Pubalgie et Médecine Physique
Pierre PUIG, P. TROUVE, L. SAVALLI, 40130 Capbreton
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La pubalgie est un
syndrome douloureux de la région inguino-pubienne qui touche le sportif de
pratique régulière. Il s’agit d’une pathologie de surmenage s’exprimant dans un
contexte anatomique et biomécanique particulier. La symptomatologie douloureuse
est multiple ce qui a donné lieu a de nombreuses classifications cliniques. Le
démembrement de ce syndrome en formes anatomo-cliniques distinguant une
pathologie des adducteurs, une ostéoarthropathie pubienne et une pathologie
pariétale abdominale tend à compartimenter artificiellement une pathologie du
complexe ostéo-musculo-tendineux inguino-pubien.
Il semble préférable d’évoquer un syndrome de surmenage d’une entité
biomécanique le carrefour inguino-pubien, spécifique de certaines activités
sportives, de causes multifactorielles, et d’expressions cliniques variées. La
pathogénie de cette affection est loin d’être élucidée, mais beaucoup d’auteurs
sont en faveur d’un déséquilibre musculaire entre d’une part des adducteurs
puissants et rétractés, et d’autre part des muscles larges de l’abdomen trop
faibles. La répétition des contraintes sur ce complexe anatomique affaibli
permet l’émergence de la symptomatologie douloureuse. D’où l’importance de la
prévention de cette pathologie dans la pratique sportive en mettant en place une
prise en charge multidisciplinaire associant équipe médicale et staff technique.
Le traitement conservateur se fait selon deux axes : calmer les phénomènes
douloureux et rééquilibrer la balance musculaire en diminuant l’hypertonie des
adducteurs et en renforçant la sangle abdominale. En cas d’échec d’un traitement
médical bien conduit une solution chirurgicale peut-être proposée. Son principe
est le même renforcer la paroi abdominale et/ou relâcher les tensions excessives
des adducteurs.
La première
description de cette pathologie est faite en 1932 par l’Italien Spinelli qui
publie un article sur une nouvelle maladie sportive : la pubalgie de l’escrimeur.
Pour cet auteur, l’origine de ce syndrome vient des sollicitations du pied
arrière en abduction et rotation externe.
Depuis, de
nombreux auteurs se sont intéressés à cette pathologie typique du sportif et un
certain consensus se détache de la littérature pour parler d’une pathologie dont
l’expression est principalement une douleur inguino-pubienne survenant chez le
sportif de pratique intensive dans un contexte anatomique particulier.
Bénézis définit
la pubalgie comme un syndrome douloureux de surmenage du carrefour
inguino-pubien survenant de façon progressive en fin d’entraînement ou de
compétition chez des sportifs jeunes soumis à un entraînement intensif quotidien
et à des gestes techniques particuliers (shoots, tacles, écarts latéraux,
contre-pieds…) Ce syndrome algique abdomino-pubo-crural est d’étiologie
multifactorielle et correspond à plusieurs types de lésions intriquées osseuses,
tendineuses, musculaires qui intéressent la symphyse pubienne, les muscles
larges et les grands droits de l’abdomen, les adducteurs.
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Approche
anatomique et biomécanique
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Les muscles de la
paroi antéro-latérale de l’abdomen sont constitués d’une part par le rectus
abdominis (grand droit) et le pyramidalis abdominis (muscle inconstant) qui sont
para médians et d’autre part par l’obliquus externus abdominis (grand oblique)
l’obliquus internus abdominis (petit oblique) et le tranversus abdominis qui
sont antéro-latéraux. Les piliers internes et externes de l’obliquus externus
abdominus ménagent un espace triangulaire à base inférieure le canal inguinal.
Le pilier externe s’attache sur l’épine du pubis, recouvrant les attaches du
pilier interne du coté opposé et se termine sur l’aponévrose du gracilis de la
cuisse (Rouvière d’après Gilis). Il existe donc une continuité fonctionnelle
entre l’obliquus externus abdominis et les adducteurs de la cuisse.
La paroi
postérieure du canal inguinal est complexe. Elle est formée par le tendon
conjoint qui est une lame tendineuse provenant de la réunion des fibres de
l’obliquus internus et du transversus abdominis, par le ligament de Henlé et le
fascia transversalis. C’est le point faible du canal inguinal.
