des carences en vitamines D). L'os
devient plus fragile et peut, en cas de contrainte trop forte, se fracturer ou
se tasser plus facilement. Voilà ce qu'est l'ostéoporose.
La masse
osseuse de 7 à 77 ans
La masse osseuse
se constitue pendant la croissance, essentiellement sous la dépendance de
facteurs génétiques. Elle reste à peu près constante jusqu'à l'âge de 45 ans
environ, âge à partir duquel elle diminue progressivement, tant chez l'homme que
chez la femme, mais pour des raisons et avec une vitesse différentes.
Chez l'homme, il s'agit d'un processus de vieillissement et la perte osseuse est
lente, progressive et régulière. L'homme perd ainsi chaque année environ 0,3 à
0,5% de sa masse osseuse.
Chez la femme, tout s'accélère dès la pré-ménopause et surtout dans les quatre à
six ans qui suivent la ménopause (post-ménopause). La perte osseuse annuelle est
alors de 1 à 2% et peut même être plus rapide en cas de ménopause précoce (hystérectomie
totale par exemple). Au delà de 60 ans, cette résorption osseuse anarchique se
stabilise et reprend un rythme superposable à celui de l'homme, mais la perte
osseuse a été plus importante. A la fin de sa vie, une femme aura perdu en
moyenne 50% de son os spongieux et 35% de son os cortical, contre respectivement
35% et 20% chez l'homme.
Ce phénomène est évidement lié à la carence en estrogènes qui caractérise cette
période de la vie. Il prédomine sur l'os spongieux (le principal constituant des
vertèbres), ce qui explique que les fractures vertébrales (dites tassements) en
soient la complication majeure. Il prend le nom d'ostéoporose post-ménopausique.
L'ostéoporose sénile, celle qui s'installe lentement après soixante ans, touche
aussi l'os cortical, avec pour complication principale les fractures du col du
fémur.
On voit bien que
l'os est un tissu vivant et que la perte osseuse est un phénomène inéluctable.
Mais les femmes partent nettement défavorisées dans cette course à la fracture.
Ainsi, à 70 ans, 25% des femmes ont un tassement vertébral (mais la plupart,
passées les deux à trois premières semaines, sont totalement indolores). Dix ans
plus tard, elles seront trois fois plus nombreuses. Et cette tendance ne va pas
s'améliorer avec l'allongement prévisible de la durée de vie. Mais parlons
maintenant du tassement vertébral.
Le
tassement vertébral, complication de l'ostéoporose
On appelle
tassement vertébral le tassement, voire l'écrasement d'une vertèbre. Le corps
vertébral est principalement constitué d'os spongieux, les travées étant
organisées en lignes de force, ce qui leur permet de supporter sans mal de
lourdes charges. Au fur et à mesure que les vertèbres se fragilisent, le risque
de tassement augmente en cas de traumatisme. Il peut s'agir de l'effort de
soulèvement d'un objet lourd, d'un geste brusque, voire d'un effort de toux, ou
même de rien du tout, le tassement survenant de façon spontanée. Le tassement
est en fait une fracture, et les douleurs sont des douleurs de fracture.
Il n'y a
pas un mais des tassements
Il existe différents types de tassements, du plus petit au plus grave (Fig. 12).
Un petit tassement, comme par exemple un léger enfoncement localisé du plateau
de la vertèbre, n'a pas d'influence sur la statique vertébrale. Lorsque le
tassement est plus important, il prédomine sur la partie la plus fragile de la
vertèbre, sa partie avant. Il est dit "cunéiforme", par analogie avec l'écriture
des assyriens, ce qui signifie que le corps vertébral prend un aspect
triangulaire à pointe antérieure. Il s'ensuit l'apparition d'une voussure du
dos, qui ne peut que s'accentuer avec l'apparition de nouveaux tassements et
majorer les douleurs.
Toutes
les femmes ne sont pas égales face au risque de tassement
Il y a de grandes disparités d'une femme à l'autre. Il y a d'abord la densité
osseuse de départ, celle qui s'est constituée lors de la croissance. Elle est
sous la dépendance de facteurs génétiques.
Ainsi, les femmes noires ont-elles des os plus denses que les blanches, et ne
développent pratiquement pas d'ostéoporose. Dans la race blanche, il y a aussi
une grande variabilité d'une femme à l'autre. On ne sait pas avec certitude si
les facteurs alimentaires interviennent aussi, mais c'est très probable. L'on ne
peut donc que conseiller un apport calcique suffisant (produits laitiers surtout)
pendant la croissance et chez l'adulte jeune. D'une façon générale, les femmes
ayant une faible masse osseuse une fois leur période de croissance terminée ont
un risque ostéoporotique plus élevé. Au contraire, celles dont la masse osseuse
de départ est élevée n'ont quasiment aucun risque.
Il y a ensuite
l'âge de la ménopause. Une ménopause précoce augmente considérablement le risque
d'ostéoporose. Il en est de même d'une ablation chirurgicale des ovaires faite
avant cinquante ans.
D'autres facteurs agissent à un moindre degré. Le risque ostéoporotique est
moindre chez les femmes en surpoids ou obèses (car le tissu graisseux
transforment certaines hormones sécrétées par la surrénale en estrogènes, et la
carence est alors moins absolue). De même chez les femmes qui pratiquent une
activité sportive (qui, elle aussi, augmente la masse osseuse). Inversement,
l'absence de tout exercice physique, une alimentation pauvre en calcium, l'abus
d'alcool et de tabac ont des effets défavorables.
Comment
fait-on le diagnostic d'ostéoporose ?
Jusqu'à il y a
une dizaine d'année, le diagnostic ne pouvait être fait que tardivement, lorsque
apparaissait le premier tassement. En effet, il faut bien comprendre que
l'ostéoporose est un phénomène parfaitement indolore en dehors des tassements.
Aucun symptôme, aucun signe : rien. Certes, les radiographies lombaires
mentionnent parfois une "déminéralisation", mais sans grande fiabilité car selon
la caractéristique physique des rayons X utilisés, une vertèbre peut avoir l'air
dense ou transparente. D'autre part, il faut une perte osseuse d'au moins 30%
pour qu'apparaissent des signes radiologiques nets. Autant dire que la radio
n'est absolument pas fiable pour diagnostiquer une ostéoporose.
Les choses ont changé avec l'apparition d'appareils de densitométrie qui
mesurent de façon fiable la densité osseuse vertébrale (et aussi fémorale), et
la rapportent à l'âge. Ceci permet de déterminer son caractère normal ou pas et
surtout de la situer par rapport au risque fracturaire, valeur en deçà de
laquelle le risque de tassement augmente. Cette notion de "risque fracturaire"
est cependant parfois mal comprise des patientes. Elle ne signifie en aucun cas
que la colonne va se briser au premier choc venu si vous êtes dans la zone de
risque. Il y a simplement un risque un peu plus élevé de tassement que pour une
colonne normale.
Cet examen devrait, idéalement, être pratiqué dès la période de préménopause. A
cet âge, la masse osseuse est à peu de choses près ce qu'elle était en fin de
croissance, à l'âge de vingt ans. Si la densité osseuse est déjà basse, il vaut
mieux envisager un traitement préventif, car les choses ne vont pas aller en
s'améliorant. Au contraire, si tout est dans les limites de la normale, il y a
simplement lieu de le refaire dans un délai de deux à trois ans et de comparer
les deux examens. Le coût de cet examen varie de 400 à 700 francs environ. Il
n'est pas remboursé par la sécurité sociale.
2. - Quels traitements pour l'ostéoporose ?
Un des progrès de
ces dernières années est qu'il est maintenant possible de prévenir de façon
assez efficace l'ostéoporose post-ménopausique, voire de la traiter.
Les
traitements préventifs
Parmi les
traitements qui permettent d'éviter (ou de minorer) le risque d'ostéoporose,
certaines mesure hygiéno-diététiques sont importantes à connaître et à
pratiquer.
L'exercice physique
L'exercice physique sollicite évidement les muscles. Ceux qui prennent insertion
sur les vertèbres, vont, par leurs contractions et les tiraillements qu'elles
entraînent, stimuler la formation d'os. Ce qui est bon pour vos muscles est donc
bon pour vos vertèbres. Toutes les formes d'exercice physique sont recommandées
: marche à pied, jogging, musculation, vélo, natation, tennis, golf... Deux à
trois heures par semaine sont nécessaires. De plus, l'exercice est bon pour le
dos en général.
En revanche, l'abus (mais l'abus extrême seulement) est nocif. On sait en effet
que chez les coureuses de fond s'entraînant de façon intensive (plus de 40
kilomètres par semaine, voilà qui laisse de la marge pour le plus grand nombre)
et chez certaines sportives de haut niveau, il apparaît une déminéralisation
vertébrale. Elle s'associe à une aménorrhée (absence de règles) qui traduit une
carence hormonale grave.
Mesures
diététiques
Le calcium est un des constituants essentiels de l'os. Il est fourni par
l'alimentation. On conseille 1,2 gramme par jour chez l'adulte, un peu moins
chez le vieillard (0,8 gramme par jour). Une nourriture normale nous apporte en
moyenne 0,5 gramme. Le reste doit être apporté par les produits laitiers. Les
fromages à pâte dure et cuite (gruyère, emmenthal, etc...) représentent la
meilleure source possible : ils contiennent près de 1 gramme de calcium pour 100
grammes, soit sept fois plus que le lait !
La cigarette, comme l'alcool sont sources de déminéralisation s'ils sont
consommés en excès. Mieux vaut donc renoncer au tabac.
Médicaments
1- Les
estrogènes
Les estrogènes paraissent être la solution la plus logique pour freiner la perte
osseuse liée à la ménopause. Outre leur action bénéfique sur la peau (ils
maintiennent une certaine élasticité cutanée), sur les muqueuses (prévention de
la sécheresse vaginale) et sur les maladies cardio-vasculaires, ils normalisent
la résorption osseuse chez près de 90% des femmes. Ce traitement doit être mis
en oeuvre le plus tôt possible, dès le début de la ménopause, lorsque la perte
osseuse est la plus rapide, car il ne fait que la freiner sans reconstituer le
capital osseux. Il doit être poursuivi pendant au moins cinq ans, mais certains
recommandent dix ans. En effet, une fois arrété, la perte osseuse reprend : il
s'agit donc d'un traitement purement suspensif.
En revanche, les estrogènes sont sans action sur les douleurs vertébrales
elles-mêmes. Ils ne modifient pas non plus de façon sensible la souplesse
vertébrale.
Malheureusement,
ils ont des effets secondaires qui limitent leur emploi : augmentation minime
mais significative du risque de cancer du sein et de l'endomètre, tension des
seins, et autres manifestations plus mineures (nausées, maux de tête, jambes
lourdes, irritabilité, etc...) mais bien désagréables tout de même. Un bilan
gynécologique est donc indispensable avant traitement, pour dépister l'une ou
l'autre des contre-indications formelles ou relatives puis, en cours de
traitement, pour en surveiller les conséquences. De plus, certaines femmes
hésitent à suivre un traitement hormonal prolongé pour un état, la ménopause,
qui n'a rien d'une maladie. Le médecin doit évidement respecter ce choix..
2-
Supplémentation en calcium
Si l'apport alimentaire n'est pas suffisant, une supplémentation peut être
nécessaire. Il semble que le calcium, en tant que médicament préventif de
l'ostéoporose, ne soit efficace qu'au moins cinq ans après la ménopause.
3-
Vitamine D
L'absorption digestive du calcium ne peut se faire qu'en présence de vitamine D.
Celle-ci pourrait aussi avoir une action directe sur le métabolisme osseux. La
vitamine D est fournie par l'alimentation et par l'exposition au soleil.
Les produits laitiers en sont une source majeure, les poissons aussi. Ces
derniers, vivant dans un milieu naturellement pauvre en calcium (la mer), en
stockent de grosses quantités pour ne rien perdre du peu de calcium qui les
entoure et dont ils ont besoin vital. C'est cette vitamine D que nous retrouvons
dans notre assiette (Attention au mode de cuisson toutefois, la friture en
neutralise deux fois plus que la cuisson pochée ou au micro-ondes...). En
Europe, il semble que nos apports quotidiens soient insuffisants.
L'exposition au
soleil est notre deuxième façon de nous fournir en vitamine D. Il faut d'abord
un ensoleillement suffisant (en gros, de mars à septembre. Au delà, il fait trop
sombre). Il faut aussi des capacités de synthèse sufisantes, ce qui n'est plus
le cas chez les personnes agées. Ces dernières sortant peu de chez elles, on
comprend qu'elles soient particulièrement menacées de carences (donc de
fragilité osseuse, avec en particulier le risque de fracture du col du fémur).
L'association calcium - vitamine D est donc recommandée en particulier chez les
vieillards, chez qui elle se montre capable de réduire l'incidence des fractures
du col du fémur.
Les
traitements curatifs
Si l'ostéoporose
est installée, il faut la traiter. Il existe des médicaments qui augmentent la
masse osseuse, en particulier au niveau des vertèbres. Ce sont les médicaments à
base de fluor et les diphosphonates. Ils ne doivent être prescrits que lorsque
existe un tassement vertébral.
Les
médicaments à base de fluor
Ce sont les plus anciennement utilisés. il augmentent la densité osseuse
d'environ 5% par an, mais plusieurs inconvénients limitent leur emploi. Il y a
d'abord environ 30% de non répondeurs au traitement. Le traitement n'est pas
toujours bien supporté (douleurs articulaires). Surtout, il est possible que
dans certains cas, l'os reconstitué ne soit pas aussi solide qu'il le devrait,
et que le risque de tassement persiste toujours. Des études sont en cours, dont
les résultats ne peuvent être connus que dans quelques années, car la durée du
traitement est en moyenne de deux à trois ans, et les effets à long terme ne
peuvent être connus que quelques années après le traitement.
Les
biphosphonates
D'apparition plus récente dans le traitement de l'ostéoporose, les
biphosphonates inhibent la résorption osseuse. Ils sont mieux tolérés que le
fluor. Le traitement consiste à prendre quinze jours de biphosphonates et deux
mois et demi de calcium. Eux aussi apporte un gain de densité osseuse (peut-être
moins marqué qu'avec le fluor). Leur effet à long terme semble bon, mais ici
aussi, l'on en saura plus dans quelques années.
Malheureusement,
ces traitements prolongés ne sont pas toujours bien suivis, voire abandonnés en
cours de route.
3. - Arthrose, arthralgies et ménopause
L'ostéoporose
n'est pas le seul problème vertébral de la ménopause. L'arthrose subit souvent
un petit "coup de pouce".
L'arthrose
L'arthrose est
définie par des lésions des cartilages articulaires s'accompagnant
secondairement d'une densification de l'os contigu. Cette densification osseuse
qui accompagne l'arthrose en fait en quelque sorte le contraire de l'ostéoporose.
Cette opposition relative entre les deux affections se retrouve dans le fait que
les femmes qui ont beaucoup d'arthrose font peu d'ostéoporose, et vice-versa. On
retrouve ce contraste si l'on considère le rôle de l'obésité. Elle protège de
l'ostéoporose, mais en contre-partie, elle favorise l'arthrose, en particulier
aux genoux. La première ne valant guère mieux que la seconde, mieux vaut si
possible conserver un poids normal.
L'arthrose touche aussi d'autres articulations, avec une préférence très marquée
pour les hanches, la colonne et, chez la femme, les doigts. Le cartilage qui
recouvre ces articulations n'est plus lisse mais irrégulier voire perforé en
certains endroits. Ce frottement se manifeste par des douleurs mécaniques
d'appui lorsque l'articulation est utilisée, ou par des poussées inflammatoires
avec gonflement, rougeur et chaleur. L'arthrose est plus fréquente chez la
femme. Elle touche souvent plusieurs articulations à la fois et les touche plus
sévèrement que chez l'homme. Il est possible, comme le montrent certaines
études, que le cartilage féminin soit plus fragile que le cartilage masculin.
Les
arthralgies
Les arthralgies
désignent des douleurs articulaires sans signe radiologique d'arthrose. Comme ce
sont les mêmes articulations qui sont touchées, il est très possible qu'elles
soient la première manifestation d'une arthrose débutante, encore invisible à la
radio.
Une des découvertes récentes de ces dernières années est la mise en évidence de
rapports entre ménopause et arthrose. Il se pourrait que la ménopause, et plus
encore l'hyper-estrogénie préménopausique lui donne un véritable coup
d'accélérateur. Les mécanismes en causes sont mal connus, faisant intervenir la
sensibilité combinée de l'os et du cartilage aux estrogènes.
