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			Annales Médecine Physique 
			1972;15:275-92 
			
			Sémiologie clinique des dérangement intervertébraux mineurs
 
			R 
			Maigne  
			
 |     Lorsque la manipulation 
	soulage une algie vertébrale consécutive à un effort, à un faux mouvement, à 
	un trouble statique ou postural, il est évident qu'elle remédie durablement 
	ou temporairement à un désordre réversible provoqué par l'une de ces causes. La pratique des 
	thérapeutiques manuelles nous a permis de nous rendre compte, au fil des 
	années, que dans des cas de cervicalgies, dorsalgies, lombalgies communes, 
	aiguës ou chroniques, et tout particulièrement dans celles qui étaient 
	électivement aidées par la manipulation, un seul étage vertébral est 
	responsable du syndrome douloureux ; et cela même si les lésions 
	radiologiques d'arthrose ou de détérioration discale sont plus étendues. Il 
	est donc important de pouvoir mettre en évidence cet étage responsable, 
	d'autant qu'il arrive que ce soit le moins atteint radiologiquement. Or 
	l'examen clinique classique ne le permet généralement pas. C'est seulement 
	dans les cas où existe une algie radiculaire que l'on peut sur la 
	topographie de la douleur des troubles moteurs ou réflexes éventuels, 
	déterminer l'étage vertébral atteint. C'est pourquoi dans certains cas 
	difficiles de lombalgies rebelles par exemple, il faudra avoir recours à des 
	examens avec substance de contraste ou à la discographie, mais seulement 
	lorsque l'intervention est envisagée. Or, dans la majorité des cas habituels, 
	il est possible par un examen attentif de petits signes toujours présents de 
	déterminer s'il y a une souffrance particulière d'un segment vertébral. 
	C'est ce que nous nous proposons de montrer ici.    Cette question est 
	capitale en matière de thérapeutique manuelle, car la manipulation n'est 
	justifiée que s'il existe un dérangement mécanique. C'est ainsi que 
	certaines céphalées, certaines épicondylalgies sont soulagées par la 
	manipulation cervicale appropriée ou aggravées par la manipulation inverse. 
	Mais ce n'est pas sur une simple impression clinique que l'on doit « tenter 
	» la manipulation, ni sur les seules impressions du patient que l'on doit 
	juger de ses effets. Il faut mettre en évidence ce dérangement segmentaire 
	et en préciser les caractères. Ce problème est donc capital pour l'emploi et 
	la justification des manipulations, mais il n'est pas moins important pour 
	la compréhension des algies vertébrales communes. 
	   
	   
	
	I) Que peut être ce dérangement 
	intervertébral mineur ? 
	     
	 Ce dérangement ne peut 
	siéger que dans les éléments mobiles du rachis, c'est à dire en dernière 
	analyse en ce que Junghanns a appelé le « Segment mobile » et qui comprend 
	ce qui joint deux vertèbres adjacentes, c'est à dire le disque, les 
	articulations interapophysaires, les ligaments et les muscles. 
   
	Fig. 1 et 2 :
	
	Le Segment mobile de Junghanns
	   
   En fait, une telle lésion 
	mécanique ne peut siéger que dans le disque, ou les articulations 
	interapophysaires. Mais il faut concevoir aussi l'existence d'un « 
	dérangement fonctionnel », dans ce système vertébral placé sous le signe du 
	fonctionnement automatique. Nous allons voir d'abord 
	quelles sont les lésions mécaniques (et réversibles) possibles des 
	articulations intervertébrales et des disques.    1) Lésions possibles des 
	articulations interapophysaires     Nous ne voulons pas 
	revenir sur les importants rapports que l'on trouvera dans ce même volume 
	sur ce sujet. Mais rappelons que pour la plupart des auteurs, il ne peut y 
	avoir de blocage mécanique intra-articulaire par lésion du petit ménisque 
	intra-articulaire beaucoup trop mince pour cela. Peut-être dans certains cas 
	peut-il y avoir pincement et souffrance d'une frange synoviale (Junghanns) 
	comme cela peut se voir dans certaines entorses tibiotarsiennes, où Florent 
	nous a dit avoir à l'intervention trouvé des franges synoviales infarcies et 
	très oedématiées Cela pourrait rendre compte de certaines douleurs aiguës 
	mais pas des douleurs chroniques qui sont les plus fréquentes.    2) Lésions discales possibles    Il peut s'agir : 
	
	
		soit de blocages intra-discaux où l’anulus 
		n'est pas complètement déchiré,
	
		soit de hernie discale où l’anulus est 
		complètement déchiré et où le nucléus fait saillie hors du disque,
	
		soit enfin d'insuffisance discale. 
	  
