Sénologia. 1980;5:287-292.
Douleurs de
sein d'origine pariétale ou viscérale
R Maigne
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Résumé : Les douleurs de
sein peuvent avoir une origine vertébrale ou pariétale. Il peut s'agir de
douleurs chondrocostales, de douleurs intercostales, mais surtout de douleurs
plus trompeuses dues à une infiltration cellulitique ou à une myalgie des
pectoraux. Les douleurs chondrocostales peuvent être
des douleurs chondrocostales
mécaniques soit par un traumatisme direct de la région sternocostale, soit par
entorse costo-vertébrale. Dans ce dernier cas, le faux mouvement ou l'effort
causal peut avoir été oublié. La douleur d'abord postérieure peut faire place à
une douleur antérieure isolée et trompeuse, des douleurs chondrocostales sans
cause, à allure pseudo-inflammatoire : syndrome de Tietze (rare au niveau des
5ème et 6ème cartilages costaux) avec douleur et gonflement à la jonction
chondrocostale ou chondrodynie sans gonflement et avec douleur exquise à la
jonction chondrosternale.
Les douleurs
intercostales liées à l'irritation des 4e, 5e et 6e nerfs costaux prêtent moins
à confusion. Il s'agit généralement d'une douleur en hémi-ceinture. Mais
beaucoup plus fréquentes et trompeuses sont les douleurs qui proviennent :
- soit d'une infiltration
des plans cutanés : cellulite pouvant être très importante ou parfois minime,
très localisée. Le diagnostic est fait sur la douleur du pli cutané à la
manoeuvre du « pincé-roulé » de la peau du sein ou même d'une région voisine.
Cette cellulalgie peut être responsable de douleurs perçues comme profondes et
non comme superficielles et pas forcément à l'endroit exact où elle se situe.
L'origine de ce placard cellulalgique est le plus souvent l'irritation minimale
du nerf rachidien correspondant (Syndrome celluloténomyalgique radiculaire de
l'Auteur), par un désordre mécanique mineur du rachis ou par poussée arthrosique,
ou tout autre processus qu'il soit bénin ou malin.
- soit d'une myalgie
localisée à quelques faisceaux du petit pectoral ou du grand pectoral (« cordons
indurés »). C'est la palpation attentive du muscle relâché puis contracté qui la
met en évidence avec l'existence d'un point douloureux acquis dans le muscle.
L'infiltration précise de ce point avec de la Procaïne, soulageant la douleur du
sein, apporte le diagnostic. Elle peut aussi être le traitement.
Summary:
Breast pain of vertabral or parietal origin.
Breastpain may be of
vertebral or parietal origin. It may be chondrocostal or intercostal but more
particularly may be misleading pains due to cellulitic infiltration or pectoral
myalgia.
Chondrocastal mechanical
pain may arise from direct injury to the sternocostal region, or by
costovertebral strains. ln the latter case, the false movement or causal effort
may have been forgotten. The pain, which is at first posterior, may then become
anterior and isolated, leading, to a false diagnosis of chondrocostal pain of
unknown origin ; it may have a pseudo-inflammatory appearence : Tietze syndrome
(rare et the level of the 5th and 6th costal cartilages), with pain and swelling
at the chondrocostal junction (chondrodynia), without swelling, and with
exquisite pain at the chondrosternal junction.
Intercostal pains,
related to irritation of the 4th, 5th and 6th intercostal nerves, are less
likely to cause confusion, and usually affect one side only. Much more frequent
and confusing are pains from :
- cutaneous infiltration
: severe or minor degrees of cellulitis which are very localized. Diagnosis is
made by the skin-fold pain produced by the pinching-rolling test on the skin of
the breast or on an adjacent region, This cellulitis pain can cause pain which
appears to arise from deep structures and not superficially, and not necessarily
from the exact area in which it is situated. The origin of the pain from, this
cellulitis area is usually related to a minimal irritation of the corresponding
spinal nerve (the radicular cellulotenomyaigic syndrome described by the
author), due to a minor mechanical disorder of the spine, or an acute arthosis
episode, or any other benign or malignant process.