Les muscles de la
cuisse sont constitués par un plan profond l’adductor magnus (grand adducteur),
un plan moyen l’adductor brevis (petit adducteur) et un plan superficiel le
pectinéus, l’adductor longus (moyen adducteur) et le gracilis. L’insertion de
l’adductor longus se fait à l’angle du pubis et à la face inférieure de l’épine
pubienne. Le tendon déborde en dedans la limite interne du pubis et se confond
en avant de la symphyse pubienne avec des éléments tendineux des muscles voisins,
rectus abdominis, pyramidalis, obliquus externus, pour former l’amas tendineux
prépubien ou présymphysaire (Rouviére). Il y a donc une continuité tendineuse
entre la paroi abdominale et les adducteurs. Bonnel parle du complexe
articulaire fémoro-coxo-sacro-pubien et de son fonctionnement mécanique
particulier dans les activités sportives. La symphyse pubienne est un carrefour
musculaire solidarisant les muscles du tronc et des cuisses et où s’exercent
d’importantes forces transférées entre le rachis et les membres inférieurs. Les
adducteurs et en particulier l’adductor longus et le gracilis sont d’important
stabilisateurs du bassin, en appui unipodal. Dans l’activité sportive, le
contrôle de la flexion, de l’adduction et de la rotation de la cuisse nécessite
une co-activation entre la paroi abdominale, les fessiers et les ischio-jambiers
pour contrôler en permanence la bascule du bassin (anté et retroversion) et la
position du rachis lombo-sacrée. La faiblesse de ces muscles ou une endurance
insuffisante entraine une instabilité fonctionnelle et un surmenage des
différentes structures (Biedert).
On l’aura compris
aux vues de ces arguments, il existe un complexe « abdomino-pubo-fémoral » tant
anatomique où l’insertion du gracilis et de l’adductus longus se confond avec
l’insertion de l’obliquus externus et du rectus abdominus que biomécanique avec
une synergie musculaire stabilisatrice du bassin. Les déficits de ce complexe
fonctionnel vont entraîner une instabilité fonctionnelle, qui va faire le lit de
la pathologie.
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Epidémiologie et pathogénie
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La pubalgie
touche l’adulte jeune sportif de pratique intensive. Pour Benazzo, l’incidence
est entre 2 et 5% pour tous les sports. Les femmes sont épargnées, la pubalgie
est rarissime chez l’athlète féminine. Ce sont plutôt les sportifs aux extrêmes
de leur carrière soit entre 17 et 18 ans ou entre 30 et 35 ans qui sont
préférentiellement atteint. Certains sports prédisposent plus particulièrement à
la pubalgie ; c’est le cas du football ,qui est le sport le plus couramment
rencontré. Dans la littérature scandinave l’incidence des traumatismes de la
région pubienne est de 10 à 18 traumatismes pour 100 footballeurs par an
(Hölmich). Mais d’autres sports sont incriminés comme le rugby, le hand-ball, le
ski de fond, l’escrime, le tennis, le basket, la course sur route.
L’origine de
cette pathologie est encore obscure et discutée, mais de nombreux auteurs
pensent que l’origine des douleurs est due à un déséquilibre musculaire dans la
stabilisation du bassin ( déséquilibre entre des adducteurs forts et rétractés
et une paroi abdominale faible). Pour Biedert la pubalgie est la conséquence
d’une aine faible avec une anomalie d’insertion du rectus abdominis avec une
aire d’attachement sur le pubis petite et une déficience du mur postérieur du
canal inguinal sans signe d’hernie. L’anneau inguinal externe est ouvert,
l’aponévrose de l’obliquus externus et le fascia transversalis sont faibles. Les
sportifs se plaignent d’une douleur latérale à la gaine du rectus abdominis
interne au ligament inguinal qui se produit lorsque péritoine bouge dans cette
déhiscence à cause d’une hyperpression pendant l’activité sportive. Pour Meyers,
la composante douloureuse sur les adducteurs dans la pubalgie trouve sa cause
dans les lésions de l’insertion basse du rectus abdominis qui vont entraîner une
bascule antérieure du bassin, ce qui augmente les contraintes sur les
adducteurs. Il évoque une hyper pression dans le compartiment des adducteurs.
C’est la raison pour laquelle, selon lui, la réparation chirurgicale de la
sangle abdominale fait habituellement disparaître les douleurs sur les
adducteurs.