	a) Hernie discale La hernie discale donne 
	dans la majorité des cas un syndrome radiculaire. Le tableau clinique (sciatique, 
	NCB, etc.) est bien classique : il comporte des troubles sensitifs, 
	éventuellement des troubles moteurs plus ou moins importants et des troubles 
	réflexes. Mais il s'ajoute à ces signes d'hypo ou hyperesthésie, d'hypotonie 
	ou de diminution de la force musculaire, des symptômes plus discrets qui ne 
	sont pas décrits dans les traités classiques mais qui revêtent un 
	particulier intérêt dans l'étude et le traitement des algies vertébrales 
	communes. Nous avons, il y a 
	quelques années, attiré l'attention sur ce syndrome neurotrophique 
	d'accompagnement des douleurs radiculaires, que nous appellerons « syndrome 
	tendino-cellulomyalgique ». Il comporte :   
	
	
		des plaques de cellulalgie vivement 
		sensibles au palpé-roulé dans certaines parties du dermatome de la 
		racine concernée ;
	
		des faisceaux musculaires indurés et très 
		sensibles (comme des contractures localisées) dans le corps de certains 
		muscles tributaires de la racine atteinte ;
	
		des douleurs téno-périostées qui ne sont 
		souvent révélées que par la palpation et qui se trouvent dans le 
		territoire innervé par la racine concernée (épicondylalgie pour C6, 
		douleur du grand trochanter pour L5, etc.) 
	  Ces zones de sensibilité 
	(cutanées, musculaires ou ténopériostées) ne sont retrouvées que par 
	l'examen systématique. Elles peuvent être responsable de la persistance de 
	la douleur radiculaire initiale ou si celle ci a manqué, de douleurs, 
	sources d'erreur de diagnostic. Nous y reviendrons.    
	b) Blocages intra-discaux C'est le blocage d'un 
	fragment de noyau dans une fissure incomplète de l’anulus. On connaît 
	surtout les blocages postérieurs qui, à la région lombaire sont 
	classiquement tenus pour responsables du lumbago aigu ou de certaines 
	lombalgies chroniques (de Séze). Il faut noter que 
	l'existence d'une hernie discale ou d'un blocage intra-discal, qu'il soit 
	postérieur ou latéral ou antérieur, retentit sur le fonctionnement de 
	l'ensemble du segment mobile. Par mauvaise répartition des contraintes, 
	certains éléments vont donc subir des tractions ou des pressions qu'ils ne 
	peuvent supporter (ligament, articulation, muscle) et de ce fait vont 
	souffrir. La symptomatologie de cette souffrance va s'ajouter à celle propre 
	au disque, si celui ci provoque par sa pression des troubles, ou être isolée 
	si le disque ne comprime directement aucun élément sensible (fig. 3). 
 
	 Fig. 3 : Blocage discal postérieur ; ses conséquences sur les 
	articulations interapophysaires et le ligament interépineux.
 
	 Fig. 4  : Un blocage discal postérolatéral entraîne un 
	dysfonctionnement des articulations postérieures.
 
   Cette souffrance peut se 
	traduire par des douleurs locales ou irradiées, selon une topographie 
	pseudoradiculaire, comme l'ont montré les expériences de Kellgren. Rappelons 
	que celles-ci consistent, après anesthésie de la peau, à injecter dans le 
	ligament interépineux ou dans un muscle paravertébral, une solution saline 
	hypertonique à 5 %. Mais c'est surtout sur 
	une des deux articulations interapophysaires que le « stress » mécanique se 
	fait le plus sentir. Il n'est pas de « Dérangement intervertébral mineur » 
	sans souffrance articulaire d'un côté. Cela est facile à constater au niveau 
	du rachis cervical où ces articulations sont très facilement palpables. L'intimité de leur 
	rapport avec la branche postérieure du nerf rachidien (Lazorthes) fait que 
	la souffrance de ces articulations interapophysaires (oedème, réactions 
	périarticulaires, etc.) retentit toujours sur le nerf. En fin de compte, pour 
	provoquer des douleurs, il n'est pas nécessaire que la hernie discale ou le 
	blocage intradiscal soient directement symptomatiques. Ils peuvent être 
	symptomatiques par eux-mêmes, mais le devenir par l'intermédiaire du 
	ligament interépineux ou de l'articulation interapophysaire que leur 
	présence fait souffrir. Il nous paraît 
	vraisemblable qu'un grand nombre de dérangements intervertébraux mineurs 
	sont dus à ce mécanisme, et que l'un des modes d'action de la manipulation 
	est de modifier légèrement la position du fragment discal bloqué, donnant au 
	segment mobile un équilibre dynamique meilleur, moins traumatisant pour les 
	autres éléments, notamment le système articulaire postérieur.    3) Le dérangement fonctionnel    Il faut souligner que 
	dans le système vertébral qui fonctionne sous le signe de l'automatisme, 
	tout dérangement mécanique est pratiquement la cause d'un Dérangement 
	fonctionnel créé par les sollicitations anormales qu'il provoque sur des 
	éléments riches en innervation proprioceptive. Cela modifie le stéréotype 
	neuromusculaire normal. Le spasme musculaire est l'élément le plus objectif, 
	en tout cas le plus palpable de ce dérangement fonctionnel qui peut 
	persister alors que le dérangement mécanique est devenu minime, et peut être 
	même a disparu. L'action inhibitrice de la manipulation sur ce 
	spasme constitue sans doute un des points les plus importants de son mode 
	d'action.       
	