- also frequent and
misleading are localized myalgies of several bundles of the minor or major
pectoral muscles (taut bands). Careful palpation of the relaxed / contracted
muscle demonstrates the existence of an exquisitely painful point in the muscle.
Injection with procaine can, by relieving the breast pain, establish the
diagnosis, and may be sufficient for treatment purposes.
Un certain nombre de douleurs ressenties comme des douleurs de sein, trouvent
leur origine au niveau de la paroi thoracique ou au niveau du rachis. Elles sont
plus souvent unilatérales que bilatérales.
A) Douleurs
d'origine pariétale
Ces douleurs peuvent soit
simuler une mastodynie, soit être perçue par la femme comme une douleur
différente, mais dont la localisation l'inquiète. Il peut s'agir de douleurs
costales ou chondro-sternales intéressant les 4e, 5e, 6e et 7e cartilages
costaux, de douleurs musculaires (grand pectoral) dont nous verrons qu'elles ont
souvent une origine rachidienne ou de « cellulite » des plans cutanés qui eux
aussi peuvent avoir une origine rachidienne.
I) Douleurs chondro-costales (Fig. 1)
ORIGINE TUMORALE
Dans le cadre qui nous
intéresse, c'est exceptionnellement que l'on aura affaire à une tumeur
ostéocartilagineuse primitive de la paroi. Il peut s'agir de tumeurs costales
bénignes - les plus fréquentes sont d'origine cartilagineuse - ou malignes, ou
de tumeurs sternales, ces dernières le plus souvent malignes. Mais ici le
Sénologue sera sans doute le premier consulté si la tumeur se trouve dans la
région du sein. C'est encore plus exceptionnellement qu'une tumeur secondaire
costale pourra être la première manifestation d'une affection générale (maladie
de Kahler, par exemple).
Fig. 1 : Les sièges des douleurs chondrocostales : 1 : jonction
chondro-costale. 2 : Cartilage costal. 3 : Jonction chondro-sternale.
ORIGINE MÉCANIQUE
Il peut s'agir d'un
traumatisme direct bien connu de la patiente : choc, accident de voiture, chute,
etc. Mais la localisation particulière de la douleur, la crainte que le choc -
s'il a touché le sein ou son environnement immédiat - puisse favoriser
l'apparition d'un cancer du sein, amène la patiente à consulter.
Il peut s'agir d'une
entorse chondrocostale ou chondrosternale portant sur les 4e, 5e, 6e ou 7e côte,
bien localisée à l'une de ces deux jonctions.
Outre la sensibilité
chondrocostale, l'examen permettra de mettre en évidence le signe que nous avons
appelé le « signe de la côte ». Pour l'examen de la côte dans la partie
antérolatérale, la patiente est allongée sur le dos, le médecin avec ses deux
pouces mis en opposition s'appliquent sur le bord inférieur de la côte et font
progressivement pression dans le sens céphalique, puis à l'inverse prenant appui
sur le bord supérieur de la côte, exécute la même pression dans le sens caudal.
L'une de ces manœuvres est douloureuse, l'autre non. En cas d'entorse
costochondrale la manœuvre thérapeutique est la même que la manœuvre d'examen.
On utilise celle qui n'est pas douloureuse (« Règle de la non-douleur et du
mouvement contraire » de Maigne pour les manipulations ou les traitements
kinésithérapiques), en maintenant fermement la pression qui accompagne le
mouvement de la côte lors de la respiration, tandis que l'on demande à la
patiente de respirer tranquillement étant très détendue. C'est dire que si la
manœuvre thérapeutique doit être ferme, elle doit être souple et modérée,
maintenue sur 5 ou 6 respirations, soit dans le sens de l'expiration pour la
pression vers le bas, soit dans celui de l'inspiration pour la pression vers le
haut. Elle est répétée deux ou trois fois, jusqu'à disparition ou forte
atténuation de la sensibilité chondro-costale à la palpation.