Nous voilà loin de la colonne, car ces travaux s'appliquent essentiellement à
l'arthrose des doigts, qui est, il est vrai, plus facile à étudier, à
radiographier et à mesurer que l'arthrose vertébrale. Mais rien n'interdit de
penser que la ménopause pourrait parfois agir de la même façon sur les
articulations de votre dos.
Les
douleurs de dos
Il ne semble pas
que le traitement substitutif de la ménopause améliore beaucoup les douleurs
lombaires communes. En revanche, il est possible que ce traitement ne soit pas
dépourvu d'efficacité dans certains cas bien ciblés.
Une étude toute récente en témoigne. Elle nous vient de Finlande, ou un
traitement substitutif a été prescrit à un groupe de femmes en préménopause (age
moyen : 44 ans) qui souffraient par ailleurs de douleurs lombaires. Un groupe
similaire recevait un placebo (c'est à dire un médicament de même apparence,
mais sans action chimique. Ni les patientes, ni les médecins qui les examinaient
n'étaient bien sûr avertis du type de traitement. c'est ce que l'on nomme une
étude en double aveugle). La durée du traitement fut de un an. Il apparaît que
les femmes qui recevaient le traitement avaient moins de douleurs et de gène
fonctionnelle que le groupe placebo.
Ces études vont
se multiplier, et nous en saurons beaucoup plus dans les cinq à dix ans à venir,
sur qui traiter, comment et combien de temps.
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X
Dos et âge mûr : quelles douleurs ?
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Si la ménopause
marque la survenue d'un risque ostéoporotique chez certaines femmes,
l'ostéoporose elle-même ne deviendra éventuellement douloureuse qu'avec
l'apparition de tassements vertébraux. Ils ne surviennent qu'au moins quinze ans
plus tard, comme nous venons de le voir au chapitre précédant. En revanche,
l'arthrose débute beaucoup plus tôt dans la vie (vers 30 - 40 ans) et atteint un
développement moyen ou important dès la cinquantaine. Le plus souvent, il ne
s'agit que d'un simple changement de forme des disques (qui se pincent), des
vertèbres (qui se densifient, le contraire, donc, de l'ostéoporose, et qui
s'entourent d'une collerette ostéophytique), et des articulations postérieures
qui augmentent de volume. Mais elle est parfois à l'origine de douleurs
vertébrales qui diffèrent des douleurs de la femme plus jeune. Les lésions
responsables sont souvent plus facilement détectables, par la radio ou le
scanner. De plus, à partir de cinquante ans, le facteur psychologique (stress en
particulier) joue un rôle moindre. L'âge de cinquante ans n'est évidement pas,
ici, une barrière absolue mais une date commode pour séparer les affections
dorsales de la femme jeune de celles de la femme plus agée. C'est tout celà que
nous allons maintenant envisager.
1. - Les douleurs arthrosiques lombaires
Nous savons
maintenant que les douleurs lombaires de la femme jeune sont surtout dues à
l'apparition de fissures de l'anneau du disque, à une perte de l'élasticité du
noyau ou encore à de petits blocages intervertébraux. L'âge venant, l'arthrose
vient aussi. Cette arthrose va toucher soit le disque, soit les articulations
postérieures, en particulier au niveau des dernières vertèbres lombaires. Les
causes changent, mais la fréquence des douleurs lombaire reste cependant la
même.
Qu'est-ce
que l'arthrose ?
L'arthrose marque
avant tout le vieillissement d'une articulation, qu'il s'agisse d'une hanche,
d'un disque intervertébral ou d'une articulation vertébrale postérieure. Ce
vieillissement recouvre une grande variété d'états selon qu'il soit prononcé ou
non. Une deuxième notion, capitale : l'arthrose de la colonne est loin d'être
toujours douloureuse. La majorité des arthroses vertébrales ne donnent aucun
symptôme, aucune douleur. D'autres font mal pendant quelques semaines, quelques
mois voire quelques années pour les plus "méchantes" d'entre elles puis
s'apaisent et se taisent, souvent définitivement. Celles qui deviennent de plus
en plus douloureuses et handicapantes, au point qu'une opération s'avère
indispensable pour supprimer la cause de la douleur sont réellement l'exception.
L'arthrose
vertébrale se différentie donc nettement de l'arthrose de hanche par exemple,
qui, presque toujours, devient gênante et, souvent, nécessite la mise en place
d'une prothèse totale pour remplacer l'articulation détruite. Celle du genou est
aussi handicapante. L'arthrose des doigts ne s'opère pas, mais s'enflamme par
poussées très douloureuses. Si le diable vous proposait, comme à Faust, en
échange de quelques biens terrestres, de vous prendre, non pas votre âme, mais
une articulation pour la rendre arthrosique, n'hésitez pas : confiez lui votre
colonne. De toutes les arthroses possibles, c'est encore celle qui fait le moins
souvent souffrir.
En quoi
consiste l'arthrose de la colonne ?
Comme nous venons
de le voir, l'arthrose est synonyme de vieillissement. En fait, ce mot n'est pas
tout à fait exact, car une articulation peut vieillir sans devenir arthrosique.
L'arthrose est un vieillissement pathologique, anormal, trop étendu de
l'articulation concernée (Fig. 13).
Arthrose
des disques intervertébraux
L'arthrose discale se caractérise par un pincement, donc un rapprochement des
deux vertèbres adjacentes, par l'apparition d'une petite collerette osseuse à la
base des corps vertébraux qui, vue de profil sur une radio, prend l'aspect d'un
bec de perroquet (le nom médical est "ostéophyte") et par une densification de
l'os vertébral de part et d'autre du disque. Toutes ces manifestations sont
liées à la déshydratation du noyau discal qui perd de son épaisseur et de sa
souplesse, ce qui explique à la fois le pincement et la densification osseuse.
Ce phénomène se produit normalement en l'espace de deux ou trois décennies. Le
pincement discal s'accompagne d'un bombement circonférentiel du disque, en
particulier en arrière, qui peut, par un phénomène de compression, être
responsable de sciatiques.
Lorsque le pincement est très accentué, les deux vertèbres viennent à se toucher
et les ostéophytes, qui ont eu tout le temps de se développer, en font de même.
Il en résulte une véritable soudure des deux vertèbres concernées. Là où les
petits mouvements intervertébraux faisaient mal, il n'y a plus de mouvement. Là
où des poussées inflammatoires survenaient, il n'y a plus d'inflammation. Plus
de douleur. Voilà pourquoi les gens agés souffrent moins de leur dos que les
gens plus jeunes : leurs vertèbres sont moins mobiles et ils demandent moins à
leur colonne.
Mais il arrive que le pincement se produise en quelques années, voire plus
rapidement. Cette dégradation rapide est souvent source de douleurs importantes
et parfois d'une relative instabilité entre les deux vertèbres.
Arthrose
des articulations postérieures
L'arthrose de ces petites articulations se caractérise par les mêmes éléments
que l'arthrose discale : pincement de l'articulation lié à la disparition
progressive du cartilage et apparition d'ostéophytes, densification de l'os. Il
s'y ajoute un élément très important qui est l'augmentation de volume de ces
articulations. Cette hypertrophie peut se faire aux dépends des parties de la
colonne où passent les nerfs (canal vertébral, trou de conjugaison
intervertébral). Il y a alors risque de compression.
A quoi
ressemble une douleur arthrosique ?
Il faut le
répéter encore : l'arthrose vertébrale est le plus souvent indolore, simple
témoin du vieillissement de la colonne. Mais il est évidemment des cas où elle
le devient. Les douleurs arthrosiques sont globalement de deux types, les unes
mécanique, soulagées par le repos et liées aux frottements entre deux vertèbres
(l'amortisseur n'amortit plus), les autres inflammatoires (l'inflammation étant
une réaction déclenchée par l'organisme qui peut s'amplifier de façon anormale).
Il faut ajouter les douleurs liées à la compression d'un ou plusieurs nerfs par
l'arthrose (voir paragraphes suivants).
Les douleurs liées aux frottements sont accentuées lors de certains mouvement
brusques, et enraidissent la colonne. Il n'y a que le repos qui les soulage.
Elles ne sont en fait pas très caractéristiques et ressemblent à la plupart des
autres douleurs vertébrales.
Ce n'est pas le ces des douleurs liées à une poussée inflammatoire d'arthrose
dans les disques. La douleur augmente la nuit, gène le sommeil, réapparaît dès
que l'on tente de changer de position. Les anti-inflammatoires peuvent parfois
en venir à bout, mais il peut être nécessaire de traiter avec des infiltrations,
qui sont beaucoup plus efficaces.
Enfin, l'arthrose du disque ou des articulations postérieures peut, sans être
douloureuse par elle-même, favoriser la survenue de petits blocages
inter-vertébraux douloureux en raison de la fragilisation qu'elle apporte au
segment mobile.
Traitement
Il faut d'abord tenter de localiser d'où vient la douleur (de quel étage de la
colonne, et de quelle structure?). L'arthrose lombaire en poussée inflammatoire
se traite soit par les anti-inflammatoires, soit par une ou plusieurs
infiltrations de la zone atteinte. Le port d'une ceinture de maintient, voire
d'un corset dans les cas plus aigus, peut être recommandé. Dans un second temps,
au décours de la phase aiguë, les manipulations vertébrales peuvent se montrer
efficaces.
Lorsqu'il s'agit d'un simple blocage inter-vertébral, les manipulations
représentent le traitement de choix par leur action quasi-immédiate.
2. - Les douleurs provenant de la charnière thoraco-lombaire
Un autre type de
douleur, fréquent chez la femme après 45-50 ans, est représenté par des douleurs
irradiant à partir des dernières vertèbres thoraciques et des premières
lombaires, qui se trouvent en haut de la moitié inférieure du dos. La douleur
descend le long des nerfs qui partent de ces vertèbres pour gagner la fesse.
Elle ne descend pas plus bas dans la cuisse, ce qui veut dire qu'il ne s'agit
pas d'une sciatique. Il ne s'agit pas non plus d'une dorsalgie car l'origine de
la douleur n'est pas perçue comme telle, la région dorsale basse ou lombaire
haute étant spontanément indolore (Fig. 14).
C'est le trajet
particulier de la douleur qui attire l'attention du médecin. C'est aussi le fait
qu'il existe un point douloureux très spécial, sur la crête iliaque postérieure,
dont la pression reproduit la douleur. Ce point, appelé point de crête,
correspond au croisement de la crête iliaque par l'un des nerf qui descend le
long du dos. Enfin, la charnière thoraco-lombaire est elle-même sensible à la
palpation.
La douleur reconnaît plusieurs causes. La charnière thoraco-lombaire étant une
zone mécaniquement très sollicitée, on imagine sans peine que de petits blocages
puisse se produire à ce niveau, c'est la première cause. Il s'agit plutôt de
faux mouvements en torsion. Le golf est un grand pourvoyeur de ce type de
lombalgie, mais les activités quotidiennes suffisent amplement à déclencher une
crise si le dos est fragile.
Une deuxième cause est liée au fait que les nerfs sensitifs qui descendent vers
la fesse peuvent être comprimés lorsqu'ils croisent la crête iliaque (à
l'endroit du point de crête), d'où la douleur. La compression est dûe au fait
que l'un de ces nerfs passe à travers un orifice très fibreux avant d'émerger au
dessus de la crête iliaque et que cet orifice peut, avec l'âge, devenir plus
étroit. Bien qu'il s'agisse d'une cause rare de douleur, je l'aime tout
particulièrement car ce fut là ma première découverte dans le domaine du mal de
dos, il y a maintenant plus de dix ans. Cette découverte ne dut rien au hasard,
mais tout à un patient travail de dissection des nerfs du dos répété près de
quarante fois.
Une dernière cause de syndrome de la charnière thoraco-lombaire tient à la
complexité des circuits nerveux qui pourraient lier ces nerfs aux disques
lombo-sacrés, lieu d'origine d'une majorité de douleurs lombaires.
Traitement
Il s'agit surtout d'un traitement local, dirigé contre la source de la douleur :
infiltrations ou manipulations en constituent les principaux éléments. Lorsque
l'un des nerfs sensitifs est comprimé de façon trop forte, il est possible de le
libérer par une petite intervention chirurgicale simple et efficace.
3. - Les douleurs arthrosiques cervicales
Comme au niveau
lombaire, l'arthrose peut se développer aux étages cervicaux. Nous avons dit que
le disque C5-C6 était le premier menacé, en raison de sa forte mobilité, mais
les autres disques sont aussi régulièrement touchés par ce phénomène dégénératif,
quoique plus tardivement. Les lésions observées sont identiques aux lésions
lombaires dont nous avons donné une description suffisante plus haut.
L'arthrose cervicale peut, comme toute arthrose, s'enflammer sans raison
particulière. La crise qui en résulte est particulièrement douloureuse, comme un
torticolis. La douleur est encore plus forte la nuit et il devient difficile de
trouver le sommeil. Elle peut descendre vers l'épaule, voire dans le bras et les
doigts, en particulier si l'orifice de sortie du nerf est rétréci par des
excroissances osseuses. C'est la névralgie cervico-brachiale arthrosique.
Mais à cette période de la vie, les douleurs purement mécaniques sont également
fréquentes : petits blocages, dysfonctions de tous ordres, dont le diagnostic
repose sur une bonne analyse clinique des troubles. Comme pour la région
lombaire, les causes de douleurs cervicales changent avec l'âge, mais ici, elles
s'additionnent. Autrement dit, la fréquence des cervicalgies augmente avec les
années.
Traitement
Fort heureusement, les anti-inflammatoires (anti-inflammatoires classiques ou
cortisone) sont assez efficaces dans ce type de crise. Et si tel n'est pas le
cas, les infiltrations pourront venir à bout de la douleur. Les manipulations
vertébrales sont contre-indiquées au cours de la phase aiguë.
En revanche, en cas de douleur mécanique, les manipulations, comme au niveau
lombaire, sont un excellent traitement.
4. - La sciatique après soixante ans
L'âge moyen de
celles qui souffrent d'une sciatique est de 40 ans environ, avec un large
éventail allant de 20 ans (et parfois moins) à 80 ans (et parfois plus). Mais on
sait qu'une sciatique désigne simplement une douleur irradiant dans la jambe, le
long du nerf sciatique, sans préjuger de la cause. Nous en connaissons déjà une,
la hernie discale, cause la plus fréquente de sciatique chez la femme jeune.
Mais au fur et à mesure que l'on avance en âge, les disques se déshydratent et
leurs noyaux deviennent de moins en moins gélatineux et de plus en plus fibreux.
Au delà d'un certain stade, la gélatine est devenue si "fibreuse" qu'elle ne
peut plus sortir aussi facilement du disque. C'est un peu le principe du
dentifrice qui, trop sec, devient difficile à extirper de son tube même si l'on
presse fort dessus. C'est pourquoi les hernies du sujet agé contiennent souvent
des matières fibreuses (provenant du disque) et aussi de petits fragments
cartilagineux voire osseux (provenant de la vertèbre) qui leur donnent une
consistance moins "molles" que celles du sujet plus jeune.
Simultanément, l'arthrose apparaît avec ses becs de perroquets et l'hypertrophie
des articulations postérieures. En eux même, ces phénomènes sont indolores (il
ne s'agit que d'un peu d'os). Mais, bien placés à un endroit stratégique, ils
peuvent venir irriter ou comprimer une racine nerveuse. Celle-ci s'enflamme à
son tour, gonfle à cause de l'oedème et devient encore plus comprimée. Et voilà
la sciatique.
En d'autres
termes, la sciatique du sujet âgé est plus souvent liée à une compression dure,
d'origine osseuse, ou à une hernie de consistance très fibreuse. Ce mécanisme
lui imprime certaines particularités. La douleur débute moins brutalement, y est
moins violente mais met plus de temps à guérir. Autre particularité, elle tend à
s'aggraver à la marche, allant parfois jusqu'à la rendre difficile. Nous allons
voir pourquoi.
5. - Le canal lombaire étroit
Le canal lombaire
étroit désigne un rétrécissement du canal lombaire, c'est à dire de la partie
centrale de la colonne lombaire (Fig. 15). C'est dans ce canal que passent les
nerfs qui, issus de la moelle épinière, descendent vers les jambes après être
sortis de la colonne par les trous intervertébraux dits de conjugaison.
L'étroitesse de ce canal, qui peut survenir vers soixante ou soixante-dix ans (parfois
bien plus tôt, lorsque des facteurs congénitaux apparaissent), est liée à la
présence d'une arthrose du disque et des articulations postérieures qui s'est
développée à l'intérieur de la colonne, au lieu de pousser vers l'extérieur,
comme c'est habituellement la règle. En se développant ainsi, elle rétrécit le
diamètre du canal. Il s'ensuit alors une compression non plus d'un seul nerf,
comme dans la sciatique, mais de plusieurs nerfs en même temps.