	II) Signes du dérangement intervertébral 
	mineur 
	     
	 L'examen attentif va 
	permettre de retrouver toute une série de petits signes qui vont traduire la 
	souffrance d'un étage vertébral. Ils sont la conséquence du 
	disfonctionnement local, de l'irritation de la branche postérieure du nerf 
	rachidien et de celle des éléments du trou de conjugaison. Ce sont donc : 
	
	des signes locaux, 
	
	des signes régionaux, 
	
	des signes à distance. 
	 
	  Aucun d'entre eux n'est 
	pathognomonique d'un dérangement de nature mécanique ; ils sont simplement 
	le témoignage de la souffrance ou de la perturbation du segment vertébral 
	correspondant. C'est sur l'ensemble des 
	données de l'examen clinique, radiologique et des examens complémentaires 
	que l'on pourra poser l'étiquette du dérangement bénin. Mais celui ci ne 
	sera une indication à la manipulation que s'il répond à un certain nombre de 
	critères que nous avons définis par ailleurs et notamment si la Règle de la 
	non douleur et du mouvement contraire peut être appliquée.    1) Signes locaux    Certains seront fournis 
	par la palpation qui cherche à apprécier certaines modifications 
	tissulaires locales. Les autres par des manoeuvres de pression sur 
	les épineuses qui vont solliciter le Segment Mobile dans différentes 
	directions.    a) La palpation 
	paravertébrale 
	 Elle permet de mettre en évidence ce que nous 
	appelons le point paravertébral. En effet, la palpation superficielle, à 
	peine effleurée, faite avec la pulpe des doigts qui parcourt de haut en bas 
	les gouttières paravertébrales, va permettre à l'opérateur entraîné de 
	retrouver sur une toute petite surface de moins d'un centimètre carré des 
	signes pour lui familiers. Cette zone se situe à un travers de doigt de la 
	ligne médiane et n'existe généralement que d'un seul côté. Le doigt qui 
	palpe a une impression d'oedème superficiel très localisé et d'une tension 
	profonde des tissus. Ce signe est particulièrement net dans les dérangements 
	thoraciques et cervicaux. Cette zone correspond 
	sensiblement à la projection de l'articulation interapophysaire 
	sous-jacente, dont elle traduit sans doute la souffrance. Si l'opérateur 
	augmente sensiblement sa pression sur ce point il va provoquer une vive 
	douleur, ce qu'il ne pourra pas faire sur les zones voisines ou symétriques 
	; mieux cette pression rappelle souvent au patient sa douleur habituelle. Il est tout à fait 
	surprenant pour le patient et encore plus pour ceux qui ne sont pas 
	familiarisés avec les thérapeutiques manuelles de voir l'opérateur repérer 
	ainsi très vite et avec une grande exactitude l'étage douloureux, sans même 
	interroger le patient. Et cela en promenant simplement la pulpe de l'index 
	et du médius le long de la ligne paraépineuse. La rapidité, la certitude et 
	la précision millimétrique de la localisation de l'étage perturbé grâce à ce 
	« Point para vertébral » ont fait beaucoup pour encourager les Ostéopathes 
	d'abord et d'autres ensuite à demander à cet examen purement palpatoire plus 
	qu'il ne peut raisonnablement donner. Mais aussi étonnant et 
	amusant que soit ce signe, il ne permet qu'un repérage et pas un diagnostic. Il n'en reste pas moins 
	que cette détection du « Point postérieur » est extrêmement commode, d'une 
	part, pour la localisation de l'étage, mais aussi pour juger sur sa 
	disparition ou son atténuation de l'efficacité d'une manoeuvre 
	thérapeutique.    b) manoeuvres de 
	pression On va maintenant 
	solliciter le Segment mobile en faisant des pressions sur les épineuses de 
	manière à créer un mouvement local exagéré. On fera des manoeuvres de 
	pression vertébrale beaucoup plus intéressantes. Ce sont : 
	