Dans certains cas, il
s'agira non pas d'une entorse costo-chondrale antérieure, mais d'une entorse
costo-vertébrale, donc postérieure. Consécutive à un trauma ou à un mouvement
brusque en rotation, elle provoque d'abord une douleur postérieure ou
postéro-latérale, avec parfois une irradiation antérieure. Mais dans certains
cas, la douleur postérieure disparaît très vite, est même oubliée, et laisse
place à une douleur chondrocostale antérieure dominante et persistante.
S'il s'agit d'une entorse
costo-vertébrale, à douleur projetée en avant, la manœuvre est de même type que
celle décrite ci-dessus, le patient étant couché sur le ventre ou le côté, le
bras homologue étant allongé vers le haut. Il existe d'autres techniques plus
complexes de traitement manipulatif pour les entorses costales que nous ne
ferons que mentionner ici.
D'ORIGINE AUTRE
Il serait plus juste de
dire apparemment non mécaniques, car il n'est pas impossible qu'une origine
mécanique ou micro-mécanique oubliée existe dans certains des cas suivants.
Néanmoins, la majorité reste non mécaniques.
Il peut s'agir de douleur
chondrocostales avec gonflement (syndrome de Tietze) ou de chondrodynies sans
gonflement.
Le Syndrome de
Tietze
Tietze a décrit en 1921
une affection bénigne touchant un ou plusieurs cartilages costaux, le plus
souvent le 2e ou le 3e, mais parfois le 4e, 5e ou 6e. L'apparition de la
tuméfaction est insidieuse et progressive, mais elle est le plus souvent
remarquée par le patient à l'occasion d'un effort, d'une secousse de toux où
elle devient douloureuse brusquement. C'est une tuméfaction palpable, souvent
visible, de consistance ferme, plus ou moins sensible à la pression.
Il fut une période où on
pratiquait une résection chondrocostale, ce qui permit des examens
histologiques, qui mirent en évidence essentiellement une hyperplasie des tissus
péricartilagineux, mais aucune lésion du cartilage, encore que Léger ait pu
constater dans trois cas un aspect mortifié de l'os au contact du cartilage qui
pouvait faire évoquer un défaut de vascularisation.
La phase douloureuse ne
dure généralement que quelques semaines, au plus quelques mois, mais la
tuméfaction dure beaucoup plus longtemps. Le traitement qui vise à raccourcir la
phase douloureuse consiste en infiltrations cortisonées, ou en ionisations.
Chondrite
Enfin, il ne faut pas
méconnaître une rare chondrite où on trouve soit un petit abcès, soit un tissu
de granulation.
Chondrodynie
Plus fréquents sont les
cas de chondrodynie où on rencontre une douleur à la palpation du 6e, 7e ou 8e
cartilage costal, qui n'est pas tuméfié: la douleur exquise siège au niveau de
l'articulation chondrosternale ou chondro-costale. Généralement d'origine
mécanique, comme nous l'avons vu plus haut, il en est pour lesquelles on ne peut
mettre en évidence cette origine et où l'absence du « signe de la côte » et de
soulagement par les manoeuvres correspondantes, ne permet pas de retenir
l'hypothèse d'une entorse costale.
II) Douleurs
musculaires
La myalgie du
grand pectoral
C'est la cause, de loin,
la plus fréquente - avec la cellulalgie - de douleur simulant une douleur de
sein. La palpation du pectoral (fig 2) se fait entre pouce et médius, révèle au
sein du muscle un ou deux points extrêmement sensibles, siégeant généralement au
sein d'un cordon musculaire induré. Cette manoeuvre réveille ou exacerbe parfois
la douleur spontanée, mais surtout c'est l'infiltration anesthésique (fig.3) de
ce point qui soulageant la patiente apporte la preuve du diagnostic. L'injection
doit être méticuleuse, faite lentement, plan par plan, l'aiguille est enfoncée
millimètre après millimètre, chaque fois on injecte une goutte de xylocaïne à
0,5 %. A un moment donné l'injection est très douloureuse : c'est le point idéal
d'infiltration (1 ou 2 ml) qui déclenche souvent une réaction douloureuse de
quelques minutes qui va s'atténuant. L'injection anesthésique étant faite, on
vérifie par la palpation l'absence de douleur résiduelle et on fait
éventuellement une ou deux injections complémentaires en changeant un peu de
voie d'abord, ou en injectant un autre point. Il peut s'agir parfois du petit
pectoral.