1)
Principes
Les principes
généraux du traitement conservateur reposent avant tout sur l’adhérence du
sportif à la thérapeutique proposée. La question récurrente du sportif n’est pas
"quand est ce que je serai guéri ?" mais "quand vais je rejouer ?" L’athlète
doit être informé des structures anatomiques impliquées dans sa pathologie et
doit avoir une bonne compréhension des mécanismes qui l’ont provoqué et des
délais de cicatrisation. Le sportif doit réduire son niveau d’activité et éviter
tout exercice qui déclenche la douleur. Ceci ne veut pas dire une inactivité
totale. Il faut trouver une activité fonctionnelle éventuellement de haute
intensité mais totalement indolore.
La rééducation se
fait avec une progression par palier et avec un suivi constant. C’est une
progression en marche d’escalier (Dahan). On ne passe à l’étape suivante que si
les objectifs du palier sont atteints. Le temps passé à chaque palier dépend de
la possibilité de l’athlète de réaliser les exercices et non du temps écoulé
depuis la blessure. Le suivi de rééducation est constant pour adapter en
permanence la charge de travail à la symptomatologie.
Le moment crucial
est la reprise de la course à pied qui doit se faire avec une progressivité dans
l’intensité, dans le type de course réalisée et le type de surface utilisée.
2)
Eliminer ou diminuer la douleur
C’est la base du
traitement. La douleur est le seul indicateur pour quantifier les progrès de la
rééducation. Si la douleur ne diminue pas, la confiance dans la thérapie sera
perdue. Les moyens sont nombreux et variés, preuve de la difficulté de la tâche.
Sur le plan de la pharmacopée on peut utiliser les antalgiques, les AINS, les
myorelaxants, les corticoïdes. Certains auteurs proposent la réalisation
d’infiltration de corticoïdes au niveau de l’insertion des adducteurs ou de la
symphyse pubienne(technique de criblage de la symphyse). Cette thérapeutique est
très discutée tant au niveau de son indication que sur ses conséquences à long
terme.
Les techniques
sédatives de rééducation sont largement employées. Elles associent massages
transverses profond, cryothérapie, physiothérapie sédative et électrothérapie.
3)
Eliminer les facteurs déclenchant la douleur
Il faut éliminer
tous les mouvements ou tous les exercices qui vont déclencher la douleur. Par
extension on élimine tous les mouvements qui vont entraîner des contraintes
répétitives au niveau des tendons s’insérant sur le bassin. Il faut donc
modifier le niveau d’activité physique du sportif, en évitant toute
sollicitation douloureuse de la région.
Il faut améliorer
la mobilité de la hanche et la souplesse des muscles péri articulaires dans une
indolence complète. La symptomatologie douloureuse entraîne progressivement une
limitation de la mobilité et des rétractions musculo-tendineuse qui peuvent par
la suite entretenir la symptomatologie. On retrouve souvent une limitation des
rotations de hanche en particulier de la rotation interne et une tendance au
flessum de hanche. Si leur étirement est indolore il faut réaliser un stretching
des adducteurs, du psoas iliaque, des pelvi-trochantériens, des ischio-jambiers
et du quadriceps.
Il s’agit
d’étirements longs (30 à 60 secondes) avec utilisation de techniques comme le
contracté relâché. Dahan pense qu’il existe une faiblesse des rotateurs externes
et des abducteurs de hanche qui entraîne hypertonie et rétraction des adducteurs
avec à la longue une réaction inflammatoire sur les tendons des adducteurs. Il
insiste sur l’importance dans un premier temps de renforcer abducteurs et
rotateurs externes de hanche.
4)
Améliorer la vascularisation locale
Il est
généralement admis qu’une augmentation locale du flux sanguin au niveau d’un
muscle ou d’un tendon blessé améliore le métabolisme local et le processus de
cicatrisation. On peut améliorer la vascularisation locale par différents moyens
physiques : ultra-sons, chaleur locale, massages, ondes de choc, mais aussi par
une activité physique peu intense et un travail musculaire local avec de faibles
charges et de multiples répétitions (30 à 40) avec une période de récupération
entre deux contractions qui est le double du temps de la contraction.
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Nous
utilisons depuis quelques mois la cryothérapie corps entier qui permet
de réaliser pendant 2 à 4 minutes une exposition de la surface cutanée à
une température de – 110° C, créant ainsi un véritable choc thermique.