	
		la pression sur l'épineuse 
	
		la pression contrariée latérale des 
		épineuses
	
		la pression du ligament interépineux
		
	
		la pression sur l'articulation 
		interapophysaire.
	
		et la manoeuvre du « Point sonnette 
		antérieur » pour le rachis cervical inférieur. 
	   La pression sur 
	l'épineuse est la manoeuvre la plus utilisée dans l'examen 
	classique du rachis. Elle a un intérêt si la pression lente, médiate de 
	préférence, exercée sur elle, réveille une douleur profonde, plus encore si 
	elle augmente la douleur spontanée (fig. 5). Mais il faut se méfier 
	d'une cause d'erreur fréquente : la sensibilité superficielle de l'épineuse 
	due à une apophysite ou à une douleur d'insertion du ligament surépineux 
	qu'on peut reproduire par un frottement léger de l'épineuse.    La pression 
	contrariée latérale des épineuses (Maigne). Le but de cette 
	manoeuvre que nous proposons est de faire faire à un Segment Mobile donne un 
	mouvement électif de rotation forcée à droite, puis à gauche (fig. 6). 
 
	 Fig. 5 : Pression sur l'épineuse.
 
	 Fig. 6 : Pression latérale sur l'épineuse (a). Pression latérale 
	contrariée sur les épineuses (c). La manipulation à faire dans un tel cas 
	consiste à forcer la rotation de B dans le sens non douloureux, avec 
	éventuellement un contre-appui sur la transverse gauche de C. (d) : sens de 
	la manipulation.
 
	Fig. 7 : Pression sur le ligament surépineux. 
	Fig. 8 : Le point articulaire postérieur et interépineux. 
    On commence par faire une
	pression latérale sur les épineuses de la région examinée. 
	D'abord de droite à gauche, puis de gauche à droite (fig. 6 a). Si l'une de 
	ces manoeuvres sur une vertèbre est sensible dans un sens et plus encore si 
	elle exagère on reproduit la douleur du patient, on effectue la manoeuvre 
	suivante qui va permettre de savoir si l'étage responsable est l'étage 
	sus-jacent ou sous-jacent à la vertèbre sensible : tout en maintenant la 
	pression qui provoque la douleur, on va simultanément faire contre-pression 
	en sens opposé sur l'épineuse A sus-jacente (fig. 6 b), puis sur l'épineuse 
	c sous-jacente. L'une de ces deux manoeuvres (sur c) augmentera la douleur 
	primitivement provoquée ; l'autre non. Cela nous précisera exactement 
	l'étage qui souffre (étage B C). Dans le système thérapeutique que nous 
	préconisons, cela va aussi nous donner le sens précis de la manipulation à 
	faire (dans le sens de la non-douleur) (fig. 6 d). La manoeuvre de sens 
	opposée (B C) étant indolore.    La pression du 
	ligament inter-épineux. Il est habituel de noter que le ligament 
	interépineux d'un Segment Mobile siège d'un Dérangement intervertébral 
	mineur est nettement plus sensible à la pression que les autres. Cette 
	sensibilité, on la recherche avec un anneau de clé, peut disparaître après 
	manipulation (fig. 7). Mais elle peut parfois persister, alors que les 
	autres signes ont disparu. Et dans certains cas, cette souffrance 
	ligamentaire résiduelle entretiendra une douleur rebelle qui disparaîtra 
	après l'infiltration anesthésique du ligament. Cela constitue un test utile 
	et parfois le traitement. Dans les cas rebelles, la sclérose selon le 
	procédé mis au point par Barbon et Troisier sera la thérapeutique de choix, 
	mais pour nous seulement après que la manipulation aura remédiée au 
	dérangement responsable. Signalons qu'isolée, la 
	sensibilité d'un ligament interépineux traduit souvent une « instabilité 
	vertébrale » que d'autres appellent « hypermobilité ». La sclérose peut être 
	là aussi un bon traitement, mais il ne faut pas manipuler. Dans ce cas si 
	l'on trouve des signes de Dérangement Intervertébral Mineur, ils ne sont pas 
	fixes à différents examens : le Point Postérieur change de côté avec le 
	traitement; il peut être bilatéral, ce qui est exceptionnel dans les D.I.M. 
	qui répondent bien au traitement manipulatif; les muscles sont vite 
	irritables, etc...    Dernière manoeuvre de 
	pression que nous avons déjà évoquée tout à l'heure c'est la 
	pression sur l'articulation interapophysaire. Il n'est pratiquement 
	pas de dérangement intervertébral mineur sans un retentissement direct ou 
	indirect sur une articulation interapophysaire. La richesse de son 
	innervation, son intimité avec la branche postérieure du nerf rachidien en 
	fait une des sources principales des troubles qui découlent d'un dérangement 
	intervertébral mineur. Les articulations interapophysaires sont très 
	facilement palpables (palpation en douceur, sans appuyer) au niveau du 
	rachis cervical, le patient étant en décubitus dorsal ; il est intéressant 
	de noter que même dans les cas de cervicalgies ou il y a une arthrose 
	portant sur plusieurs étages, il n'y a généralement, sauf lors des poussées 
	inflammatoires, qu'une seule articulation sensible. Cette sensibilité 
	diminue ou disparaît instantanément après la manipulation réussie.    La manoeuvre du 
	point sonnette antérieur (Maigne). Elle est particulière au rachis 
	cervical. On place horizontalement le pouce qui va appuyer très légèrement 
	sur la partie antérolatérale du cou, étage par étage, d'abord en avant où il 
	comprimera légèrement les racines, puis latéralement où il comprimera les 
	régions latérovertébrales. L'opérateur va ainsi noter la particulière 
	sensibilité d'un étage par rapport aux autres. C'est en règle, le même que 
	celui où l'on aura découvert le Point articulaire postérieur » (fig. 9). 
 