Dès le surlendemain, la douleur du sein a disparu ou est très atténuée. Deux ou
trois séances d'injection peuvent être nécessaires. Ces douleurs musculaires
peuvent avoir deux origines. La première est celle d'une origine purement
musculaire : le muscle a été fatigué par des exercices inhabituels, ou a
travaillé dans des conditions mauvaises pour lui, ce sont les causes
habituellement retenues pour ces myalgies, quel que soit le muscle considéré. Il
s'ensuit une myalgie persistante que seul retrouve l'examen systématique, car la
douleur spontanée n'est pas perçue comme une douleur musculaire. La seconde
cause de ces cordons musculaires indurés est une origine radiculaire. Nous
exposerons plus loin cette conception personnelle.
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Fig. 2 : palpation du
grand pectoral à la recherche des cordons indurés et douloureux et du
point myalgique. Le muscle est examiné et pincé entre pouce et index de
son insertion humérale à son insertion costale en réclinant le sein.
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Fig. 3 : Infiltration du point
myalgique du grand pectoral. |
III) Douleurs
cutanées
La cellulalgie
Devant toute douleur de
sein, il faut examiner avec attention les plans cutanés de la région par la
manoeuvre du « pincé-roulé » : on prend entre pouce et index, de préférence des
deux mains placées en opposition un gros pli de peau qu'on pince, décolle, puis
maintenant le pincement qu'on roule et pétrit entre pouces et index (fig. 4). On
explore ainsi tout l'hémithorax. Au niveau du sein, en prend entre pouce et
index que la peau très fine que l'on pince et roule doucement. Cette manoeuvre
pourra révéler une zone où le pli est très sensible par rapport aux zones
voisines ou symétriques. Là aussi le test de l'infiltration anesthésique
apportera la réponse sur le rôle de la cellulalgie dans la douleur du sein
étudié. Cette cellulalgie peut avoir une cause générale, mais devenir source de
douleur locale pour des raisons variables. Elle peut être bilatérale ou
unilatérale. La cellulalgie peut être aussi due à une irritation radiculaire,
comme nous le verrons plus loin, c'est pour nous le cas le plus fréquent.
Le traitement sera local
: infiltration anesthésique locale associée à des massages en pétrissage
superficiel très progressifs.
Fig. 4 : Manoeuvre du pincer-rouler. Il faut pincer fermement et
maintenir ce pincement tout en faisant rouler le pli entre pouce et index. La
zone retrouvée douloureuse à l'examen ne correspond pas toujours exactement au
siège de la douleur spontanée. Elle est souvent située dans le territoire de C4.
Mais son anesthésie fait disparaître cette dernière.
Douleurs
d'origine rachidienne
(fig. 5)
Ces douleurs ont été pour
une part déjà évoquées ci-dessus, car l'irritation radiculaire se manifeste plus
souvent par une cellulalgie ou une myalgie, que par une névralgie typique.
Névralgies
Le rachis peut être
responsable de douleurs intercostales (D5-D6-D7). Mais il est bien exceptionnel
qu'elle puisse simuler une douleur de sein, sauf dans des cas rares où la
douleur est essentiellement antéro-latérale. Mais sa situation peut inquiéter la
patiente.
Une névralgie
cervico-brachiale peut irradier dans le sein, dominant en cette place. Mais
l'irradiation brachiale aux caractères particuliers de cette névralgie
permettront -sauf rares exceptions -aisément le diagnostic. Mais en pratique,
dans la majorité des cas de douleurs d'origine vertébrale, le mécanisme de la
douleur n'est pas la névralgie elle-même, mais certaines conséquences de
l'irritation du nerf. Nous avons attiré l'attention sur ces manifestations
particulières, et sur leur rôle dans certains syndromes douloureux mal
classables. Nous les avons groupées sous le nom de « syndrome
celluloténomyalgique des irritations radiculaires ». Celui-ci peut accompagner
ou survivre à une névralgie qui s'est manifestée cliniquement d'une manière
évidente, mais il peut exister, identique, avec les mêmes caractères dans des
cas où la souffrance du nerf est infraclinique.
