La
Presse Médicale, 1956;64:2022
Le syndrome de
la branche postérieure des nerfs rachidiens
Par MM. G. Lazorthes et
J. Gaubert |
Note
du Maître-Toile :
quoique le Pr Lazorthes ne soit pas un membre de la SOFMMOO, sa publication a
toute sa place sur ce site. Pour la première fois, et dès 1956, un auteur,
neuro-chirurgien et anatomiste, attirait l'attention sur la branche postérieure
du nerf rachidien, ses rapports étroits avec l'articulaire postérieure et son
rôle probable en pathologie rachidienne. Ces conclusions furent reprises et
développées par R. Maigne sur le plan clinique pour aboutir à la description de
différents syndromes vertébraux douloureux, tous ayant pour base une implication
de la branche postérieure. De plus, le Pr Lazorthes a été plusieurs fois invité
dans des congrès de Médecine Manuelle (Journées de l'Hôtel-Dieu, congrès de la
SOFMMOO, AMR...). Souvent cité, y compris dans les revues internationales, son
article était inaccesible. Sa présence sur notre site est donc particulièrement
justifiée.
Une étude
anatomique réalisée sur les nerfs des articulations vertébrales
interapophysaires nous a permis de constater deux faits l'un négligé, l'autre
ignoré, qui peuvent éclairer la symptomatologie révélatrice des arthroses du
plan vertébral postérieur (réf. 1).
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Rapports avec l'articulation interapophysaire
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Les
branches postérieures des nerfs rachidiens ont des rapports absolument intimes
avec l'articulation vertébrale interapophysaire correspondante.
Elles sont plaquées par un plan fibro-musculaire sur le squelette et y tracent
parfois une fine gouttière. Dans la région cervicale, elles sont contre le col
de l'apophyse articulaire supérieure de la vertèbre sous-jacente. Dans la région
dorsale, elles sont contre le col de l'apophyse articulaire inférieure de la
vertèbre sus jacente, plaquées par le ligament transverso-costal supérieur (qui
délimite en dehors le trou de conjugaison de Cruveilher). Dans la région
lombaire, elles sont contre le col de l'apophyse articulaire inférieure de la
vertèbre sus jacente (fig. 1).
Les branches
postérieures des nerfs rachidiens innervent les articulations interapophysaires
sus et sous-jacentes.
Les nerfs de ces articulations sont d'une extrême ténuité, ce qui explique
qu'ils aient été jusqu'alors ignorés. Nous en avons fait une étude détaillée,
ils sont constants. Des études microscopiques sur les nerfs des capsules
articulaires interapophysaires ont, au contraire, été réalisées depuis longtemps
(Valentin, Rudinger, Luschka). C'est au niveau du rachis cervical que les
rapports entre les branches postérieures des nerfs rachidiens et le plan
articulaire vertébral postérieur sont le plus intime et que l'innervation de
l'articulation interapophysaire est la plus riche.
On doit donc
admettre que les branches postérieures des nerfs rachidiens distribuent non
seulement des collatérales musculaires et sensitives qui sont classiques, mais
aussi des collatérales articulaires jusqu'alors non décrites.
Les branches
postérieures sont particulièrement exposées à être irritées ou comprimées par
les déplacements, par la prolifération conjonctive, ou par les productions
ostéophytiques des apophyses articulaires. Sur certaines de nos pièces
présentant des lésions arthrosiques, elles étaient soit partiellement englobées,
soit tendues sur un bourrelet ou un bec osseux (fig. 2).
Un véritable
syndrome explique la souffrance de la branche postérieure du nerf rachidien et
révèle souvent les arthroses vertébrales postérieures. Il est constitué par
l'association de douleurs et de contractures musculaires. La riche innervation
des articulations interapophysaires est le voisinage de la branche postérieure
expliquent les douleurs paravertébrales. Elle sont généralement latérales. Dans
la région dorsale supérieure elles peuvent être franchement médianes ;
Probablement parce que le rameau interne de la branche postérieure des huit
premiers nerfs dorsaux s'infléchit vers la ligne médiane. Elles sont spontanées
ou réveillées par la pression (nuchalgie, scapulalgie, dorsalgie, lombalgie).
Elles sont soit isolées, soit associées aux douleurs de type radiculaire
irradiées dans le territoire de la branche antérieure.
La contracture
réflexe ou antalgique des muscles cervicaux, dorsaux ou lombaires est l'origine
d'attitude vicieuse et de déviations (torticolis...)
Dans la région
cervicale, douleurs et contractures sont d'autant plus intenses que les nerfs
sont plus au contact des articulations et l'innervation plus riche. La névralgie
du grand nerf occipital d'Arnold est une forme topographique de la branche
postérieure des nerfs rachidiens. Les infiltrations antalgiques paravertébrales
doivent se proposer d'atteindre les branches postérieures des nerfs rachidiens
ou les nerfs de l'articulation interapophysaire.
Chaire
d'Anatomie. Service de Neurologie de Toulouse.
1.
Lazorthes G, Gaubert J. Les innervations des articulations vertébrales
interapophysaires. C.R. Association des Anatomistes, Mars 1956 Lisbonne
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