Cependant, à elle seule, cette compression n'est en général pas assez importante
pour entraîner des douleurs dans les jambes. En effet, les patients ne souffrent
pas au repos, mais seulement à la marche. Pourquoi ? En marchant, la circulation
s'accélère et le débit sanguin augmente. Les veines qui se trouvent à
l'intérieur de la colonne étant, comme les nerfs, comprimées, elles ne peuvent
faire face à cet afflux de sang et se dilatent. Ce faisant, elles majorent
encore la compression des nerfs, en particulier les nerfs sciatiques. La douleur
apparaît.
C'est donc une douleur qui survient à la marche et qui prend souvent les deux
jambes à la fois. Elle devient même si forte qu'elle oblige la patiente à
s'arrêter, le temps de récupérer un peu (et que les veines vertébrales se
vident). Elle peut alors repartir, mais devra s'arrêter après la même distance,
et pour les mêmes raisons.
Le diagnostic est fait par le scanner, qui montre la zone de compression.
Traitement
Le traitement repose sur les injections d'anti-inflammatoire dans le canal
vertébral, la rééducation et, en cas d'échec, sur la chirurgie, dont les
résultats sont en général excellents.
6.- Le spondylolisthésis dégénératif féminin
Le
spondylolisthésis dégénératif survient essentiellement chez la femme, et en
général aux alentours de la soixantaine, parfois plus tôt, parfois plus tard.
L'hystérectomie totale avant la ménopause en augmente le risque. De quoi
s'agit-il ? Le mot spondylolisthésis vient du grec. Il signifie très précisément
"glissement d'une vertèbre". Dans le cas du spondylolisthésis féminin, la
quatrième lombaire glisse peu à peu sur la cinquième, non pas en raison d'une
faiblesse ligamentaire, mais d'une disposition particulière des articulaires
postérieures qui, sous l'effet de l'arthrose, changent d'orientation, en
pivotant légèrement. L4 tend alors à glisser vers l'avant, en général de
quelques millimètres, parfois d'un centimètre puis se stabilise définitivement
dans cette nouvelle position (Fig. 16). Ces modifications ne vont pas sans
douleurs dans le bas du dos ou dans les jambes, le glissement pouvant étirer le
nerf sciatique et léser le disque intervertébral.
Traitement
Le médecin utilise les infiltrations et les médicaments anti-inflammatoires. Il
est évidement essentiel de déterminer l'origine réelle de la douleur (disque,
articulations postérieures, nerf sciatique, voire autre cause) pour savoir où
porter le traitement. En cas d'échec et chez les patientes très gênées, une
intervention est possible pour stabiliser le glissement.
7.- Les tassements vertébraux de l'ostéoporose
Si l'ostéoporose
débute à la ménopause, il faut au moins dix ans pour que l'os vertébral devienne
assez fragile pour être à même de se fracturer. C'est cette fracture que l'on
nomme tassement. C'est souvent à l'occasion d'un effort de soulèvement, ou d'une
torsion que cela arrive. Mais si la vertèbre est trop affaiblie, le tassement
peut survenir de façon spontanée à l'occasion d'un geste minime. Quel que soit
le mécanisme en cause, le résultat est identique : une douleur affreuse, en coup
de poignard dans le dos qui interdit tout mouvement. Respirer à fond augmente
les douleurs, tousser encore plus. Il faut alors, au tout début, rester allongée
et ne bouger qu'avec parcimonie. Le soulagement venant peu à peu, il devient
possible de marcher, de s'asseoir avec précautions. La douleur met trois à cinq
semaines à disparaître, parfois plus, car il s'agit en fait d'une fracture qui
doit trouver le temps de consolider.
Seule une radio peut permettre le diagnostic en montrant le tassement lui-même.
Traitement
La calcitonine, une hormone qui agit sur le métabolisme calcique, est souvent
utilisée. Elle pourrait être susceptible de hâter légèrement le délai de
consolidation. La douleur peut seulement être atténuée par des traitements
antalgiques en comprimés ou en piquûes. Le repos est évidement de rigueur les
deux à trois premières semaines.
8.- La scoliose, maladie féminine par excellence
Bien que la
scoliose ait été popularisée sous des traits masculins (que l'on songe à
Quasimodo, dans Notre-Dame de Paris, ou au "Bossu" de Paul Féval), il s'agit
avant tout d'une maladie de la femme, huit fois sur dix au moins. La colonne ne
se déforme pas seulement en "S" comme on le pense trop souvent, mais d'une façon
plus complexe dans les trois plans de l'espace, en pas de vis. Il y a donc une
légère rotation de chaque vertèbre par rapport à sa voisine, ce qui différentie
la scoliose vraie, structurale, de la simple attitude scoliotique liée, par
exemple, à une bascule du bassin (jambe plus courte que l'autre) ou à une
attitude antalgique et qui est beaucoup plus fréquente. Dans ce cas, il n'y a
pas de rotation des vertèbres les unes par rapport aux autres. La scoliose,
lorsqu'elle est importante et qu'elle concerne la colonne dorsale, se traduit
par l'apparition d'une gibbosité (ou bosse) qui reflète cette rotation
vertébrale.
De même que nous
ne connaissons pas les raisons de son écrasante prédominance féminine, les
causes de la scoliose restent bien mystérieuses. Certaines sont secondaires à
une paralysie des muscles du dos, mais la plupart sont primitives. Les
hypothèses les plus solides font intervenir des anomalies de fonctionnement des
centres du contrôle postural situés dans le cerveau, qui priveraient la colonne
d'informations nécessaires à sa croissance régulière en hauteur. Ces centres
seraient sous la dépendance de la glande pinéale, là où Descartes situait l'âme
humaine.
La scoliose
apparaît durant la petite enfance et s'aggrave lors de la poussée de croissance
qui accompagne la puberté. Passé le cap de l'adolescence, elle n'évolue
pratiquement plus. Telle qu'elle est, elle demeure. Elle est en général
découverte assez tôt, par la mère ou le médecin scolaire mais les formes légères
sont pratiquement invisibles, même à l'oeil exercé et passent longtemps
inaperçues. Il est vrai qu'une scoliose minime n'entraîne aucun symptôme. Mais
après la ménopause, une aggravation peut survenir, progressive au cours des ans.
Faut-il incriminer un certain relâchement des tissus de soutient ? Toujours
est-il qu'une scoliose parfaitement tolérée et indolore peut devenir, vers
cinquante ou soixante ans, une source de douleurs difficiles à traiter.
C'est ainsi que dix à quinze ans plus tard, une scoliose qui était bien
supportée peut s'être aggravée et devenir douloureuse, à la fois en raison de
l'arthrose qu'elle entraîne dans les zones où la courbure est la plus forte et
des tensions qu'elle impose aux muscles et aux ligaments vertébraux.
Traitement
Le traitement n'est pas toujours facile, loin s'en faut et dans certains cas
grave, il peut être nécessaire de recourir à la chirurgie. Fort heureusement, la
plupart des patientes peuvent être traitées par des mesures simples
(médicaments, infiltrations, port d'un petit corset).
9.- Les douleurs du coccyx
Si vous allez
voir votre médecin en lui disant que vous avez mal au coccyx, il va sans doute
faire la grimace. Les médecins n'aiment pas le coccyx. La (mauvaise) réputation
de ce petit segment osseux est inversement proportionnelle à sa taille et à son
utilité. Situé entre la pointe inférieure du sacrum et l'anus, le coccyx est
constitué de deux à trois petits os peu mobiles. Seule la station assise
parvient à le faire bouger de façon significative, en le repoussant vers
l'arrière ou vers l'avant. C'est pourquoi celles qui souffrent du coccyx (ce
sont très majoritairement des femmes) n'ont mal qu'en station assise.
Je me suis particulièrement intéressé à cette affection à laquelle on ne
comprenait pas grand chose il y a quelques années et j'ai eu l'idée de faire des
radios en position assise, justement la position où les patientes ont mal, et de
les comparer aux radios habituelles, prises debout. J'ai pu ainsi constater que
cette douleur mystérieuse était en fait souvent due à un déboîtement du coccyx
(luxation) ou à une trop forte flexion de ce dernier, qui ne se produisait qu'en
s'asseyant et qui disparaissait lorsque l'on se levait (Fig. 17). Ces anomalies
qui traduisent une instabilité du coccyx, sont souvent liées à un traumatisme
local, une chute sur les fesses en particulier ais elles peuvent survenir
spontanément.
Cette idée, simple comme l'oeuf de Colomb, a débouché sur des traitements plus
adaptés et plus efficaces que les simples anti-inflammatoires, reposant sur des
injections locales, des manipulations ou l'ablation de la partie malade.
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XII
Les circuits médicaux et paramédicaux du mal de dos
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Qui consulter
lorsque l'on souffre du dos ? Voici en apparence, mais en apparence seulement,
une question simple. Si vous avez des douleurs dans le ventre, vous verrez votre
généraliste et, le cas échéant, un gastro-entérologue. Si votre tension
artérielle est trop élevée, l’avis du cardiologue sera précieux. Tout le monde
connait le champ d’action de l’ophtalmologiste ou du pédiatre. Et l’activité du
pneumologue n’est un secret pour personne.
1. - Plus de spécialistes que de vertèbres
Mais qui
consulter pour le mal de dos ? Quel est donc le nom du médecin spécialisé dans
ce domaine ? Le généraliste ? A moins qu'il ne faille voir d’emblée un
rhumatologue ? Et pourquoi pas cet excellent ostéopathe dont l’un de vos amis
vous a dit tant de bien ? Il est vrai que, dans ce cas, ni les avis ni les
conseils ne manquent. Chacun a son spécialiste qui fait des miracles, sa bonne
adresse à vous conseiller, son commentaire, une expérience personnelle. Imaginez
un diner en ville, huit convives. Lancez la conversation sur le sujet, vous y
serez encore à minuit. Pourquoi pas un kinésithérapeute ou un médecin de
médecine physique ? Un vertébrothérapeute ? Un acupuncteur ? Un étiopathe même ?
Mais qu'est-ce que c'est ? Que peut faire le chiropracteur ? Est-ce que par
hasard, un rebouteux... Sans parler de l’orthopédiste, de l’ostéothérapeute, du
rééducateur fonctionnel ou du spécialiste en thérapie manuelle voire du
mystérieux fasciathérapeute, dont l’activité est aussi difficile à cerner que
les connaissances. Une de mes patientes avait même été orientée sur un "dentiste
énergétique" par son ostéopathe non médecin, qui, disait-elle comme pour me
rassurer, "ne fait que du structurel" (sic)... Et cette liste est probablement
incomplète : ils sont nombreux ceux qui s’intéressent à votre dos. Il est donc
temps de s’intéresser à eux. Disons d’emblée, pour simplifier, qu’ils se
répartissent en deux catégories : les uns sont médecins, les autres pas. Et
parmi ces “autres”, certains exercent une activité sérieuse et reconnue,
d’autres une activité moins sérieuse, voire franchement fantaisiste (à vos
dépends) et non reconnue. Il faut donc être vigilante, et surtout bien informée.
Nous voilà donc dans le vif de notre sujet.
Poser un
diagnostic nécessite des connaissances médicales. Déterminer un plan de
traitement impose de maîtriser l'ensemble des thérapeutiques du mal de dos et de
pouvoir choisir, pour un patient déterminé, celui qui sera le mieux adapté à son
cas. On comprend que seul un médecin réponde à cette double condition. Chaque
année d'étude d'un médecin nécessite un rythme soutenu d'apprentissage et un
niveau élevé de savoir. Les sept années d'études au minimum (et souvent dix)
sont donc une garantie sérieuse. Mais lequel choisir ? Généraliste ou
spécialiste ?
2. - Les médecins généralistes
L’enseignement de
la pathologie vertébrale (c’est à dire des maladies de la colonne) tel qu’il est
mené au cours des études médicales peut suffire à faire face aux cas simples.
Confiez vous d'autant plus volontiers à votre médecin habituel (On dit aussi
médecin traitant, ce qui laisse supposer que les autres ne traitent pas...) que
vous le connaissez et qu'il vous connaît. Il saura vous conseiller, vous soigner
et, le cas échéant, vous orienter sur l'un de ses confrères.
3. - Les rhumatologues
La rhumatologie
est la spécialité dévolue aux affections des os et des articulations, ce qui
inclue bien évidemment la colonne vertébrale, formée de 27 os et de 120
articulations. Aux sept années de médecine, le rhumatologue a ajouté trois
années supplémentaires pour se perfectionner dans ce domaine. Les rhumatologues
sont donc les spécialistes du mal de dos. Cependant, au cours de leurs études,
ils n'apprennent malheureusement pas les manipulations vertébrales, qui
constituent l'un des traitements les plus utiles des problèmes vertébraux. Il
existe heureusement des formations complémentaires qui permettent d'acquérir, en
un ou deux ans, les gestes usuels de palpation des tissus et les techniques
manipulatives de base (voir ci-dessous). Leur formation est alors parfaite. Vous
pouvez les consulter directement ou passer par votre généraliste qui pourra vous
rédiger une lettre d'introduction.
Notons que dans les pays Anglo-Saxons, en particulier en Amérique du nord, les
rhumatologues ne s'occupent pas des douleurs vertébrales, mais seulement des
maladies rhumatismales comme la polyarthrite par exemple. Ce qui ne laisse aux
patients potentiels que le choix entre le chiropractor et le chirurgien... Point
de salut entre les deux ! Pour combler ce vide se développe actuellement dans
ces pays un fort courant de "Médecine Orthopédique", spécialité nouvelle qui
traite de la pathologie articulaire et vertébrale dite dégénérative (le mal de
dos, donc) et qui se place justement en intermédiaire et en décideur entre les
deux spécialités sus-nommées. L'ordre des médecins refuse actuellement cette
dénomination en France, de crainte que les patients ne la confondent avec la
chirurgie orthopédique.
4. - Les spécialistes en rééducation fonctionnelle
Eux aussi ont
suivi une spécialisation de trois années après leurs études de médecine. Mais si
chacun sait ce que fait un rhumatologue, il n'en est sûrement pas de même pour
un rééducateur fonctionnel.
En fait, il en existe deux sortes. Les uns s'intéressent à la rééducation au
sens strict du terme. Ils s'attachent à faire remarcher les accidentés de la
route, à redonner une autonomie à ceux qui sont plus gravement paralysés, à
réinsérer ceux qui peuvent l'être. C'est la rééducation neurologique, qui
s'exerce le plus souvent en milieu hospitalier ou au sein de centres privés
remarquablement équipés. Son but ultime est de restaurer une fonction
défaillante, d'où le terme de rééducation fonctionnelle ou réhabilitation. Elle
n'a rien à voir avec les douleurs vertébrales.
D'autres médecins rééducateurs ont suivi une voie différente, celle de la
rééducation rhumatologique. Ils s'intéressent à la pathologie vertébrale et,
bien souvent, à la traumatologie du sport (entorses, luxations, petites
fractures, tendinites diverses...). Le mal de dos est donc aussi leur domaine,
comme il est de celui des rhumatologues. Du reste, tenant compte de cette
dualité, le nom de cette spécialité est récemment devenu "Médecine Physique et
Réadaptation" pour se mettre en harmonie avec nos partenaires européens.
5. - Les médecins "ostéopathes"
Il existe en
France des médecins se disant "ostéopathes" ou qui pratiquent, sans en
revendiquer le nom, des techniques de soins "ostéopathiques". Pour ceux qui le
souhaitent, une compétence en "Médecine Manuelle - Ostéopathie" vient récemment
d'être approuvée par l'Ordre des médecins. Mais qu'est ce que l'ostéopathie ? De
quoi s'agit-il ?
Histoire
de l'ostéopathie
L'ostéopathie est
née aux Etats-Unis. Elle fut fondée en 1874 par un médecin, le docteur Andrew
Still, qui était également pasteur dans le Middle West. Ainsi, contrairement à
la chiropraxie, qui était très matérialiste (certains écrits communistes des
années 30 sur l'être humain ("l'homme machine") présentent des analogies avec
les théories chiropractiques anciennes), l'ostéopathie (laissons parler A.
Still) "est basée sur la perfection de l'oeuvre de la nature, donc de Dieu.
Quand toutes les parties du corps humain sont en ordre, nous avons la santé.