	
	 Fig. 9 : Le 
	Point sonnette antérieur. 
 Cette manoeuvre peut 
	réveiller ou augmenter une douleur projetée du bras, montrant son origine 
	cervicale. Dans la plupart des cas de dorsalgies interscapulaires, elle 
	permettra de reproduire la douleur dorsale habituelle, montrant également 
	leur origine cervicale. Elle n'est évidemment pas spécifique des 
	dérangements mécaniques pas plus que les autres signes que nous avons 
	évoqués.    2) Signes régionaux    Il en est sur lesquels 
	nous n'insisterons pas : limitation de la mobilité régionale dans certaines 
	directions et douleurs provoquées si on force ce mouvement. La contracture 
	musculaire paravertébrale est habituelle et surtout marquée dans les cas 
	aigus. Mais c'est sur des signes 
	plus discrets que nous voulons insister ici, car ils sont fréquents dans les 
	micro dérangements mécaniques qui nous intéressent, surtout lorsqu'ils sont 
	chroniques. Ils sont dus à la souffrance de la branche postérieure du nerf 
	rachidien ce sont des signes du syndrome douloureux cellulo-myalgique : 
	
	
		indurations partielles de faisceaux 
		musculaires paravertébraux. ;
	
		et surtout c'est la manoeuvre du « 
		palpé-roulé » systématiquement appliquée sur les régions du dos qui va 
		mettre en évidence ce qui est le témoignage le plus caractéristique de 
		cette irritation chronique : l'existence d'une bande transversale 
		d'infiltration cellulalgique. Les plans cutanés sont épaissis et 
		sensibles avec parfois 
	des petits noyaux très 
	douloureux à la pression. Cette zone est plus ou moins étendue. Elle a un 
	grand intérêt séméiologique si elle est isolée, unilatérale suspendue et 
	encore plus si sa palpation rappelle au patient sa douleur. Il faut savoir qu'au 
	niveau de la région thoracique, l'innervation cutanée se fait à 3 ou 4 
	étages au dessous de l'émergence du nerf hors du rachis. C'est donc beaucoup 
	plus bas que le niveau de l'étage qui présente un dérangement mineur qu'il 
	faut rechercher la bande cellulalgique. (fig.10). 
 
	
	 Fig. 10 :  La zone cellulalgique, témoignage de l'irritation de la 
	branche 
	postérieure du 
	nerf rachidien (ici D7). Noter le décalage entre le niveau d'origine et le 
	territoire cutané.
 