Fig. 5 : Côté droit du sujet : tajet schématique du grand pectoral et
situation habituelle du point myalgique (X). Côyé gauche du sujet : les
dermatomes antérieurs qu'on examine par le pincer-rouler.
Syndrome
celluloténomyaigique radiculaire
Rappelons les éléments de
ce « Syndrome celluloténomyalgique des irritations radiculaires » (Maigne) : si
on examine attentivement par la palpation, les tissus innervés par une racine
rachidienne irritée à son origine vertébrale (par exemple sciatique ou névralgie
cervico-brachiale) outre les signes classiques, on peut noter dans plus des 2/3
des cas associées ou isolées, l'une des manifestations suivantes :
1) une douleur au « pincé-roulé » des plans cutanés de tout ou partie du
dermatome ; ces plans sont souvent infiltrés et épaissis;
2) des cordons indurés et douloureux retrouvés par la palpation d'un ou de
plusieurs muscles tributaires de la racine concernée;
3) une sensibilité spontanée (pseudo-tendinite) ou seulement retrouvée par la
palpation d'un ou des tendons, ou des insertions ténopériostées innervées par la
racine en cause.
Ces manifestations
peuvent accompagner une douleur radiculaire cliniquement évidente. Elles peuvent
disparaître avec elle, ou lui survivre. Dans ce cas elles peuvent être muettes,
simples témoin de la souffrance radiculaire passée, soit au contraire
responsable de douleurs traînantes, constituant une séquelle de la névralgie,
celle-ci peut se manifester avec quelque décalage par rapport à la crise et peut
conduire à des erreurs de diagnostic.
Mais surtout ces
manifestations peuvent être le seul témoin d'une irritation minimale de la
racine rachidienne : alors l'examen segmentaire vertébral, tel que nous le
pratiquons, montrera la sensibilité particulière de l'étage vertébral
correspondant, par rapport aux segments voisins.
EXAMEN VERTÉBRAL
SEGMENTAIRE
Cet examen consiste à
solliciter chaque segment vertébral l'un après l'autre, par une pression axiale
sur l'épineuse, par une pression latérale (de droite à gauche, puis de gauche à
droite) faite sur l'épineuse tangentiellement à la peau. Enfin, à exercer une
pression friction sur les massifs articulaires postérieurs avec la pulpe de
l'index ou du médius. Ces manœuvres indolores sur un segment normal, seront
douloureuses sur le segment en question.
Pour le rachis cervical,
l'examen se fera patient assis, tête fléchie pour la pression axiale sur
l'épineuse, et couché sur le dos pour la recherche d'une sensibilité articulaire
postérieure. Pour le rachis dorsal, l'examen peut se faire sur la patiente
assise, ou allongée sur le ventre. La cause de cette souffrance segmentaire
demande évidemment à être recherchée. L'origine peut exceptionnellement en être
maligne. Dans l'immense majorité des cas, elle sera bénigne. Mais les
radiographies n'apportent pas alors d'explication satisfaisante. On sait le peu
de crédit qu'on doit donner à des lésions arthrosiques, à des troubles statiques,
ou à des lésions mineures de maladie de Scheuermann, banales et en règle
indolores. Le plus souvent, on se trouvera en présence de ce que nous appelons
un « Dérangement intervertébral mineur » (Maigne) qui peut être défini comme une
dysfonction segmentaire vertébrale de nature mécanique, traumatique, statique ou
posturale. Ce « Dérangement intervertébral » est sans traduction radiologique
particulière, qu'il s'agisse de radiographies statiques ou même dynamiques (sauf
exception).