Quand elles ne le sont pas, c'est la maladie. Le fait de les réajuster fait
disparaître la maladie et redonne la santé. Le travail de l'ostéopathe est de
rétablir une situation normale dans l'organisme à partir d'une situation
anormale. Il en résultera la santé". Et d'ajouter "Le Dieu de la nature a
sûrement placé le remède dans la maison où l'esprit demeure... Le pouvoir de
guérison de l'homme dépend avant tout de ses connaissances des bonnes positions
et de son habileté à ajuster les os, muscles et ligaments et à libérer les nerfs,
le sang, les sécrétions et excrétions. Il ne va pas au delà". Tout ceci à une
époque où les connaissances concernant les maladies étaient bien modestes. On
venait à peine de découvrir les microbes, la radiologie n'existait pas,
l'asepsie balbutiait. Alors pourquoi pas l'ostéopathie ? Still ouvrit une école
dans le Missouri et forma des disciples. La base des traitements consistait en
manipulations vertébrales, mais le champ d'action de la méthode dépassait, de
loin, celui des simples douleurs vertébrales. Comme plus tard les chiropractors,
les ostéopathes traitaient tout, car "La perturbation d'une des structures de
l'appareil locomoteur (os, articulations, ligaments, tendons) peut modifier
l'apport nerveux et surtout sanguin aux viscères. La règle de l'artère est
absolue". Tout, c'est à dire les oreillons comme le diabète, la tuberculose
comme la dysentérie.
Les
ostéopathes américains deviennent médecins
L'évolution de
l'ostéopathie fut lente. Après la seconde guerre mondiale, les autorités
américaines instituèrent une équivalence de fait entre les diplômes de docteur
en ostéopathie (DO) et docteur en médecine (Medical Doctor ou MD) car les études
des premiers étaient devenues pratiquement similaires aux études de médecine. De
ce fait, et devant l'attrait de la médecine, la plupart des DO préféraient
exercer cette dernière (ils avaient accès aux mêmes spécialités que les MD, y
compris la chirurgie). Aux Etats-Unis, sur environ 20.000 DO, à peine 2000
exercent encore l'ostéopathie manipulative, en restreignant leur champ
d'activité aux douleurs de dos.
L'exception française
En France, il y
eu très tôt (dès les années vingt) quelques médecins qui s'intéressèrent à
l'ostéopathie, donc aux manipulations vertébrales. Ils furent un peu plus
nombreux à partir des années cinquante et certains, encore à l'heure actuelle,
se considèrent encore exclusivement comme ostéopathes. Mais surtout, grâce à
l'action d'un rhumatologue, Robert Maigne, des enseignements universitaires de
complément, d'un ou deux ans, se mirent en place d'abord à Paris en 1970 puis
dans la plupart des facultés de Médecine, apportant à ceux qui le souhaitent un
important complément de formation en pathologie vertébrale. Ce sont les
"Diplômes d'université" dits de Médecine Manuelle - Ostéopathie ou de Médecine
Orthopédique. Ils sont composés de cours théoriques sur le mal de dos, de
consultations commentées et d’apprentissage des techniques de manipulations
vertébrales ostéopathiques ou chiropractiques, qui constituent l'un des
traitements de base de nombreuses douleurs vertébrales. Vu l’intérêt de ces
enseignements, qui n'ont pas d'équivalent dans les autres pays, ils sont non
seulement suivis par des généralistes, mais surtout par des rhumatologues ou des
médecins de rééducation qui voient là une façon simple d’améliorer leurs
compétences techniques. Il faut dire, et nous reviendrons sur ce sujet (voir
chapitre "Les traitements du mal de dos"), que les manipulations vertébrales ont
maintenant fait la preuve de leur efficacité au travers des nombreuses études
scientifiques qui leur ont été consacrées.
Comment
reconnaître ces médecins spécialement formés ?
Malgré de récents
efforts de standardisation, nous sommes loin de l'homogénéité des titres et des
formations. Il y a d'abord ceux qui mentionnent l'intitulé du diplôme qu'ils ont
obtenu : "Diplôme universitaire de médecine orthopédique et thérapeutiques
manuelles" par exemple, ou encore "Médecine Manuelle - Ostéopathie". C'est une
bonne garantie de formation. Il y a aussi des termes plus anciens et non
homologués. C'est ainsi que vous trouverez des vertébrothérapeutes, des
praticiens de médecine manuelle, des médecins ostéopathes, titres exprimant
qu'ils pratiquent les manipulations vertébrales, mais avec des niveaux de
connaissances variables en ce qui concerne le mal de dos lui-même. Certains ne
pratiquent même "que" les manipulations, ce qui ne me semble pas satisfaisant
car le rôle d'un médecin spécialiste est de pouvoir proposer l'ensemble des
traitements disponibles selon l'état de son patient, et non pas un seul
traitement... L'idéal est un rhumatologue ou un médecin de rééducation sachant (bien)
manipuler quand il le faut.
6. - Les chirurgiens orthopédistes
La chirurgie dite
orthopédique n'a rien à voir avec les chaussures du même nom. Son domaine couvre
tout l'appareil locomoteur : prothèses de hanches, fractures, chirurgie des
tendons et des ligaments et, évidement, chirurgie de la colonne vertébrale. Le
chirurgien orthopédiste n'est cependant pas de ceux que l'on consulte en
première intention lorsqu'on a mal au dos. Sa spécialité est d'appliquer des
traitements chirurgicaux et si vous allez le voir pour vos douleurs, il ne peut
que leur chercher une solution chirurgicale. Or, opérer un dos est plus sérieux
qu'enlever un appendice, et les résultats ne sont pas toujours garantis à 100%.
En conséquence, ne voyez un orthopédiste qu'après avoir consulté un médecin
connaissant bien le mal de dos et en accord avec lui, pour un avis sur une
intervention. L'idéal est d'y aller muni d'une lettre de son médecin résumant le
dossier, qui est souvent celui d'une sciatique rebelle ou handicapante.
Nous aurons
l'occasion de reparler plus avant des différentes interventions chirurgicales
sur le dos au chapitre consacré aux traitements.
7. - Les centres anti-douleur
La mode des
centres anti-douleur nous est venue des Etats-Unis. La douleur cancéreuse et
neurologique représente le gros de leur recrutement. Il en existe dans toutes
les grandes villes françaises. Ces centres, où, par principe, la douleur est
considérée comme une maladie à traiter en tant que telle, plus que comme le
symptôme d'une lésion, ne constituent une solution que pour quelques très rares
cas de douleurs vertébrales. Il est inutile, en tout cas, d'y aller pour un avis
diagnostique avant que votre cas n'ait été bien débrouillé par un spécialiste.
8. - Les acupuncteurs
Les acupuncteurs
ne sont certes pas des spécialistes du mal de dos, mais des spécialistes d'une
thérapeutique qui peut parfois avoir des effets bénéfiques dans certaines
douleurs, en particulier lorsque prédominent les contractures musculaires. A
essayer, surtout si vous y croyez, mais il y a parfois des résultats étonnants.
9. - Les spécialités para-médicales
Les
kinésithérapeutes
Les
kinésithérapeutes font trois ans d'études. Ils ne sont pas formés à l'art du
diagnostic, qui caractérise la médecine mais à celui du traitement de certaines
affections mécaniques de l'appareil locomoteur essentiellement. Ils travaillent
donc sur prescription médicale et sont les auxiliaires précieux des médecins
rééducateurs, des rhumatologues et des généralistes.
Un traitement kinésithérapique se fait sur la base fréquente de dix à vingt
séances de rééducation, au rythme de deux à trois par semaine. Dans le domaine
du mal de dos, ces séances peuvent être à but sédatif (par le massage, les
techniques de détente et d'antalgie, l'utilisation d'agents physiques tels que
la chaleur (parafango, infra-rouges), les vibrations (ultra-sons), les champs
magnétiques (ondes courtes, etc ...) ou à but préventif. C'est surtout dans ce
dernier cas qu'ils apportent le plus aux patients. Leur rôle est alors, comme
nous le verrons, de leur apprendre à prendre conscience de leur dos, des bonnes
et des mauvaises postures, de les remuscler et de leur apprendre à protéger leur
colonne. Le kinésithérapeute n'est donc pas apte à la prise en charge globale du
mal de dos. Il est avant tout le spécialiste de la prévention, mais il peut
aider au soulagement de certaines crises.
Il existe d'autres variétés de kinésithérapeutes : méziéristes, thérapeutes
manuels, ostéopathes, étiopathes, voire même fasciathérapeutes. Beaucoup seront
étudiés au chapitre suivant car il s'agit d'activités... moins traditionnelles.
Voyons ici les "méziéristes".
Les
kinésithérapeutes méziéristes
Les
kinésithérapeutes méziéristes ont suivi l'enseignement de Françoise Mézières,
elle-même de formation kinésithérapique et disparue en 1991. Elle avait mis au
point une théorie qui attribuait l'ensemble des douleurs vertébrales à un
enraidissement des muscles vertébraux, en particulier lombaires. Cet
enraidissement serait responsable de tous les maux: "Il n'est que des lordoses"
disait-elle, ajoutant: "Ce n'est pas la faiblesse des extenseurs qu'il faut
incriminer et combattre, mais leur raideur". Les connaissances actuelles ne vont
pas dans ce sens, en insistant justement sur la faiblesse des extenseurs en cas
de mal de dos, mais peu importe.
Les kinésithérapeutes méziéristes traitent leurs patients en leur faisant
adopter des postures d'élongation de la totalité du corps et en surveillant et
modifiant le placement de chacune des articulations de l'organisme. Les séances
durent en moyenne une heure, au rythme d'une par semaine pendant un temps
indéfini. Si vous avez mal au dos, ne débutez pas un tel traitement sans prendre
l'avis d'un médecin spécialiste. Le "Mézières" ne concerne qu'une toute petite
minorité de patients, et le traitement est long... Mais bien indiqué, ce type de
traitement peut avoir des résultats remarquables sur des douleurs diffuses du
dos.
Les
écoles du dos
Le saviez-vous ?
La première école du dos est née à Montpellier, au début du XIXème siècle, créée
par un médecin qui pensait, avec raison, que la gymnastique et les exercices
d'équilibreétaient bons pour traiter les déformations vertébrales.
De nos jours, les écoles du dos se sont développées dans les centres de
thalassothérapie, de cure thermale et dans certains hôpitaux. La rééducation se
fait par petits groupes. Il s'y associe quelques cours sur l'origine du mal de
dos, assurés par un médecin, et, souvent, des démonstrations pratiques
d'ergonomie vertébrale, indiscutablement utiles. Qu'il soit cependant bien clair
que ce ne sont pas quelques notions d'anatomie et d'ergonomie vertébrale qui
vont vous débarrasser de vos douleurs.
Les
dentistes
Quoique les
dentistes ne fraisent pas les vertèbres, ils peuvent avoir un rôle à jouer dans
le mal de dos ou, plus précisément, certaines formes de mal de cou. Il arrive en
effet qu'un trouble de l'articulé dentaire puise être à l'origine de
contractures cervicales douloureuses. Expliquons nous. Si les dents du haut et
du bas ne sont pas parfaitement en contact, la mastication va entraîner, à
chaque fermeture de mâchoire, un glissement de la mandibule en avant ou sur le
coté, d'ou un travail asymétrique des muscles masticateurs et une tension à leur
niveau qui peut se propager aux muscles de la nuque. Le travail du dentiste est
alors de rétablir une ouverture correcte de la mâchoire (par le port temporaire
d'une gouttière) puis, celle-ci obtenue, de repérer les mauvais points de
contact qui sont à l'origine du décalage et de les corriger par un meulage
sélectif des dents en cause.
Tels sont les spécialistes du mal de dos en France auxquels, à un titre ou à un
autre, vous pouvez avoir à faire. A côté d'eux évoluent diverses professions,
légales ou illégales, sérieuses ou farfelues, véritable jungle ou ne manquent
(heureusement) que les fauves. Ce sont les non médecins. Ils font l'objet du
prochain chapitre.
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XIII Marginaux et illégaux du dos
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Note de l'auteur lors de la mise en ligne de ce texte (2004) : La loi
kouchner (2002) sur les droits des malades a "légalisé" les professions
d'ostéopathe et de chiropracteur (ou chiropraticien). Quoique les décrets
d'applications ne soient pas encore parus, ces deux professions sont maintenant
légales.
L'absence de
connaissances médicales n'est apparemment pas un obstacle pour s'occuper du dos
de son prochain. La colonne vertébrale a suscité plus de vocations que le cancer
ou le sida chez ceux qui pratiquent, d'une façon ou d'une autre, l'exercice
illégal de la médecine. Il est vrai qu'il y a moins de risques... Il doit être
clair qu'aucun de ces praticiens non médecins dont la liste suit n'est à même de
poser un diagnostic précis et documenté sur la cause de votre mal de dos. Ils
procèdent par intuition et expérience lorsqu'ils sont sérieux. Dans les autres
cas, ils agissent un peu au hasard... Certains (rares, heureusement) sont même
franchement dangereux, à l'origine d'accidents scandaleux. Je les ai réunis sous
un titre un peu provocateur de marginaux et d'illégaux. L'histoire est ancienne.
Elle commence avec les rebouteux. elle est loin d'être terminée.
1. - Les rebouteux
Les rebouteux
sont des gens discrets. N'ayant pas fait d'études (en tout cas de reboutage),
ils restent en général modestes. Ceci le différentie fortement d'autres non
médecins pseudo-spécialistes. Le reboutage est certainement la plus ancienne
méthode de diagnostic et de traitement des douleurs vertébrales. C'est aussi la
plus universellement pratiquée, dans toutes les cultures et à toutes les
époques, y compris de nos jours, et même dans les grandes villes. Quoiqu'il y
ait parfois un don qui se transmette de génération en génération, les capacités
sont très variables d'un individu à l'autre. Les meilleurs ont souvent une
remarquable habileté à palper les tissus.
Pour le
rebouteux, la douleur est due à un "déplacement" d'une structure anatomique
(vertèbre ou petit os, muscle, tendon ou ligament, nerf...) hors de son
emplacement normal. Le traitement a fort logiquement pour but de remettre la
structure à sa place. Le rebouteux utilise des manoeuvres de pression,
d'étirement, voire de véritables manipulations parfois efficaces. Il peut y
associer des frictions fortes ou des "pointes de feu" qui ont une action
antalgique certaine.
Cependant, l'absence de toute connaissance médicale ou anatomique rend ces
manoeuvres parfois dangereuses. Et les accidents ne sont pas rares. J'ai vu pour
ma part une phalange retournée à 90 degrés après une prise un peu vive pour
douleur du poignet. Il est vrai qu'après cette audacieuse manoeuvre, la douleur
du poignet avait disparu, masquée par celle de la luxation du doigt.
On retiendra surtout du reboutage des expressions passées dans le langage de
tous les jours : un muscle froissé, une vertèbre déplacée, un nerf coincé, et la
nécessité de les remettre en place...
2. - Les chiropractors
Les chiropractors
se proclament "spécialistes de la manipulation vertébrale". La plupart d'entre
eux ont fait leurs études aux Etats-Unis, certains en Grande-Bretagne. Quoique
leur profession ne soit pas autorisée en France, ils sont près de cinq cents à y
exercer. Qui sont-ils?
Une
histoire mouvementée
Cette discipline
naquit à la fin du siècle dernier de la trouvaille d'un épicier-magnétiseur
nommé Palmer qui prétendit avoir rendu l'ouïe à un sourd après lui avoir fait "craquer"
le dos. La chiropraxie était née, sous les auspices d'une étymologie parfaite
(du grec cheir, la main et praxis, la pratique : pratique avec la main) et d'une
théorie simpliste. En effet, Palmer se fixa d'emblée pour dogme que toutes les
maladies provenaient de déplacements de vertèbres. Ces déplacements étaient
censés coincer les nerfs qui se mettait à "chauffer" et empêchaient l'énergie
vitale de circuler librement. Cette énergie vitale était assimilée à de
l'électricité, le cerveau à un générateur de courant et les nerfs à des fils
électriques.
Dès lors, le diagnostic d'une maladie devenait inutile puisqu'il suffisait
d'examiner la colonne, de découvrir la vertèbre "subluxée" et de la "remettre en
place" ou plutôt de "l'ajuster", selon la terminologie chiropraxique.
Aux Etats-Unis où
elle est née, la chiropraxie a connu un certain succès en raison de l'absence de
toute prise en charge médicale des affections douloureuses provenant de la
colonne vertébrale. Ces douleurs vertébrales n'intéressaient pas les médecins.
Et les chiropracteurs étaient là, qui en faisaient leur pain quotidien. Ils ont
déployé un savoir-faire sans précédent pour leur promotion. Leurs slogans
étaient tapageurs, tel ce petit dépliant des années cinquante : "Pourquoi est-il
mort ?" demande la première page, entourée d'un liseré noir de deuil ; ouvrons
le dépliant : "Quelqu'un lui a dit que la chiropraxie pouvait le guérir. Il ne
l'a pas cru". Eux-même n'avaient de cesse d'améliorer la représentativité et
l'image de leur corporation.