 Au niveau lombaire, les 
	branches postérieures innervent les plans cutanés fessiers et sacrés et 
	aussi les muscles et les ligaments de la région sacrée. Dans un cas de 
	lombalgie, par exemple, si la palpation révèle une cellulalgie unilatérale 
	au niveau de la crête iliaque, il faut avoir l'attention attirée vers L1 ou 
	L2. Ce sont les branches postérieures des nerfs rachidiens lombaires qui 
	innervent les plans cutanés, les muscles et les ligaments de la région 
	sacro-iliaque. Leur irritation est la cause la plus fréquente des douleurs 
	attribuées à tort à l'articulation sacroiliaque.    3) Signes à distance    Ce sont essentiellement : - des DOULEURS 
	RADICULAIRES : les signes d'irritation ou de compression de la branche 
	antérieure du nerf rachidien, dont la sciatique et la névralgie 
	cervicobrachiale sont les exemples les plus courants ; - les DOULEURS PROJETÉES 
	à topographie souvent pseudo-articulaire d'origine ligamentaire, articulaire 
	ou musculaire qu'ont bien mises en évidence les expériences de Kellgren. 
	Nous en connaissons les projections habituelles. Kellgren, puis Hackett en 
	ont dressé les cartes topographiques. Il faut y penser lors de l'examen 
	clinique ; elles suivent d'ailleurs à peu près le trajet des racines du même 
	étage. Mais nous ne nous y attarderons pas ici car elles ne font pas partie 
	de ce qu'on peut appeler la séméiologie objective.   Revenons sur les douleurs 
	radiculaires, ou plus exactement sur les signes d'irritation et de 
	compression de la racine. On sait que ce syndrome comprend classiquement : 
	
	
		des signes sensitifs situés dans le 
		dermatome correspondant sous forme d'hyper, hypoesthésie ou même 
		d'anesthésie ;
	
		des signes moteurs situés dans le myotome 
		correspondant et qui se traduisent par une diminution ou une perte de la 
		force musculaire que révèlera un testing musculaire bien fait ;
	
		des signes réflexes : abolition ou 
		diminution d'un réflexe tendineux
	
		et parfois, des troubles sympathiques. 
	  C'est sur la topographie 
	des signes sensitifs, moteurs, et réflexes qu'on détermine l'étage atteint 
	dans l'examen neurologique classique.    Nous insisterons encore 
	sur le syndrome cellulo-tendino-myalgique si fréquent dans les algies 
	radiculaires et qui a un intérêt de premier plan pour le thérapeute manuel, 
	aussi bien pour son diagnostic que pour son action thérapeutique. On les 
	trouve au niveau des plans cutanés, des muscles et des insertions 
	ténopériostées dont l'innervation dépend de la racine atteinte (fig. 11 et 
	12). 
   
	Fig. 11 : Le 
	syndrome cellulo-tendino-myalgique d'accompagnement des algies radiculaires. 
	Ici celui que l'on peut rencontrer dans un syndrome C6. En hachures fines 
	zones de cellulalgie, en grosses hachures faisceaux musculaires indurés et 
	sensibles (sous-épineux), en cercles : douleurs ténopériostées : épicondyle, 
	styloïde radiale (épicondylite d'origine cervicale ou styloïdite). 
	
	Fig. 12 : 
	Syndrome cellulo-myalgique S1. 
	
	Cellulalgie (en hachures fines).
	