La cryothérapie corps entier par le biais vraisemblable d’enképhalines
et de la vasodilatation secondaire à l’exposition cutanée au froid a des
effets antalgiques, anti-inflammatoires, myorelaxants, et
psychostimulants. Les patients lors des séances sont en tenue de bain,
avec des protections au niveau des extrémités (mains, pieds, oreilles).
Ils doivent se déplacer lentement dans la chambre de froid pour ne pas
créer un courant d’air et respirer calmement en insistant sur le temps
expiratoire. Les contre-indications à cette thérapeutique sont les
myocardiopathies, les troubles vasculaires, le syndrome de Raynaud, les
cryoglobulinémies, les crises d’asthme déclenchées par le froi et les
affections non stabilisées. Les séances sont bi-quotidiennes et nous
réalisons entre 20 et 40 expositions par traitement. |
5) Le
renforcement de la sangle abdominale
Certaines
douleurs pubiennes sont en rapport avec une faiblesse de la paroi abdominale en
général et des obliquus abdominis en particulier. Ce déficit de la sangle
abdominale est souvent associé à un déficit des extenseurs du rachis. Il faut
renforcer ces muscles en évitant de solliciter les fléchisseurs de hanche. En
effet le pectinéus, l’adductor brevis et longus ainsi que les faisceaux issus de
la branche ischio pubienne de l’adductor longus sont des adducteurs mais
également des fléchisseurs de hanche. Il faut donc limiter l’amplitude de
travail des abdominaux pour éviter la contraction parasite des fléchisseurs de
hanches et par la même la sollicitation des adducteurs qui peuvent pérenniser
les douleurs. On peut réaliser des exercices de flexion antérieure du tronc
exécuté lentement par décollement de la tête et des épaules à partir du
décubitus dorsal. Lorsque le sujet enroule le thorax jusqu’à la limite du
décollement des omoplates du plan d’examen et maintient cette position pendant 3
à 5 secondes on a une intense activité au niveau de tous les abdominaux. Le
travail isométrique est à privilégier car les abdominaux dans la pratique
sportive ont pour action principale de stabiliser le bassin. Il faut solliciter
alternativement les insertions hautes et basses et varier les angles de travail.
Les exercices de bascule du bassin et de glissé de jambe sont intéressants. Le
sujet est en décubitus dorsal genoux fléchis et mains derrière la nuque. La
contraction des abdominaux (rectus abdominis et faisceaux externes de l’obliquus
externus) entraîne une bascule postérieure du bassin qui amène le rachis
lombaire au contact avec la table d’examen. Le sujet doit maintenir cet
aplatissement du segment lombaire et son contact avec la table tout en faisant
glisser les talons sur la table jusqu’à l’extension complète puis ramener les
genoux en flexion en ramenant un talon puis l’autre.
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Progressivement
un travail dynamique des abdominaux sera introduit, d’abord en concentrique en
course interne puis en course externe, puis en excentrique. La tonification des
spinaux à pour but d’améliorer le contrôle statique du bassin et éviter la
bascule antérieure du bassin. C’est la raison pour laquelle on réalisera des
exercices isométriques puis un renforcement excentrique
6) Le
renforcement des adducteurs
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La
progressivité des exercices est la base du renforcement de ces muscles.
On commence par des exercices sans résistance dont le but est
d’améliorer la vascularisation locale. La position de travail des
adducteurs est importante. On débute par une position peu contraignante,
hanches et genoux fléchis, pour aller vers la position la plus exigeante,
hanches et genoux en extension.
On initie
le travail en dynamique en concentrique d’abord en course interne puis
moyenne et enfin en course externe. Lorsque le travail concentrique en
course externe et les étirements sont indolores on peut introduire un
travail excentrique selon le protocole de Stanish avec la même
progression c’est à dire de la course interne vers la course externe. Le
travail est d’abord axé vers l’endurance avec un nombre de répétitions
élevées, puis vers la vitesse et en fin de rééducation vers la
puissance. |
7) La
reprogrammation neuro-musculaire
Elle prépare la
reprise sportive. On réalise des exercices de stabilisation du bassin avec une
co-activation des muscles de la sangle abdominale et des membres inférieurs sur
plan stable puis sur plan instable. On insiste sur le travail de dissociation
tronc-membres inférieurs. C’est un travail fonctionnel avec des exercices
spécifiques au sport pratiqué Il s’agit d’une véritable préparation à la
gestuelle sportive.