Cette profession
a beaucoup changé depuis vingt ans environ. Conscientes de ces faiblesses, les
autorités sanitaires des Etats-Unis ont accordé à la chiropraxie une
reconnaissance officielle en échange d'une amélioration considérable du contenu
des études et d'un relèvement du niveau général. Les praticiens issus des écoles
chiropractiques ont vu leur domaine d'action restreint aux douleurs vertébrales
et uniquement à elles. Leur enseignement ressemble, en plus simple et sur quatre
ans, à celui que connaissent les médecins en pathologie du dos. Il s'agit donc
d'une profession dont le niveau de connaissance se place entre le
kinésithérapeute et le médecin. Elle répond à une nécessité sociale aux
Etats-Unis, pays où un patient ayant mal au dos ne dispose encore actuellement
comme consultants possibles que du chirurgien ou du chiropracteur, aucune autre
spécialité médicale n'ayant assuré, jusque dans un passé très proche, ce type de
soins. Surtout, la chiropraxie a pu mettre sur pied une véritable recherche
scientifique (ce que n'a pas su faire l'ostéopathie) de haut niveau. C'est aux
chiropracteurs que l'ont doit la plupart des études sur les manipulations
vertébrales. Ceci est, à l'évidence, un gage de qualité pour les patients.
La
chiropraxie en Europe
En Europe, la
situation des chiropracteurs est très variable d'un pays à l'autre. Ils sont
officiellement reconnus en Suisse, à condition d'avoir fait leurs études dans
certaines écoles agrées. Ils disposent d'une relative liberté d'exercice dans
les pays du nord de l'Europe. En France, ils sont peu nombreux. Peut être du
fait que les médecins se sont intéressés aux possibilités offertes par les
manipulations vertébrales et les ont intégrées à leur pratique. L'idéal est en
effet de pouvoir proposer à son patient, parmi tous les traitements possibles,
celui qui lui conviendra le mieux.
3. - Les ostéopathes non médecins
Nous devons
préciser: "ostéopathes non médecins", car nous avons vu qu'il existe des
ostéopathes médecins. Il s'agit ici de kinésithérapeutes, ou de bacheliers à qui
l'on a fait miroiter l'attrait d'une carrière enrichissante, sans les
contraintes de la profession médicale. Tous flirtent avec l'exercice illégal de
la médecine. Certains passent même à l'acte. En effet, ce qui caractérise la
situation française, c'est le nombre d'ostéopathes non médecins, en
contradiction avec la loi qui réserve la pratique de l'ostéopathie et des
manipulations vertébrales aux seuls docteurs en médecine. Dépourvus de contrôle
scientifique, livrés à eux-mêmes et cherchant surtout à se différentier de la
médecine (en particulier de l'anatomie, qui parait pourtant peu contestable...),
les enseignants d'ostéopathie non médicale ont développé des théories
hasardeuses et d'allure fantaisiste sur beaucoup de maladies. La différence avec
la chiropraxie est frappante : celle-ci fait tout pour s'intégrer au système de
soins nord-américain. Elle dispense un enseignement qui tend à se rapprocher des
connaissances scientifiques actuelles. Et elle trouve dans ce pays sa place dans
le traitement des douleurs vertébrales. Au contraire de ce qui se passe chez
nous avec les ostéopathes non médecins.
Mais alors,
objectera t'on, s'ils sont si "fantaisistes" que cela, pourquoi donc ont-ils des
clients ? Je vois pour ma part deux réponses à cette question. La première tient
au fait que les séances de traitement comportent essentiellement des massages
qui ne veulent pas dire leur nom et des manipulations vertébrales enrobées de
charabia. Autrement dit des techniques qui peuvent être efficaces quand les
indications et les contre indications sont respectées, et que beaucoup de
médecins du dos utilisent. La seconde raison est d'ordre psychologique. Il y a
des gens qui aiment être traités en dehors des circuits classiques car, par
principe (ou par suite de mauvaises expériences), ils se méfient de tout ce qui
porte un label "officiel". Il y a peut-être une troisième raison, que l'on paut
assimiler à de la publicité mensongère : l'affirmation répétée sans cesse (en
particulier dans différents journaux) que de nombreuses affections relèvent de
l'ostéopathie. Ainsi de l'incitation faite aux parents de faire traiter leurs
enfants, même s'ils n'ont rien. "Si vous voulez diminuer les risques de mal de
dos à vos enfants (sic), faites-les examiner dès la naissance par un ostéopathe..."
proclame un ouvrage grand public plusieurs fois réédité (L'ostéopathie
exactement. L. et M. Issartel, R. Laffont éditeur, Paris 1983, p. 265). Voilà
qui assure une clientèle à peu de frais, d'autant qu'après le traitement, le
nourrisson ne se plaindra pas de son dos pendant longtemps... Ajoutons que rien
de ce que l'on sait des douleurs de dos ne permet de prétendre les "pré-détecter",
voire les prévenir chez un tout-petit.
4. - Les étiopathes
Nouveaux venus en
France, les étiopathes ne sont jamais médecins. Ils sortent d'une école privée
suisse, où est dispensé un enseignement pratiquement identique à celui de
l'ostéopathie non médicale. Il n'y a donc guère de différence entre ostéopathes
non médecins et étiopathes, sinon que ces derniers, par les grâces d'une
étymologie très approximative, se proclament être les seuls à traiter la cause
des maladies, alors que les autres (tous les autres...) ne traitent que les
symptômes. Promesse non tenue, en réalité. Comme leurs proches cousins
ostéopathes non médecins, ils pratiquent les mêmes manipulations vertébrales, ni
plus, ni moins. Ils y ajoutent parfois quelques prescriptions d'ordre diététique
: ne pas manger trop de sucre, éviter les plats en sauce, trop lourds, faire du
sport... A défaut de connaissances étendues, ces banalités témoignent au moins
d'un bon fond.
5. - Les thérapeutes manuels, les fasciathérapeutes
Les
thérapeutes manuels
Sous cette
dénomination bizarre (tous les kinésithérapeutes ne sont-ils pas par définition
des thérapeutes manuels?), se cache une petite malhonnèteté. Nous avons vu qu'en
France, la pratique des manipulations vertébrales est réservée aux médecins,
comme l'est l'établissement du diagnostic qui précède leur utilisation. Il
s'agit donc de kinésithérapeutes qui pratiquent des manipulations en dehors de
tout contexte médical, et qui veulent le faire savoir, mais sans le dire
vraiment.
Les
fasciathérapeutes
Si l'on en croit
leur documentation, il semble que les fasciathérapeutes recherchent
"l'infiniment profond". Cette façon unique de jouer avec l'invisible et de
travailler l'impalpable fait du fasciathérapeute le plus mystérieux des
praticiens du mal de dos. A consulter uniquement si vous avez un problème avec
vos fascia, ou par curiosité, pour en savoir plus.
La liste n'est pas close car viendront peut-être un jour s'installer chez nous
par la grâce de la législation européenne les "naprapathes" suédois et les
"praticiens de santé" allemands... Rude concurrence !
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XIV
Les traitements du mal de dos
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Nous avons, pas à
pas dans ce livre, survolé l'ensemble des douleurs vertébrales qui touchaient la
femme. Nous avons vu qu'une douleur était très souvent la conséquence de lésions
vertébrales plus ou moins marquée, que des mauvaises postures ou des
traumatismes venaient exacerber. Fort logiquement, le traitement de ces douleurs
suit ce même schéma.
I. - Les médicaments
Médicaments par voie générale
Les anti-inflammatoires
non stéroïdiens (AINS)
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont non seulement les plus prescrits
des médicaments du mal de dos mais aussi les médicaments les plus prescrits dans
le monde (4 à 9% de la totalité des prescriptions des pays industrialisés). Leur
efficacité n'est cependant nette que sur les douleurs arthrosiques, qu'elles
soient cervicales ou lombaires. Dans les autres cas, elle est modeste et il est
raisonnable d'arrêter tout traitement dépourvu d'efficacité après quelques jours
d'essai. Evitez la valse des AINS. Si le premier ne marche pas, le deuxième a
peu de chance d'être plus efficace
Il n'est pas inutile de savoir qu'un anti-inflammatoire risque de diminuer
l'efficacité d'un stérilet. N'oubliez pas de signaler à votre médecin si vous en
portez un.
Mais l'inconvénient principal de ces produits est leur relative agressivité pour
l'estomac, qui les rend contre-indiqués chez les porteurs ou anciens porteur
d'un ulcère ou d'une gastrite. Les pansements gastriques qui sont parfois
prescrits avec n'ont qu'une efficacité limitée. En cas de douleurs ou de
brûlures stomacales, arrêtez le traitement et prévenez votre médecin. Leur
administration par piqures ou suppositoires ne diminue que faiblement ce risque.
Les autres effets secondaires figurent dans le tableau.
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Principaux effets secondaires des anti-inflammatoires non stéroïdiens
Effets
digestifs : douleurs d'estomacs, nausées, mauvaise digestion, gastrite,
ulcère.
Effets
rénaux : diminution du flux sanguin rénal, d'où insuffisance rénale
fonctionnelle, en particulier chez les gens âgés, où ceus recevant un diurétique
ou un inhibiteur de l'enzyme de conversion.
Effets
cutanéo-muqueux : éruptions diverses, en général bénignes.
Effets
allergiques : chez les patients allergiques, possibilité de réaction
allergique cutanée ou respiratoire (asthme), oedème de Quincke.
____________________________________________________________________________
Les antalgiques
Les antalgiques ont une efficacité variable. Ils sont le plus souvent dépourvus
d'effet secondaire et peuvent être systématiquement essayés devant toute douleur
un tant soit peu aiguë.
Les
décontracturants musculaires
Les décontracturants musculaires sont souvent des produits dérivés de
tranquillisants. Ils sont surtout efficaces en cas de cervicalgie aiguë mais ont
l'inconvénient de faire somnoler à fortes doses. C'est pourquoi il est
préférable de les prendre le soir au coucher.
Les anti-dépresseurs
Certains anti-dépresseurs ont de réelles propriétés de rééquilibrage des centres
nerveux qui modulent les influx douloureux. Nous avons vu que certaines
cervicalgies avec des douleurs diffuses étaient liées à un dérèglement de ces
centres, situés en particulier dans la moëlle épinière et dans le tronc cérébral
(à la base du cerveau). Ces anti-dépresseurs représentent un bon traitement, à
condition de bien expliquer à la patiente pourquoi on les lui prescrit (non pas
pour leurs propriétés anti-dépressives, dont on se passerait, mais pour leur
action spécifique sur la douleur), comment se déroule le traitement (assez long,
de quatre à six mois, voire plus) et quels sont les effets secondaires (bouche
sèche, constipation...). Il me revient à ce propos le souvenir d'un patient qui
avait la fâcheuse habitude de déformer les mots d'une façon parfois comique. Il
racontait avoir été suivi par un "osméopathe" qui lui faisait de l'"acupeinture".
Voulant savoir si cet "osméopathe" était médecin ou pas, je lui demandai si des
médicaments lui avaient été prescrits. Il me répondit que oui, il avait pris des
"anti-compresseurs". Le plus amusant est que cet homme était ... mécanicien dans
le diesel !
La
cortisone
La cortisone en comprimés est très utile dans certains cas de douleur cervicale
aiguë ou de névralgie cervico-brachiale. Son action anti-inflammatoire est
spectaculaire. On la prescrit pour une durée brève (huit jours en général), ce
qui permet d'éviter les effets secondaires fâcheux qui peuvent survenir au delà
d'un mois de traitement. Il est nécessaire de suivre un régime peu salé pendant
la durée du traitement.
Une règle
générale
Combien de patientes prennent depuis des semaines des médicaments qui ne leur
apportent rien ! Un traitement anti-inflammatoire qui n'est pas efficace au bout
de huit à dix jours ne mérite pas d'être poursuivi. Même chose pour les
antalgiques, les décontracturants musculaires... Si ça ne marche pas, arrêtez
tout. Vous ménagerez votre estomac et les deniers de la sécurité sociale.
La
mésothérapie
Certains
injectent des médicaments anti-inflammatoires ou antalgiques par voie
sous-cutanée, à l'aide de très fines aiguilles, en injections multiples. Ainsi
couvre t'on une large surface, en regard des lésions ou de la zone douloureuse.
Cette technique a reçu le nom de "mésothérapie". Quoique son efficacité n'ai pas
été formellement prouvée, il semble qu'elle soit utile dans certaines douleurs
avec, évidement, beaucoup moins d'effets secondaires que les mêmes médicaments
pris per os.
Les
infiltrations
Les infiltrations
ont une bien mauvaise réputation. Imméritée qui plus est. Ca fait mal, c'est de
la cortisone, ça ne fait que masquer la douleur sans soigner la cause, tel est
le florilège de remarques acerbes que l'on entend tous les jours... Voyons cela
de plus près.
Le principe d'une infiltration est d'injecter un médicament, le plus souvent un
cortisonique, au contact de la structure que l'on veut traiter. Il s'agit donc
d'un traitement local. La diffusion dans l'organisme est ainsi minorée,
l'estomac épargné, la concentration locale plus forte, gage d'une meilleure
efficacité. Les doses de cortisone peuvent ainsi être très faibles, surtout si
l'on évite les produits retard, et sans aucun effet délétère sur l'organisme, à
condition de se cantonner à une ou deux injections au plus dans les cas
habituels (trois au maximum) pour une crise donnée.
Mais l'objection la plus forte reste bien sûr que ces injections n'auraient
qu'un effet symptomatique de brève durée, qu'elles soulageraient sans soigner...
Erreur profonde ! Une lésion vertébrale enflammée n'a aucun moyen de guérir
spontanément dans un délai bref. En effet, l'inflammation est par elle-même une
réaction chimique irritante qui, par sa présence, créée à nouveau de
l'inflammation. C'est la définition parfaite du cercle vicieux. La seule
solution est alors de briser ce cercle vicieux en "désenflammant" la lésion.
Elle pourra enfin cicatriser tranquillement.
La vérité oblige cependant à dire que les infiltrations ne sont pas toujours
efficaces, loin de là. Rien ne sert alors de persévérer. Mais quand elles le
sont, quel traitement rapide ! Attention cependant, l'indolence qu'elles peuvent
apporter n'est évidemment pas synonyme de guérison. Il faut continuer à prendre
toutes les précautions usuelles (en particulier ne pas forcer sur le dos) tant
que la lésion initiale n'est pas complètement cicatrisée.
2. - Les manipulations vertébrales
Un grand nombre
de douleurs vertébrales peuvent être soulagées partiellement ou totalement et
souvent de façon durable par des manipulations vertébrales. C'est souvent même
le premier traitement à utiliser car le plus simple et le plus dépourvu
d'inconvénient. C'est aussi le seul, il est intéressant de le savoir, qui a fait
la preuve de son efficacité en matière de lombalgies, dans des études
scientifiques. Tous les médecins qui s'intéressent aux douleurs vertébrales
devraient apprendre ces techniques, dont beaucoup sont relativement simples à
mettre en oeuvre. Il parait loin le temps où, jeune interne dans un service de
rhumatologie, l'un de mes patrons, ne connaissant pourtant pas grand-chose dans
ce domaine, m'expliquait qu'une manipulation, c'était comme un coup de poing sur
un poste de télévision déréglé : ça pouvait marcher...
Qu'est-ce
qu'une manipulation ?
La manipulation
est un geste qui, à partir d'un positionnement déterminé du patient (la mise en
tension), impose à un ou plusieurs segments vertébraux une rotation, une
flexion, une extension ou une combinaison des trois en utilisant des bras de
leviers plus ou moins longs (appui sur le bassin, les épaules, le cou, etc. ).