	Faisceaux musculaires indurés 
	et sensibles : grand fessier, partie inférieure du biceps crural et jumeau 
	externe).   
   a) 
	Dans le dermatome 
	correspondant, la manoeuvre du pincé-roulé pourra mettre en évidence 
	certaines zones plus ou moins étendues allant de la taille d'une pièce de 
	monnaie à celle d'une paume de main qui sont le siège d'une (« cellulalgie » 
	où le pli est épaissi. Elles sont très sensibles à la manoeuvre du 
	pincé-roulé (à comparer avec les zones voisines et symétriques). Nous venons 
	de les évoquer à propos de la branche postérieure du nerf rachidien. On peut 
	les trouver simultanément ou indépendamment sur une partie du dermatome de 
	la racine antérieure. Elles peuvent entretenir des douleurs rebelles (certains 
	cas de sciatiques prolongées) et être source d'erreur de diagnostic (paroi 
	abdominale).    b) Dans le 
	myotome correspondant, plus exactement dans des parties de certains 
	muscles de ce myotome, la palpation pourra révéler l'existence de faisceaux 
	durs, très sensibles à la pression, de taille variable, de celle d'une 
	aiguille à celle d'un cigare, en passant par celle d'une olive. Là aussi, 
	ces zones myalgiques dures sont assez étonnantes dans une atteinte 
	radiculaire où l'on trouve généralement le muscle mou, hypotonique ou 
	présentant une diminution de force. Leur pression rappelle assez la douleur 
	de la crampe avec laquelle elles ne sont sans doute pas sans analogie sur un 
	plan pathogénique. Elles peuvent aussi 
	entretenir des douleurs rebelles (cruralgies, sciatiques). Elles siègent 
	presque toujours dans le même muscle pour une même racine et dans la même 
	partie de ce muscle (partie externe du jumeau externe, droit antérieur, 
	partie inférieure du court biceps, etc.) Leur traitement est 
	d'abord la correction du dérangement responsable, ensuite l'étirement de 
	muscle (comme pour une crampe) et l'infiltration anesthésique au point le 
	plus douloureux du muscle.    c) 
	Dans le sclérotome 
	correspondant, on pourra trouver une vive sensibilité de certains points 
	d'insertion tendineux ; ce peut être une pseudotendinite du sus-épineux 
	(pour la racine C5) ou du biceps (pour la racine C6), ou certaines 
	épicondylites (pour C6 ou C7), ou certaines douleurs trochantériennes dans 
	les sciatiques L5. Dans certaines sciatiques, existent des douleurs du 
	biceps et même une véritable périarthrite tibio péronière. Ces zones douloureuses et 
	surtout celles des plans cutanés et des muscles sont, assez curieusement, 
	souvent ignorées du patient bien qu'elles soient responsables de douleurs 
	rebelles qui perpétuent la crise de radiculalgie alors que la cause qui lui 
	a donné naissance s'est éteinte. Mais on peut les 
	rencontrer dans des cas où la douleur radiculaire n'a jamais été ressentie. 
	C'est que la souffrance radiculaire a été minime, au dessous d'un certain 
	seuil, mais les troubles neurotrophiques sont présents. Dans ces cas, la 
	correction du Dérangement Intervertébral supprimera d'une manière parfois 
	spectaculaire ces phénomènes et les douleurs qui leur sont liées, par 
	exemple, soulagement instantané d'une epicondylite d'origine cervicale. Il 
	faudra parfois associer au traitement vertébral un traitement local 
	(postures étirées du muscle, massages des plans cutanés, infiltrations du 
	point algique).    Lorsque nous trouvons les 
	signes locaux ou régionaux d'un dérangement intervertébral mineur, il faut 
	donc examiner systématiquement les territoires cutanés, musculaires et 
	téno-périostés qui dépendent de cet étage dans le territoire de la branche 
	antérieure. A l'inverse, lorsqu'un malade se plaint d'une douleur qui semble 
	entretenue par une cellulalgie localisée, une douleur musculaire ou 
	ténopériostée, il faut examiner l'étage vertébral correspondant et y 
	rechercher les signes locaux et régionaux d'un DIM.    Tels sont les petits 
	signes qui vont traduire la souffrance d'un étage vertébral. Ils nous 
	permettront d'affirmer sa responsabilité alors que les radiographies ou 
	l'examen classiquement conduit s'avéreraient négatifs. Mais il ne fait 
	qu'attirer l'attention sur cet étage précis qui devra être expertisé 
	radiologiquement. Ces données devront être reportées dans le cadre de 
	l'examen général. C'est seulement sur cet ensemble qu'on sera en droit de 
	porter le diagnostic de « Dérangement Intervertébral Mineur » dans le 
	traitement duquel la manipulation pourra être envisagée si les critères d' 
	application en montrent la possibilité. C'est sur leur diminution et leur 
	disparition parfois instantanée après une manipulation que l'on jugera du 
	résultat favorable, complet ou incomplet, des manoeuvres.         
	
	III) Que penser de la notion de restriction 
	de mobilité ? 
	     