Le traitement vertébral
(manipulation, infiltration, et à un moindre degré la traction) fait très vite -
parfois instantanément - disparaître ou diminuer les manifestations
cellulo-ténomyalgiques en question. Dans quelques cas, il faudra en complément,
faire un traitement local pour liquider le problème.
En ce qui concerne les
douleurs de seins, le « syndrome cellulo-ténornyalgique » peut se manifester par
des cordons myalgiques ou par toute une cellulalgie en bande, le plus souvent
unilatérale.
CORDONS MYALGIQUES DU
PECTORAL
Ce problème a été évoqué
dans le chapitre précédent. Les cordons myalgiques du grand pectoral sont la
conséquence d'une irritation radiculaire minimale C6 ou C7. Il faudra donc
procéder à un examen cervical systématique radiologique par routine, mais
surtout clinique. Le signe essentiel est l'existence d'une hypersensibilité à la
palpation de l'articulation C5-C6 ou C6-C7 du même côté que la mastodynie
témoignage d'une souffrance segmentaire.
Le traitement consiste en
manipulation cervicale - de loin le traitement le plus efficace quand il est
possible, et entre les mains d'un médecin averti de ces techniques - la
traction, beaucoup moins régulièrement efficace, enfin l'infiltration
articulaire postérieure, seule utile s'il s'agit d'une poussée inflammatoire
d'arthrose.
Parfois le traitement
local : infiltration anesthésique du muscle peut suffire, si l'irritation
cervicale n'est pas trop active.
CELLULALGIE D'ORIGINE
RADICULAIRE
La cellulalgie pourra
être la conséquence d'une irritation chronique d'un nerf intercostal, elle
occupera alors le dermatome du nerf (D5-D6-D7), elle sera le plus souvent
unilatérale. On examinera attentivement les étages vertébraux correspondant.
Mais il faut savoir qu'une cellulalgie C4 qui occupe la partie haute
sous-claviculaire du tronc, peut provoquer des douleurs irradiantes vers le sein,
et perçues seulement à son niveau. C'est une cause très fréquente de fausse
douleur de sein.
Le traitement sera
cervical (manipulation s'il n'y a pas de contrindication, infiltration
articulaire postérieure...), et éventuellement local : injection anesthésique
des plans cutanés infiltrés, suivie ou non de massage en pétrissage doux et
progressifs.
Conclusion
C'est bien rarement que
le sénologue sera inquiété par une douleur pariétale ou vertébrale, sur le plan
de la gravité éventuelle. Mais, il sera fréquemment questionné sur l'origine de
la douleur dont il peut affirmer la bénignité, mais qui inquiète sa patiente, et
dont les modes d'examen et les traitements traditionnels ne donnent ni la clef
diagnostique, ni la clef thérapeutique. Seul l'examen systématique des plans
cutanés par le « pincé-roulé », à la recherche d'une zone infiltrée de cellulite
qui sera souvent la conséquence de l'irritation minimale chronique du nerf
rachidien correspondant, et l'examen systématique du muscle pectoral et des
articulations chondro-sternales, permettront de trouver la zone douloureuse
responsable. Les dérangements inter-vertébraux mineurs du rachis cervical et du
rachis dorsal supérieur sont le plus souvent la cause primitive de ces douleurs
cutanées et musculaires ressenties comme profondes et projetées dans le sein («
Syndrome cellulo-ténomyalgique des irritations radiculaires », de l'Auteur).
Bibliographie
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Méd., 1950, 58, 336-337.
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radiculaires. in Douleurs d'origine vertébrale, 1 vol., Exp. Scient. Fr., Edit.,
Paris, 1968. 3e éd-, 1977.
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Ann. Méd. Phys-, 1972, XV, 276-292.
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radiculaires et causes de douleurs rebelles. Vie Méd., 1971, 4. 12-16.
[5] TIETZE (A.). - Ueber eine eigenartige Häufung von Fällen mit Dystrophie der
Rippenknorpel. Berl. Klin. Wahnschr, 1921, 58, 829-831.
Hôtel-Dieu,
1, place du Parvis Notre-Dame, F 75181 Paris Cedex 04.
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