Ce mouvement écarte les petites articulations vertébrales les unes des autres,
mais cet écartement est très particulier : il est beaucoup plus rapide et
surtout plus sec que le geste qui lui a donné naissance. La même chose se passe
si l'on arrache une ventouse d'un mur : on tire d'un geste progressif, la
ventouse résiste d'abord, puis lâche très brusquement, lorsque l'air pénètre à
l'intérieur par le premier interstice venu. Cette extrême rapidité existe aussi
au niveau de la colonne, et pour les mêmes raisons. Les petites articulations
vertébrales résistent d'abord au mouvement puis lâchent brutalement et
s'écartent l'une de l'autre. Ce mouvement est très minime (peut-être un demi ou
un millimètre), mais d'une extrême rapidité, exactement comme la ventouse que
vous venez d'arracher du mur. Il est dû au fait que les gaz dissous dans
l'articulation se précipitent dans un bulle de vide formée par l'écartement des
deux surfaces. Le petit bruit qui l'accompagne, le célèbre bruit de craquement,
traduit ce phénomène dont le mécanisme est, toute proportion gardée, celui du
bruit d'un coup de feu. Les muscles, tendons et ligaments qui s'attachent sur la
vertèbre vont alors être étirés sèchement, ce qui a pour effet de diminuer leur
tension et leurs contractures, donc de soulager. Il existe d'autres effets des
manipulations sur le disque, sur la mobilité même du segment intervertébral, qui
tous vont dans le sens d'une amélioration de la douleur.
Y a t'il
un risque à se faire manipuler ?
Comme tout
traitement, les manipulations ont leurs indications et leurs contre-indications.
Parmi ces dernières, les colonnes fragiles, les lésions enflammées, la présence
d'une compression d'une racine nerveuse ou d'une forte contracture musculaire
sont au premier plan. Il faudrait y ajouter la crainte de se faire manipuler, en
particulier pour la colonne cervicale. Il n'est pas rare en effet qu'une
patiente appréhende et se crispe lorsque l'on saisit son cou et que l'on
commence à le faire pivoter. Cette crainte ne se commande pas, il faut la
respecter. Mieux vaut ne pas essayer quand même et proposer un autre traitement.
Le vrai risque est que le diagnostic n'ait pas été fait correctement. Manipuler
en force une vertèbre tumorale est très dangereux.
Que peut-on
attendre d'un traitement par manipulations ?
Quoique le
résultat puisse être très rapide, voire immédiat, il est fréquent qu'il faille
attendre 24 à 48 heures pour juger de l'effet d'un traitement manipulatif. Une
réaction à type de courbatures ou d'exacerbation douloureuse est fréquente le
premier jour. Dans ce cas, l'aspirine ou un bain bien chaud ont souvent un effet
sédatif excellent. Un traitement par manipulation peut être commencé d'emblée ou
après un traitement anti-inflammatoire par voie générale (comprimés) ou locale
(infiltration) lorsque l'état de la colonne le nécessite. Il comporte deux,
trois ou quatre séances, rarement plus. En fait, on doit pouvoir juger très vite
de son efficacité et mettre en route un autre traitement si la douleur persiste.
3. - Les contentions
L'immobilisation
d'une région enflammée ou douloureuse est un excellent traitement. Mis à part le
repos au lit parfois imposé par l'intensité extrême de la douleur, la contention
lombaire peut être assurée par un lombostat rigide ou une ceinture. Au cou,
c'est à la minerve ou au collier souple que l'on s'adresse.
Le
lombostat rigide
Le lombostat
rigide est fait de bandes de résine ou de plâtre, fendu sur le devant pour
pouvoir s'enlever. Il est surtout utilisé pour les douleurs aiguës (lumbago,
sciatique) et doit être porté 3 semaines, du matin au soir. Son intérêt est
triple : Tout d'abord, l'immobilisation apporte une antalgie remarquable.
D'autre part, le corset empêche les gestes ou mouvements susceptibles de
déclencher la douleur. Il oblige à une nouvelle gestuelle et constitue le
premier pas d'une bonne éducation vertébrale. La troisième raison est théorique
: de même que l'on plâtre une entorse de cheville, il parait logique
d'immobiliser le rachis lombaire pour favoriser le processus de cicatrisation
discale.
Une dernière précision : le lombostat n'atrophie pas les muscles, pour la bonne
et simple raison que les muscles servent à la verticalisation de la colonne. Et
que le lombostat ne supplée pas cette fonction. Il ne fait qu'empécher le
mouvement lombaire. Tous ces avantages ne doivent pas dissimuler le fait que
certains ne supportent pas l'impression d'être prisonnier d'un "carcan".
Un lombostat peut
se porter sous les vêtements ou par dessus. Dessous, il peut se dissimuler sous
une robe un peu ample. Dessus, il devient très discret si l'on prend soin de
s'habiller d'une jupe ou d'un pantalon clair ou blanc (la couleur du corset). En
revanche, il est difficile de le porter dessous en s'habillant d'un pantalon.
Les
ceintures de maintien
Les ceintures de
maintien sont en tissu élastique pourvu d'un baleinage. Elles n'ont pas d'effet
de contention réel mais elles compriment les abdominaux et exercent un effet de
rappel lombaire.
La
minerve
La minerve est en
fait un collier rigide réservé aux torticolis ou aux névralgies
cervico-brachiales. Sa rigidité la rend souvent désagréable à porter. Le collier
cervical mousse n'a pas cet inconvénient et est donc plus souvent prescrit. Il
faut le porter une heure ou deux, et quand il devient trop inconfortable,
l'enlever, jusqu'à ce que l'on ressente le besoin de le remettre.
4. - La physiothérapie
La physiothérapie
groupe différents types de traitements. Le massage, la plus ancienne de toutes,
a une action sédative. De même la chaleur, que ce soit sous forme de parafango,
d'infra-rouges, ou d'ondes courtes en champ électrique. Les ultra-sons
entraînent une vibration des tissus et sont utilisés sur les muscles et tendons.
Peu de ces procédés ont été évalués scientifiquement. Seules les ondes courtes
en champ magnétique ont fait l'objet d'une étude contre placebo, dans mon
service de l'Hôtel-Dieu de Paris, prouvant leur efficacité, en particulier en
cas de cervicalgie.
5. - La rééducation
Quel lombalgique
n'a pas, un jour ou l'autre, eu en mains une ordonnance pour 20 séances de
rééducation ? Le succès de cette prescription est malheureusement, selon toute
probabilité, plus en rapport avec une mauvaise prise en charge du mal de dos
qu'avec l'efficacité des séances. Il est courant de voir des patients (dans les
deux sens du terme) en ayant supporté plusieurs centaines, sans aucune
aggravation d'ailleurs. Autant dire que la rééducation n'est pas une panacée.
Pendant
longtemps, l'on a prétendu que pour prévenir les lombalgies, il fallait faire
travailler les abdominaux. Puis l'on prétendit le contraire, mais sans plus de
preuve : il fallait muscler le dos. Malgré ces changements de cap, la
rééducation reste indispensable dans les cas chroniques, soit sous forme de
verrouillage lombaire, soit sous forme de musculation. Voici pourquoi. En
matière de mal de dos, il s'agit d'éduquer, et non de rééduquer. La rééducation
n'est pas un traitement mais une prévention. Elle s'adresse donc à des patients
guéris ou en cours d'amélioration.
Son but est d'abord de faire prendre conscience au patient de sa région
lombaire, de sa position et de ses mouvements; puis d'apprendre à la maîtriser,
à rectifier une mauvaise position.
Le stade suivant est d'apprendre à "verrouiller" la colonne lombaire en position
neutre, c'est à dire de la garder verticale et solidaire du plan des épaules en
toute position. Flexion et rotation sont donc interdites, dans le but de
préserver la charnière lombo-sacrée. Faire travailler les jambes devient
indispensable : assouplissement des hanches et musculation des cuisses font
partie du traitement.
Enfin, il faudra apprendre à mettre en pratique ce verrouillage dans toutes les
positions de la vie quotidienne : en se levant de son lit, en passant
l'aspirateur, en soulevant une charge, etc. On comprend que tout lombalgique
chronique doive, un jour ou l'autre, bénéficier de cet apprentissage, qui
nécessite 15 à 20 séances.
L'idéal est de compléter ces séances chez soi par des exercices quotidiens de
renforcement de la musculature du tronc. Il a en effet été montré que la
lombalgie chronique s'accompagnait d'une démusculation des abdominaux et surtout
des muscles lombaires. Demandez à votre kinésithérapeute de vous montrer les
exercices les plus adaptés à votre cas.
Les écoles du dos
insistent aussi sur l'ergonomie (domestique ou professionnelle) et délivrent une
information succinte sur la colonne vertébrale, mais rien ne remplace le travail
actif des patients eux-mêmes.
La rééducation
des cervicalgies s'inspire des mêmes principes que la rééducation lombaire.
6. - Les cures thermales et la thalassothérapie
Les cures
thermales sont un mode de traitement très ancien, puisque certaines villes
d'eaux sont nées sous la colonisation romaine. Il y a vingt ans, il était de
mode de dénigrer les cures thermales, de laisser sous-entendre qu'il s'agissait
d'un simple placebo et que l'argent dépensé là l'était inutilement. Les plus
virulents étaient d'ailleurs ceux qui s'y connaissaient le moins dans ce domaine.
Les choses ont changé. Des études sont venues confirmer l'impact favorable des
cures dans le domaine rhumatologique (aussi bien pour des affections chroniques
de la colonne que des grosses articulations), en terme de diminution de la
douleur, de régression du handicap et d'une moindre consommation de médicaments
pendant les trois à six premiers mois qui suivent la cure. La cure combine en
effet en trois semaines des traitements utiles : rééducation et balnéothérapie,
école du dos, repos. Les deux grandes stations françaises sont Aix-les-Bains et
Dax, mais il existe une foule de petites stations, moins fréquentées, plus
calmes, et où un séjour est tout aussi profitable (voir tableau).
La thalassothérapie vise une clientèle différente, plus jeune, plus active (ce
sont surtout les retraités qui peuvent bénéficier des trois semaines de cure).
Les soins offerts, s'ils concernent aussi le mal de dos, s'adressent également à
la diététique, à la détente, dans une atmosphère parfois plus luxueuse. Les
tarifs sont plus élevés, et la prise en charge par la Sécurité Sociale ne
concerne que les soins kinésithérapiques. Les principaux centres sont situés en
Bretagne et sur la façade atlantique, mais il en existe aussi en méditerranée.
7. - Les thérapeutiques comportementales et cognitives
Dernières nées
dans la prise en charge des douleurs rebelles et handicapantes, ces
thérapeutiques se pratiquent en groupes et ont pour but d'apprendre aux patients
à les maîtriser. Par des échanges avec d'autres malades, par un travail
d'introspection, ils apprennent à mieux la connaître, à ne plus en avoir peur en
la considérant comme une chose rationnelle. On les invite à chercher les
facteurs qui l'augmentent (tension, anxiété, soucis, crainte) et ceux qui la
calme (relaxation, penser à autre chose) et à préférer les seconds aux premiers.
Ils doivent prendre conscience de leurs réactions et de celles de leur entourage
lorsqu'ils ont mal, et, si possible modifier leur comportement. Le soutient
mutuel rend plus efficace encore ce véritable travail de déconditionnement dont
les résultats sont intéressants.
8. - La chirurgie
La chirurgie du
dos fait souvent un peu peur. L'idée de toucher à la colonne vertébrale est mal
vécue. Tout dépend du problème à traiter, et, sous cet angle, il faut distinguer
la chirurgie de la sciatique et celle de la lombalgie qui sont totalement
différentes.
La
chirurgie de la sciatique
La plus ancienne
des deux est celle de la sciatique, puisque c'est en 1933 que fut opérée la
première hernie discale. Par la suite, cette opération connut un grand succès en
raison de sa relative simplicité et de ses bons résultats. Actuellement, la
tendance est à privilégier le traitement médical, car l'on sait que la hernie va
peu à peu se "dégonfler" et disparaître. Mais ce n'est pas toujours le cas.
Quand
opère t'on ?
On opère donc les sciatiques que le traitement conservateur n'arrive pas à
soulager suffisamment et qui se sentent handicapés par la douleur. Il faut se
donner un délai d'environ un à deux mois, selon l'intensité de la sciatique. On
peut bien sûr attendre plus longtemps, il n'y a pas de risque particulier. On
peut aussi opérer plus vite si la douleur est vraiment intolérable et
handicapante. Les seuls cas réellement urgents sont ceux avec paralysie
importante ou troubles urinaires. Dans tous les cas, le patient oit être prêt du
point de vue psychologique.
La course
à la cicatrice
"Petit chirurgien, petite cicatrice, grand chirurgien, grande cicatrice". Cet
adage rétro remonte aux débuts de la chirurgie hospitalière, où seuls les "grands"
osaient ouvrir largement. Les chirurgiens du dos ont commencé de la sorte. Les
patients opérés dans les années cinquante se voyaient affublés de balafres de
vingt centimètres propres à impressionner la famille et l'entourage. Les progrès
venant, les cicatrices se réduisirent. Avec l'avènement de la micro-chirurgie,
on atteignit quinze millimètres. Le chirurgien utilisait une loupe opératoire,
et des instruments plus fins. Un inconvénient, toutefois, sa visibilité était
fortement diminuée et il ne pouvait voir complètement le nerf, ce qui ne
permettait pas toujours une intervention complète. Je préfère les techniques
actuelles non micro-chirurgicales, qui font des incisions d'environ cinq
centimètres, tout à fait acceptables. Certains, dans des cas choisis, restent
fidèles à la microchirurgie.
Comment
se passe l'opération ?
L'opération se fait sous anesthésie générale et consiste à gratter l'intérieur
du disque pour en enlever le noyau et la hernie qui s'en est détachée. Il faut
compter sept jours d'hospitalisation et un mois à un mois et demi d'arrêt de
travail. La rééducation n'est pas indispensable. Le dos reste fragile pendant
environ six mois.
Y a t'il
des complications ?
Aucune opération n'est sans risque et jamais le résultat n'est totalement
garanti. Les complications de l'anesthésie générale et de la chirurgie en
général sont liées au terrain : phlébites, infections, et très exceptionnelles
chez les sujets jeunes. L'intervention elle-même est sans risque particulier.
Les résultats sont bons lorsque la hernie est grosse. Quand elle est petite ou
pas très nette, ils peuvent être moins bons. On n'opère donc que des cas
sélectionnés. Il y a tout de même quelques mauvais résultats liés à l'apparition
d'une fibrose post-opératoire.
La
chirurgie des douleurs lombaires sans sciatique
Les lombalgies en
rapport avec une détérioration discale peuvent aussi bénéficier d'une
intervention chirurgicale qui consiste à bloquer le ou les disques malades en
soudant entre elles les vertèbres qu'ils séparent. Cette opération, nommée
"arthrodèse" se fait avec un apport d'os spongieux (greffe) appliqué sur les
vertèbres. Des plaques de titane vissées dans l'os assurent en général la
solidité du montage. C'est donc une opération importante.
Le disque étant bloqué, il ne devrait plus y avoir aucune douleur. D'où vient
alors la réticence des médecins et des chirurgiens ? Certes, il s'agit d'une
grosse intervention, longue, délicate, quoique sans risque particulier. Mais la
vraie raison tient aux résultats. On peut considérer que 70% des opérés sont
très améliorés voire guéris. Mais l'intervention augmente le risque de
dégénérescence du disque sus-jacent à l'arthrodèse (qui doit assurer à lui seul
la mobilité du rachis lombaire bas). Et les parmi les 30% d'échec, certains
souffrent plus après qu'avant. Nous savons en effet que dans certains cas, la
lombalgie n'est pas seulement une maladie vertébrale mais un trouble profond de
la régulation et de la perception des sensations douloureuses, les lésions
lombaires pouvant être modérées. Les micro-lésions créées par l'intervention
elle-même deviennent alors source de nouvelles douleurs.
La solution
réside dans une prudente sélection des candidats à l'arthrodèse. Il faut des
lésions discales évoluées. Il faut que les traitements conservateurs aient
épuisé leurs effets. Il faut qu'un corset rigide ait été porté et qu'il soulage
au moins partiellement la douleur (car lui aussi bloque un peu la charnière
lombo-sacrée). Il faut enfin que le médecin prescripteur connaisse bien son
patient et sa psychologie et l'ai suivi suffisamment longtemps pour apprécier la
gène réelle. C'est dire l'intérêt d'une bonne collaboration entre le médecin, le
ou la patiente et le chirurgien, ce dernier ne disposant pas à lui seul de tous
les éléments.
On a récemment
proposé des alternatives à l'arthrodèse, en utilisant des ligaments artificiels
pour attacher l'une à l'autre les vertèbres. Ces ligaments, fixés à l'arc
postérieur, les verrouillent en lordose, sans toutefois supprimer tout
mouvement. Bien que les résultats semblent intéressants, plus de recul est
nécessaire pour juger de l'intérêt de la technique et de ses éventuels avantages
face à l'arthrodèse classique.
La prothèse discale est le dernier témoignage en date de l'escalade
thérapeutique. Il s'agit d'une intervention lourde, non dépourvue de risques. Le
comportement à long terme de la prothèse n'est pas connu.