	 A aucun moment nous 
	n'avons envisagé dans le diagnostic du dérangement intervertébral mineur la 
	« restriction de mobilité » qui est, on le sait, pour les Ostéopathes, pour 
	Mennel et pour Lewitt, la justification essentielle du traitement 
	manipulatif. Rappelons qu'il s'agit 
	d'apprécier par la seule palpation une modification du jeu intervertébral 
	portant sur un seul segment ; le segment atteint présentant par rapport aux 
	autres un moindre rapprochement ou écartement des épineuses, ou une 
	sensation de résistance élastique en fin de rotation. On imagine la 
	subtilité d'un tel examen et sa subjectivité ! Il ne nous parait pas 
	sérieux de tenir cette donnée de restriction de mobilité comme la 
	justification essentielle de la manipulation et cet examen pour la base du 
	traitement manuel. Cette conception est une vue de l'esprit : il est bien 
	évident que le jeu intervertébral n'est pas total chez tous les individus à 
	tous les étages du rachis. A 15 ans, peut-être ; à 40 sûrement pas. L'usure 
	articulaire, les troubles statiques mineurs, vont créer des modifications 
	minimes, parfaitement silencieuses et bien tolérées du mouvement 
	intervertébral sur certains segments. S'il fallait traiter cela, il faudrait 
	manipuler tout le monde, tout le temps!    Mais surtout l'examen qui 
	prétend reconnaître et analyser de tels micromouvements est une illusion : 
	la palpation ne peut permettre d'apprécier des modifications de jeu 
	interépineux aussi subtiles à travers la peau et les plans sous cutanés et à 
	plus forte raison les modifications du jeu de rotation sur la palpation du 
	mouvement des apophyses transverses profondément enfoncées sous les muscles 
	! On peut sans risque 
	défier quiconque de reconnaître par cet examen l'existence d'un bloc 
	vertébral congénital cervical, dorsal ou lombaire par exemple. C'est 
	pourtant un cas où la « restriction » de mobilité est totale et indiscutable 
	! De plus, les renseignements que pourrait fournir un tel examen s'il était 
	possible, seraient trompeurs. Imaginons que ces "restrictions de mobilité" 
	puissent être mises en évidence par la palpation ou mieux par les radios 
	dynamiques ou la cinéradiographie. Selon la théorie défendue 
	par les Ostéopathes ou par Lewitt, il faudrait restaurer par la manipulation 
	cette mobilité perdue en insistant selon le sens restreint (un peu comme on 
	le ferait pour une porte qui ouvre mal). Or, il suffit de prendre une 
	exemple pour comprendre la fausseté d'un tel raisonnement. Prenons donc le cas d'un 
	lumbago dû à un blocage discal postérieur entre L4 et L5. La mobilité du 
	segment sera à peu près normale en flexion ; mais elle sera très diminuée en 
	extension. C'est un beau cas de « restriction de mobilité » en extension. Il 
	faudrait donc pour « restaurer » la mobilité restreinte, forcer le mouvement 
	en extension, ce qui est évidemment aberrant : c'est exactement l'inverse 
	que l'on fera pour soulager ce patient. En réalité, ceux qui 
	prétendent être capables de détecter ces « restrictions de mobilité », 
	s'illusionnent sur ce qu'ils perçoivent. Comme nous l'avons exposé, il 
	existe autour du segment dérangé des réactions tissulaires trophiques ou 
	réflexes. Ce sont, d'une part, ces modifications et, d'autre part la 
	réaction des muscles aux petits mouvements passifs faits lors de l'examen 
	qui sont perçus par l'opérateur entraîné. Il les interprète à tort comme un 
	moindre mouvement intervertébral. Au plus, la palpation peut permettre un 
	repérage des zones où il y a disfonctionnement, sans pour autant révéler la 
	cause de celui-ci, ni sa nature exacte, ni être d'une aide sérieuse dans la 
	détermination du mouvement thérapeutique.        
	
	Conclusion 
	     
	 En matière de traitements 
	manuels, ne peuvent nous intéresser que les dérangements intervertébraux qui 
	sont suffisants pour être générateurs de troubles ou de douleurs locales, 
	régionales ou radiculaires, mais qui ne sont cependant pas trop importants 
	car ils doivent être réversibles et accessibles à notre thérapeutique. Le Signe le plus fidèle 
	d'un tel dérangement est la douleur que l'on peut provoquer localement on à 
	distance en sollicitant le segment responsable. On cherche ainsi à 
	augmenter légèrement le dérangement (par le mouvement localisé, la pression 
	latérale sur une épineuse, etc.) C'est ce que nous avons ressayé de montrer 
	dans ce rapport. La positivité de ces 
	manoeuvres met en évidence la souffrance de certaines structures sensibles 
	du segment mobile ; sinon il n'y aurait pas de symptômes provoqués. L'examen 
	qui va solliciter ce segment en forçant son mouvement dans les différentes 
	directions va aussi permettre d'analyser la direction qui augmente le 
	dérangement et de choisir pour le traitement celle qui le diminue, c'est à 
	dire le sens de la non-douleur opposé à celui qui fait mal. Mais cet examen 
	serait incomplet si l'on ne faisait le bilan des signes d'irritation 
	radiculaire du même étage y compris ceux de la branche postérieure. 
 
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