7. - La rhizolyse
La rhizolyse est
utilisée pour dénerver une ou plusieurs articulaires postérieures. L'on doit
cette idée à un "médecin volant" australien, Rees. Il introduisait pour cela un
petit bistouri d'ophtalmologiste à l'aveugle au contact de la colonne et
grattait consciencieusement l'os, espérant ainsi trancher les fibres nerveuses.
Il y avait quelques hématomes, mais surtout, Rees proclamait 99% de guérisons.
Quoique ce pourcentage fasse irrésistiblement penser à une élection truquée,
l'idée était intéressante et fut reprise aux Etats-Unis en utilisant une
aiguille spéciale introduite sous contrôle radioscopique au contact de la
branche postérieure. Grâce au passage d'un courant, l'extrémité de l'aiguille
chauffe et cautérise le nerf. L'intervention, menée sous anesthésie locale,
n'est quasiment pas douloureuse.
Son efficacité réelle se situe aux alentours de 60% d'améliorations franches. Ce
procédé a souffert de son absence d'évaluation en double aveugle et reste peu
pratiqué. Là aussi, la sélection des patients est primordiale. On doit réserver
la rhizolyse aux patients soulagés temporairement par des infiltrations
articulaires postérieures. Les échecs s'expliquent sans doute par l'innervation
complexe de ces articulations, provenant de plusieurs nerfs à la fois, pouvant
plus ou moins repousser, et parce que la douleur vertébrale est
pluri-factorielle. En contre-partie, la rhizolyse est totalement anodine.
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XV
Vingt questions sur le mal de dos
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Il y a cent
questions que l'on se pose concernant le mal de dos. Tout au long de ce livre,
nous en avons vu beaucoup. Mais il en est qui par la fréquence avec laquelle
elles reviennent méritent un chapitre spécial. Le voici.
1. - Le
mal de dos est-il un rhumatisme ?
Curieusement,
certaines personnes sont plus inquiètes de savoir que leur mal de dos pourrait
être un "rhumatisme" que de leur mal de dos lui-même ! Au mot "douleur", le
Petit Larousse donne justement un synonyme: "Rhumatisme". Et dans l'esprit de
beaucoup, le rhumatisme est associé au grand âge, aux doigts qui se nouent et
aux douleurs diffuses. Mais qu'est-ce qu'un rhumatisme? Un ensemble de maladies
très variées dont le point commun est une inflammation d'une ou plusieurs
articulations (y compris les articulations de la colonne) qui apparaît un beau
jour, dure plus ou moins longtemps et disparaît en laissant parfois subsister
une raideur. C'est ce qu'exprime la racine grecque "rheuma", "je m'écoule",
racine que l'on retrouve dans le banal rhume. La plupart des "rhumatismes"
touchent les articulations des doigts, les poignets, les genoux ou les hanches.
Il n'y a qu'une maladie rhumatismale qui atteint préférentiellement la colonne,
c'est la spondylarthrite. Cette maladie touche surtout des hommes jeunes, mais
parfois aussi des femmes. Elle se traduit par des poussées d'inflammation qui
touchent d'abord les articulations sacro-iliaques (tantôt l'une, tantôt l'autre)
puis la colonne lombaire et dorsale. Il peut s'y associer des douleurs des
talons, des côtes, des hanches même. Les anti inflammatoires sont très efficaces
mais doivent être poursuivis longtemps, car les poussées peuvent durer plusieurs
mois. Les autres douleurs vertébrales ne sont pas d'origine rhumatismale mais
plus simplement dégénérative.
2. - Ne suis-je pas trop jeune pour avoir de l'arthrose ?
L'arthrose de la
colonne est très différente de l'arthrose de la hanche ou des genoux par exemple.
Dans ces deux derniers cas, il s'agit souvent d'une arthrose qui correspond à un
amincissement du cartilage articulaire. Elle risque d'entraîner rapidement des
douleurs plus ou moins gênantes. L'arthrose vertébrale, elle, est très fréquente
et le plus souvent indolore. Il n'y a pas de lésion cartilagineuse mais un
affaissement plus ou moins marqué du disque en raison de sa structure même (déshydratation
du noyau discal) et ce sans conséquences graves la plupart du temps. L'arthrose
vertébrale commence effectivement assez tôt dans la vie, souvent vers 40 ans,
parfois avant en particulier au niveau du cou. Sa survenue est pratiquement
inéluctable, contrairement à l'arthrose de hanche ou du genou. Pas d'inquiétude
donc.
3. - Le mal de dos est-il héréditaire ?
Pourquoi pas ?
Laissez-moi vous parler d'un travail scientifique présenté par des chercheurs
finlandais et américains lors d'un congrès médical sur le mal de dos, en 1995.
Ces médecins avaient examiné 115 vrais jumeaux en leur soumettant un
questionnaire ayant trait à leurs habitudes de vie, leur travail et d'une façon
générale aux contraintes que subissent quotidiennement leurs colonnes
vertébrales. Puis ils leur avaient fait passer une IRM. Dépouillement des
résultats, confrontation des questionnaires et des images du dos : même avec des
contraintes lombaires très différentes, deux vrais jumeaux avaient des disques
qui se ressemblaient beaucoup. Les anomalies discales observées étaient
expliquées à 7% par les contraintes de travail, à 10% par l'âge et à plus de 50%
par l'hérédité. Nous avons les disques que nous ont légués nos parents. Ce que
nous en faisons n'a finalement pas beaucoup d'importance...
Mais attention, il s'agit ici de dégénérescence discale, c'est à dire du
vieillissement plus ou moins rapide du disque. Ce n'est pas le mal de dos, qui
n'en est que la traduction clinique éventuelle. Il est si fréquent qu'il est
bien difficile de démêler l'hérédité du hasard.
Cependant, en dehors de la dégénérescence discale, d'autres lésions paraissent
liées à l'hérédité, en particulier la scoliose et, moins fortement, le
spondylolisthésis. De même les hernies discales de l'adolescent, souvent
sévères, qui peuvent traduire un "défaut de fabrication" du disque (il est trop
jeune pour avoir subi beaucoup de contraintes) sont souvent "de famille".
Mais finalement, plus que le mal de dos, si fréquent, ne serait-ce pas l'absence
de mal de dos qui est héréditaire ? La question mérite au moins d'être posée...
4. - Quand faut-il consulter quand on a mal au dos ?
Beaucoup de gens
souffrent de leur dos, mais n'arrivent pas à se décider à venir consulter un
médecin. Ils pensent que leur crise n'est pas grave et qu'elle va guérir toute
seule. Ou bien ils ignorent qui aller voir, pensant que leur généraliste ne
pourra pas faire grand chose. Pourtant, le mal de dos se soigne. Des
spécialistes travaillent, la recherche avance et les cas sans solution sont
vraiment rarissimes. Traîner ne sert à rien.
Je conseille de prendre deux éléments en compte pour savoir si vous devez ou non
consulter. Le premier est la gène ressentie, le second le caractère nouveau de
votre douleur.
La gène comprend non seulement l'intensité de la douleur mais aussi son
retentissement sur vos activités quotidiennes. Chaque geste douloureux, chaque
position inconfortable la pérennise, l'entretient, la réactive et la prolonge.
Essayez dans un premier temps un peu d'aspirine, ménagez-vous, évitez autant que
possible de la déclencher en éliminant toutes les activités non indispensables
(sport, bricolage en particulier). Si elle persiste, consultez.
Si cette crise est la première, raison de plus. Au contraire, si vous avez déjà
souffert de façon identique auparavant, et si les autres fois, la douleur a
disparu d'elle-même, alors vous pouvez patienter.
Il existe une troisième catégorie de motifs à consulter rapidement un médecin,
c'est la présence de signes de gravité, que les anglo-saxons nomment plaisamment
"red flags" (les drapeaux rouges) : douleur à recrudescence nocturne, qui fait
craindre une inflammation sévère, paralysie d'une jambe ou d'un bras, même
légère (difficultés à remuer les orteils par exemple), troubles pour uriner au
cours d'une sciatique, fièvre ou mauvais état général (amaigrissement, perte de
poids), qui évoque une infection ou une tumeur.
5. – Existe t'il un risque à ne pas consulter si l'on souffre ?
En dehors des cas
avec signes d'alarme (voir ci-dessus), et contrairement à ce qui se passe pour
une rage de dent par exemple (qui peut se compliquer d'abcès), il n'y a pas
grand risque à laisser évoluer une douleur de dos, sinon de continuer à être
gêné. Mais il se pourrait bien que dans certains cas, la persistance de la
douleur, donc des lésions qui la provoquent, soit néfaste. Certaines d'entre
elles correspondent en effet à des poussées d'inflammation, à des compressions
de nerf ou à des déchirures discales susceptibles de s'aggraver en l'absence de
traitement. La prudence doit prévaloir et dans le doute, comme on dit en
médecine, l'on ne s'abstient pas.
6. - On m'a dit que j'avais une vertèbre déplacée...
Je ne connais pas
de diagnostic plus frappant, plus simple et plus parlant que la "vertèbre
déplacée". L'inventeur de la formule mériterait un prix de communication
médicale... si elle n'était fausse ! Les vertèbres ne se déplacent
malheureusement pas, ni ne glissent (sauf le cas très particulier du
spondylolisthésis). Elles sautent encore moins. Un diagnostic... déplacé, donc,
comme l'est sa variante proche, le "bassin déplacé", diagnostic fétiche et
quasiment obsessionnel des ostéopathes non médecins ("Mon ostéopathe m'a remis
le bassin en place"). Tout au plus, une vertèbre peut-elle se "bloquer" (ne plus
bouger) en raison de la contracture musculaire péri-vertébrale. Du reste, la
douleur du dos vient beaucoup plus souvent des disques intervertébraux, des
muscles, des ligaments ou des nerfs que des vertèbres elles-mêmes.
7. - J'ai les reins trop cambrés. Est-ce pour cela que j'ai mal ?
La lordose
lombaire (nom scientifique de la cambrure) a, en France, une abominable
réputation. Le dos trop creusé est considéré comme une cause évidente de
douleurs lombaires. Des centaines de milliers de prescriptions de rééducations
ont été (et sont encore) rédigées pour diminuer la lordose lombaire des
patient(e)s lombalgiques. Ceci ne repose sur aucune notion sérieuse. Il n'y a
aucun parallélisme entre cambrure naturelle et douleur. Les dos trop creusés
peuvent avoir leurs problèmes spécifiques (spondylolisthésis par exemple), mais
les dos "normalement" ou pas assez creusés ont aussi les leurs. Cette légende
vient peut-être du fait qu'un dos trop creusé en bas est synonyme d'attitude
relâchée, voire négligente, de mollesse... notions associées plus ou moins
inconsciemment à l'idée de douleurs.
8. - Que puis-je faire contre l'arthrose ?
Il n'y a
malheureusement pas grand chose à faire contre l'arthrose vertébrale. Aucun
traitement médicamenteux n'a d'action préventive sur elle, contrairement à
certaines arthroses de hanche ou de genou dont l'évolution peut être maintenant
un peu ralentie. En fait, il y a une différence de nature entre une articulation
comportant du cartilage et le disque intervertébral. Ce dernier écarte les
vertèbres comme un pneu soulève la voiture du sol. Quoi que l'on fasse, le pneu
va se dégonfler peu à peu avec le temps. De même le disque va se déshydrater et
les vertèbres se rapprocher. Le cartilage, lui, est beaucoup plus stable. Il ne
se déshydrate pas. Autrement dit, l'arthrose vertébrale est pratiquement
constante au delà d'un certain âge, et peut être considérée comme quelque chose
de normal si elle reste modérée.
9. - Qu'est-ce qu'une "protrusion du disque" ?
Vous avez lu
votre compte-rendu de scanner et vous avez découvert que vous aviez une
"protrusion". Comme vous ne savez pas ce que c'est, vous avez ouvert votre
dictionnaire. Mais pas de trace de protrusion entre "protractile" et
"protubérance" (qui a pourtant la même racine latine)...
Il s'agit d'un mot anglais, qui témoigne d'une poussée du disque vers l'arrière,
localisée à droite ou à gauche. C'est en fait le stade qui précède la hernie
discale. La protrusion est moins volumineuse qu'une hernie. Elle est souvent
plus durable aussi. Il y a en général peu de risque qu'elle se transforme en
vraie hernie. Il s'agit en fait de deux maladies différentes. Pour plus de
précisions, reportez-vous au chapitre sur le mal de dos de la femme jeune. Le
bulgus est encore autre chose. C'est un bombement régulier et symétrique du
disque. Il est regrettable qu'il règne une certaine confusion sur ces trois
termes dans certains compte-rendus radiologiques.
10. - Hernie discale et sciatique, c'est pareil ?
Presque, mais pas
tout à fait. Tout d'abord, la hernie est une lésion de la colonne, la sciatique
une sensation (douloureuse). En fait, la plupart des hernies discales donnent
des sciatiques, mais pas toutes. Certaines ne donnent que des douleurs lombaires
(sans douleur dans la jambe), et d'autres peuvent même ne donner aucun symptôme
(si elles ne sont pas trop grosses). D'autre part toutes les sciatiques ne sont
pas dues à une hernie discale. Certaines sont causées par une compression du
nerf d'origine arthrosique, d'autres par une irritation chimique du nerf sans
compression. Pour chacune de ces situations, le traitement sera différent.
11. - Vais-je finir paralysée ?
Si vous vous
posez la question, rassurez-vous, il n'y a aucun risque. Encore moins de finir
dans un fauteuil roulant. Les douleurs communes n'évoluent jamais vers une
paralysie. Il y a une exception, c'est la sciatique paralysante. Son
installation est tellement soudaine que la seule question que l'on puisse se
poser à son sujet est : "Est-ce que cette paralysie va durer ?" Elle est
d'ailleurs d'importance très variable. Elle peut aller de l'atteinte d'un seul
muscle à celle de toute la jambe. Son pronostic est imprévisible et le bénéfice
de l'opération n'est pas établi avec certitude. La récupération se fait surtout
au cours des quatre premiers mois, quoiqu'elle puisse demander parfois douze à
dix-huit mois. Elle n'est pas toujours complète.
12. - Le mal de dos se traite t'il par le repos ?
Faut-il se mettre
en arrêt de travail en cas de douleur aiguë ? Beaucoup de médecins conseillent
le repos strict au lit. Méditez cependant l'histoire du premier opéré de hernie
discale. C'était en 1932 à Boston (Etats-Unis). Avant toute intervention, le
chirurgien, prudent, le mit au lit. Un an. Et un an plus tard, comme il
souffrait encore, il se décida à l'opérer... C'est un cas extrême, mais un
alitement imposé de trois à quatre mois était monnaie courante à cette époque.
On ne conseille plus guère de rester si longtemps au lit actuellement, ne
serait-ce qu'en raison du risque de phlébite. En fait tout dépend de l'intensité
de la douleur. Si elle est vraiment très forte (sciatique ou lumbago
hyper-algique), mieux vaut rester allongé quelques jours. Une sciatique qui
reste hyper-algique malgré quinze jours de repos au lit mérite d'être opérée.
Quant aux lumbagos, leur phase aiguë et incapacitante ne dépasse pas une
semaine.
Dans les autres cas, en particulier lorsque la douleur est relativement modérée,
il a été démontré que le repos ne servait à rien, voire même qu'il était nocif !
Il rend le patient passif, ce qui ne l'incite pas à se prendre en charge. Autant
que possible, essayez de continuer votre travail quotidien, au besoin avec un
petit corset rigide qui maintiendra votre dos et lui épargnera des fatigues
inutiles. Les arrêts de travail qui se prolongent sont un très mauvais signe. Au
delà de six mois d'inactivité, un patient n'a pratiquement plus aucune chance de
reprendre un jour son travail et devient un "invalide".
13. - J'ai une jambe plus courte que l'autre
Il est fréquent
de constater chez des patient(e)s la présence d'une asymétrie de longueur des
membres inférieurs. Quel rapport avec le mal de dos ? Tout d'abord, une telle
asymétrie est fréquente et, en règle générale, modérée (5 à 10 mm). Une des
causes classiques est la survenue d'une fracture dans l'enfance (mais attention
! la fracture stimule la production d'os et va donc allonger la jambe. C'est
l'autre jambe qui paraîtra plus courte par comparaison). Il n'est pas sûr qu'une
différence de longueur ait un rôle nocif ; le contraire est même probable, ainsi
qu'en témoigne l'absence habituelle de tout problème de dos après la pose d'une
prothèse de hanche (qui peut raccourcir ou allonger un peu la jambe. En cas de
doute, rien n'empêche le port d'une petite talonnette du côté le plus court
pendant un mois environ. Si l'on se sent mieux avec, on la gardera. Dans le cas
contraire, on n'aura pas pris de grands risques.
14. - Y a t'il une alimentation particulière qui puisse faire éviter le
mal de dos ?
Aucune
alimentation particulière n'est capable d'éviter le mal de dos. Néanmoins, la
prévention de l'ostéoporose passe, en partie, par un apport quotidien d'au moins
1,2 grammes de calcium. Les produits laitiers et surtout les fromages à pâte
dure et cuite en contiennent beaucoup.
Par ailleurs, il était habituel de dire que la caféine augmentait légèrement les
contractures musculaires, rendait anxieux et amplifiait les sensations
douloureuses, tout cela pouvant bien sûr exacerber les douleurs de dos. Une
étude récente a prouvé qu'il n'en était rien, en montrant l'absence de lien
entre la consommation de café et lombalgies. Cependant, la caféine pourrait
avoir un impact négatif sur le sommeil, et l'on sait que les douloureux
chroniques dorment mal. Donc pas trop d'excitants (café, tabac) avant de se
coucher. Mieux vaut un repas léger le soir.
15. - Et si je maigrissais, aurais-je moins mal au dos ?
Sans doute pas.
Cette réponse paradoxale, peu de médecins vous la feront. Elle me semble
pourtant logique. Car qu'est-ce que l'obésité, ou même le simple surpoids, sinon
une accumulation de graisse dans les cuisses et l'abdomen pour l'essentiel ? Or,
cette charge est supportée non par la colonne mais par le bassin. Autrement dit,
quelques kilos en plus ou en moins n'ont strictement aucune influence sur la
colonne lombaire. Mais attention ! Ce que supporte le bassin est transmis aux
hanches et aux genoux, et là, il y a un vrai risque d'aggraver une arthrose
pré-existante. Ces notions de bon sens sont, sinon confirmées, du moins
soutenues par le fait que les hernies discales sont plus fréquentes chez les
grands maigres, alors que l'arthrose des membres inférieurs est plus fréquente
chez les femmes ayant un surpoids.
16. - Et si j'arrêtais de fumer ?
Le tabac n'est
bon ni pour le coeur, ni pour les poumons, ni pour le dos. La nicotine diminue
le débit sanguin dans les petites artères nourricières des différents viscères.
Ceci s'applique aussi aux disques intervertébraux. On a montré, chez des vrais
jumeaux dont l'un fumait et l'autre pas, le rôle nocif de la cigarette, les
fumeurs ayant des disques un peu plus abîmés que les non fumeurs. Ceci
s'applique aussi aux muscles. L'une de mes patientes fumait beaucoup avant de se
coucher. Elle se réveillait le matin avec des douleurs musculaires partout et un
mal au dos qui ne s'amendaient que tard dans la matinée. Je lui ai conseillé
d'arrêter. Comme par miracle, tout disparu avec la dernière cigarette.
D'autre part, le tabac fait tousser et la toux répétitive peut parfois
déclencher des douleurs dorsales. Enfin le tabac favorise l'ostéoporose. Il est
donc sage sinon de renoncer, du moins de diminuer votre consommation.
17. - Y a t'il une influence du temps ?
Tout le monde est
bien convaincu qu'un climat froid et humide est mauvais pour les douleurs en
général et pour le dos en particulier. Inversement, le chaud et le sec ont
meilleure réputation.
En fait, il semble que plusieurs facteurs interviennent. Le premier est la
pression atmosphérique. Des études ont montré que quand elle s'élève, la qualité
de vie dans les domaines physique, affectif et social s'améliore aussi. Le moral
devient meilleur, les douleurs s'en vont (plus ou moins...). Il en de même, à un
moindre degré de la température. L'humidité n'a pas de rôle significatif. Enfin,
l'accroissement de la luminosité au printemps a un effet très favorable sur les
dépressions saisonnières qui, comme chacun sait, apparaissent en automne. Il y a
donc tout un ensemble de facteurs météorologiques liés non pas directement, mais
indirectement aux douleurs de toutes sortes, la nature corrigeant en été ce
qu'elle a fait en hiver.
18. - Quels sports pratiquer ?
C'est une
question souvent posée, à la quelle je réponds en général "celui que vous
voudrez". Le sport ne doit se pratiquer que si l'on en a envie. Sinon, autant
lire un bon livre. L'entraînement physique peut être bénéfique pour le dos. Il
est sans grand effet sur les douleurs de cou. La plupart des sports sont sans
risque quand ils sont pratiqués sans excès. L'exercice physique peut même
améliorer un dos douloureux. Souvenez-vous aussi que les à-côtés du sport sont
souvent plus nocifs que le geste sportif lui-même. Il y a plus de risques pour
votre dos à lacer vos chaussures en vous penchant trop en avant qu'à courir cinq
kilomètres...
Le tennis
Il n'y a qu'un
sport qui puisse éventuellement être mauvais pour le dos, c'est le tennis. Les
brusques mouvements de torsion du tronc qui accompagnent revers et coups droits
pour rattraper des balles difficiles ont toutes les caractéristiques du "faux
mouvement" : brutalité, force, amplitude et absence de contrôle du geste. C'est
pourquoi les joueurs de tennis sont souvent victimes de leur dos. Mais si vous
jouez tranquillement, les risques sont minimes. Préférez alors les surfaces en
terre battue, plus souples, échauffez-vous longuement et ne prenez pas froid au
dos si vous transpirez.
Le
jogging
Le jogging peut
être pratiqué sans crainte, sous réserve de bonnes chaussures qui amortissent
les vibrations nocives pour la colonne. Evitez de courir sur du dur si vous avez
mal au dos. Evitez également les terrains trop accidentés qui imposent des
mouvements importants à la charnière lombo-sacrée. Si vous n'aimez pas courir,
faites de la marche à pied; c'est excellent. On a même montré que les métiers où
l'on marchait beaucoup entraînaient moins de dégénérescence discale que les
métiers sédentaires. Alors n'hésitez pas.
La
natation
La natation jouit
d'une excellente réputation. Il est vrai qu'elle favorise un bon positionnement
du rachis, en particulier la nage sur le dos. Vous pouvez préférer nager sur le
ventre, position qui accentue la lordose lombaire (à éviter si vous avez mal en
creusant les reins). Votre cou peut aussi être gêné par l'hyper-extension si
vous nagez la brasse, ou la rotation si vous préférez le crawl. Dans ce cas,
choisissez la nage indienne, sur le côté. Pour savoir, il faut essayer et voir :
il n'y a pas de réponse toute faite.
Le golf
Ce sport a connu
un développement rapide lié à l'agrément qu'il procure aux citadins privés de
verdure. Il reste cher cependant. Celles qui ont la chance de le pratiquer
noteront qu'un swing (les canadiens disent un élan, c'est plus joli) bien fait
n'est pas mauvais pour le dos, car il s'agit d'un mouvement bien programmé,
régulier et contrôlé, le contraire du tennis en quelque sorte. Méfiez-vous quand
même des coups difficiles dans le rough (les "herbes longues") ou les bunkers
(les "trappes à sable", avec l'accent canadien). En fait, c'est en soulevant
votre sac ou en tirant votre chariot que vous risquez de vous faire mal.
Choisissez un chariot électrique, sinon poussez-le plutôt devant vous. Car comme
le disait joliment l'une de mes patientes, on tire avec son dos, on pousse avec
son corps.
La
musculation
Elle aussi a
connu un "boum" en l'espace de vingt ans. On regardait alors, vaguement
ironiques, ceux qui s'adonnaient au "culturisme". La venue de l'aérobic, du
stretching et d'appareils de musculation permettant un dosage précis de
l'effort, la prise de conscience de la nécessité d'entretenir son corps et sa
silhouette ont changé tout cela. Les femmes sont en majorité dans ces salles de
sport. En cas de douleur lombaire, évitez les squats qui peuvent être dangereux.
Certains exercices peuvent réveiller vos douleurs. C'est le cas des machines à
fessiers ; assise, vous écartez progressivement les genoux contre résistance. Ce
travail des fessiers s'accompagne de façon automatique d'une contraction des
muscles lombaires, donc d'une lordose active avec compression des disques
potentiellement nocive. C'est aussi le cas de la musculation du bas du dos. A
plat ventre, le tronc pend dans le vide et vous devez, en contractant les
para-vertébraux, vous redresser. Arrêtez ce mouvement à mi-chemin, sans trop
creuser le dos. S'il est douloureux, travaillez plutôt les abdominaux. Si là
aussi, vous avez mal, arrêtez tout et attendez la fin de la crise. A titre
préventif, équilibrez le travail de ces deux groupes musculaires.
L'équitation
L'équitation a
mauvaise réputation. Surtout parmi ceux ou celles qui ne la pratiquent pas.
Monter à cheval est excellent pour le dos, parce que vous devez vous tenir bien
droit, le bas du dos légèrement cambré et maîtriser les mouvements de votre
bassin. De plus, les mouvements du cheval au pas se communiquent à vos disques
lombaires. L'alternance souple de balancements latéraux favorise alors leur
nutrition. N'hésitez plus...
Le ski
Partir au ski
avec une douleur lombaire qui ne guérit pas n'est pas très prudent. Skiez en
souplesse, surtout sur les bosses. Choisissez les pistes bleues ou rouges
faciles. Evitez les pistes noires et autres descentes kamikazes, fuyez le hors-piste.
Faites aussi attention au démarrage des remonte-pentes, qui souvent donnent un
à-coup brusque dans le bas du dos.
La
planche à voile
Si vous maîtrisez
parfaitement ce sport, il n'y a pas de problème. La position que vous adoptez
entraîne une contraction équilibrée des muscles du tronc qui peut soulager votre
gène lombaire. Si vous êtes débutante, préférez le bain de soleil. L'effort pour
remonter sur la planche si vous êtes tombée à l'eau, et pour redresser le mat
est considérable.
Le
Taï-chi
Cette gymnastique
lente et harmonieuse largement pratiquée en Chine arrive lentement chez nous.
Les plus âgé(e)s y trouvent une forme d'exercices particulièrement adaptés à
leur condition physique. On y travaille la coordination et l'équilibre. La
conséquence, comme le montre une étude récente sur le sujet, est que ce sport
réduit le risque de tassement vertébraux et de fractures du col du fémur chez
les femmes ostéoporotiques. Comment ? Avec un meilleur équilibre, elles tombent
moins facilement.
La marche
à pied
C'est finalement
le meilleur et le plus simple à pratiquer des exercices, à condition de marcher
au moins une demi-heure d'affilée, deux à trois fois par semaine si possible. Il
faut marcher d'un bon rythme, la vraie marche à pied n'ayant rien à voir avec le
lèche-vitrine. L'intérêt de cet exercice est qu'il peut être poursuivi fort tard
dans la vie, sans aucun risque et que son bénéfice est global : poumons,
circulation, appareil locomoteur (action favorable sur les muscles, les
articulations, les disques, la densité osseuse), et finalement détente
générale...
19. - Je pars en voyage. Quelles précautions prendre ?
Si vous avez mal
au dos et que vous devez voyager en avion, prenez quelques précautions simples.
Emportez avec vous des antalgiques et des anti-inflammatoires. Faites très
attention en attrapant vos bagages. Peu importe leur poids, tout est dans la
façon de les soulever du sol. Faites-le précautionneusement en gardant le dos
bien vertical. Ne les installez surtout pas vous-même dans le taxi, ne les
sortez pas non plus du coffre. De nombreux chauffeurs de taxi savent combien
cela est mauvais pour le dos : ils ouvrent la malle arrière et attendent que
vous les chargiez vous même ! Dans l'avion, même recommandation : demandez à
quelqu'un de mettre votre sac dans le compartiment à bagage. En vol, marchez un
peu dans le couloir, dégourdissez-vous les jambes si vous vous sentez ankylosée.
Si vous avez mal au cou, rien ne vaut un oreiller gonflable de voyage, qui
maintient la nuque bien droite sans effort. Mais globalement, l'avion est le
meilleur des moyens de transports lorsqu'on a mal au dos (la brièveté du voyage,
pour les vols domestiques, joue aussi).
Le train n'est pas trop mauvais, bien que certains trajets occasionnent des
secousses répétées. L'installation en hauteur de lourds bagages est évidement
dangereuse.
La voiture est peu recommandée si vous devez conduire vous-même sur un long
trajet : secousses, vibrations, crispation, siège pas forcément confortable sont
autant de facteurs négatifs. Arrêtez vous toutes les heures pour vous dégourdir
les jambes. Vous pouvez également installer une petite planchette de
contre-plaqué mince sur le siège et vous asseoir dessus : l'assise est meilleure
et votre dos mieux maintenu. Il existe dans le commerce des supports de ce type
combinant dossier et assise, à poser sur le siège.
Reste le problème de la literie. Les lits d'hôtel ne sont pas toujours très
bons. Si tel est le cas, deux solutions. La première, demander à la réception
s'ils disposent d'une planche à placer sous le matelas. La seconde, en dernière
extrémité : placez le matelas directement sur le sol...
Dernière recommandation, n'oubliez pas, si votre douleur est forte, d'emporter
vos radios ou votre scanner avec vous, qui ne prennent pas de place au fond
d'une valise. Ceci facilitera votre prise en charge à l'étranger, si une
aggravation survenait. Et si vous séjournez en France, demandez à votre médecin
le nom d'un correspondant éventuel sur place, si cela est possible.
20. - En l'an 2000, quels espoirs pour ceux qui souffrent du dos ?
Comme dans tous
les domaines, les connaissances progressent aussi dans celui du mal de dos.
Laissez-moi vous parler de quelques avancées, actuellement encore à l'état
d'hypothèses, de projets ou d'études mais un jour disponibles.
Freiner
l'évolution de la discarthrose
La discarthrose
désigne l'usure progressive du disque sous l'effet d'enzymes (corps chimiques
actifs) qui dégradent ou détruisent sa structure ou ses constituants. Il sera un
jour possible de freiner l'action de ces enzymes voire de les éliminer en
injectant une substance dans le disque. Peut-être même pourra t'on aider un
disque abîmé à se reconstituer, à reprendre du volume en quelque sorte.
Résorber
les hernies discales
J'ai été le
premier à montrer que les hernies les plus grosses étaient celles qui
disparaissaient le plus vite. Mais le mécanisme de résorption reste mal connu.
Il est probable que des cellules spécialisées dans l'attaque des microbes et des
corps étrangers (les macrophages) s'accumulent autour de la hernie et la
digèrent peu à peu. Dès lors, on a pu proposer de rendre la hernie plus
appétissante pour les macrophages en l'imbibant d'un composé chimique excitant (dit
"facteur chimiotactique"). Ce principe est déjà bien connu des fabricants de
"Ketchup" et des parfumeurs...
Mieux
identifier les structures qui souffrent
L'électrocardiogramme montre au cardiologue quelle est l'origine du problème
cardiaque de son patient. Mais ni la radio, ni le scanner n'en font autant pour
nous, spécialistes du mal de dos. L'avenir est à des examens dérivés de l'IRM,
qui pourront montrer très finement la structure interne des disques et des
articulations vertébrales, révélant les zones d'inflammation ou d'irritation,
les fibres désinsérées ou rompues, les fissures... Des loupes électroniques, en
quelque sorte.
Remplacer
les disques usés
Un disque usé
pourra dans quelques années être remplacé par une prothèse, comme pour les
hanches ou les genoux. Les premiers modèles sont en expérimentation, mais
l'opération est très lourde. Peut-être même sera t'il possible de greffer à sa
place un disque vivant, mais les essais sur l'animal ne sont guère concluants
pour l'instant.
Mieux
utiliser demain les traitements d'aujourd'hui
Il existe
actuellement de très nombreux traitements du mal de dos, mais les indications
sont encore souvent empiriques (sauf en ce qui concerne la sciatique). Par
exemple, les manipulations ou les infiltrations donnent chacune environ 60% de
bons résultats. Comment mieux sélectionner les patients bons répondeurs pour
améliorer ce chiffre et éviter aux autres des traitements inutiles ? C'est le
but des études scientifiques qui chaque année paraissent par dizaines dans les
revues spécialisées. Nul doute que les indications et contre-indications se
préciseront peu à peu.
21. - Enfin, une dernière question en forme de conclusion : que retenir
de ce livre ?
Vous n'avez qu'un
dos. Ne lui faites pas de mal. Le mal de dos ne frappe pas au hasard.
Chaque attaque est souvent la rançon de mois ou d'années pendant lesquelles vous
avez trop demandé à votre dos, parfois sans même vous en rendre compte.
Et dans chaque douleur chronique, la frontière s'estompe entre condition
physique et psychique.
Alors : prudence...
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