8)
L’entretien articulaire global et la préparation physique générale
L’immobilisation
partielle d’une articulation par des douleurs a des conséquences sur les
articulations sus et sous-jacentes. Une lésion d’un membre inférieur diminue le
potentiel du membre lésé mais également celui du membre controlatéral. Il faut
donc réaliser un entretien global du membre inférieur lésé mais également du
membre controlatéral.
Une réduction des
activités physiques a des répercussions sur le plan cardio-vasculaire, et sur le
plan psychique qui diminuent les capacités du sportif à faire face à la
symptomatologie douloureuse. C’est la raison pour laquelle il faut maintenir
l’intégrité de l’appareil locomoteur et assurer un entretien cardio-vasculaire à
l’effort en trouvant des activités physiques indolores.
9 ) La reprise des activités physiques
Cette reprise
doit être progressive. L’équipe médicale doit encadrer le sportif, et le staff
technique. Il faut doser l’intensité des exercices programmés et éviter de
ré-activer la symptomatologie. Ce n’est pas parce que le sportif est capable de
courir dans l’axe qu’il peut reprendre le football avec des courses rapides et
des changement de rythme et de direction.
L’athlète doit bénéficier d’un programme spécifique de reprise. Ce programme
doit être individuel et l’augmentation des contraintes doit se fait par palier.
La reprise de la
course se fait selon des objectifs précis. On débute par un travail à faible
allure dans l’axe, le sportif trottine à faible intensité en ligne droite, puis
on introduit des éducatifs de course(montée de genoux, de talons) puis travail
de la foulée avant d’aborder la course rapide, puis le sprint et au final les
changements de rythme. La progression des types de course suit également une
progression course en ligne droite, puis course légèrement chaloupée, course en
cercles larges qui se resserrent progressivement, course en 8 puis changement de
direction à angle droit puis angles de plus en plus aigus.
La surface de
course est importante et nécessite une progression : d’abord travail sur terrain
plat et stable, puis travail sur surface en herbe, puis parcours vallonné…
Lorsque ces différents paliers sont passés avec succès on réintroduit le travail
spécifique du sport pratiqué, par exemple exercices de conduite de balle, puis
passes courtes de l’extérieur du pied puis de l’intérieur, puis frappe balle.
L’ensemble de la
littérature s’accorde à penser que le traitement médical est le traitement de
première intention d’une pubalgie. Le traitement conservateur permet une
guérison dans 80 à 85% des cas (Rochecongar-Berger). Dans les formes rebelles à
un traitement bien conduit pendant 3 mois en moyenne, une prise en charge
chirurgicale peut être proposée.
Il existe deux
variantes d’interventions : soit une détente des muscles adducteurs, ceux-ci
étant considérés comme trop forts, soit une remise en tension des muscles larges
de l’abdomen, ceux-ci étant considérés comme trop faibles. La détente des
adducteurs peut être réalisée soit par ténotomie percutanée soit par abord
chirurgical direct pour exciser les lésions fibro-cicatricelles. Cette technique
chirurgicale est actuellement reléguée au second plan, car considérée comme trop
délabrante pour les sportifs de haut niveau.
Nesovic a décrit
une intervention de rééquilibrage par plastie abdominale qui cherche à pallier
l’insuffisance des muscles obliques et du canal inguinal et à stabiliser ainsi
la symphyse pubienne en s’opposant à l’action prédominante des adducteurs. Cette
intervention se rapproche mais est différente de la cure de hernie inguinale
selon Bassini. L’intervention comporte un temps de dissection qui met
généralement en évidence des fissures longitudinales de l’aponévrose de
l’obliquus externus et une déhiscence entre le tendon conjoint et l’arcade
crurale (Jaeger), et un temps de réparation avec un plan profond appelée par
Nesovic myo-fascio-plastie qui consiste à suturer l’extrémité inférieure du
rectus abdominis et du tendon conjoint au périoste du pubis homolatéral, et un
plan superficiel qui est une suture de l’aponévrose superficielle sans tension
excessive.
La rééducation
post chirurgicale doit respecter les délais de cicatrisation de la sangle
abdominale, ce qui demande d’éviter toute sollicitations intempestive de la
paroi pendant 3 à 4 semaines. Puis on réalisera un travail d’assouplissement des
cicatrices(massages et ultra-sons), une tonification douce de la sangle
abdominale qui peut débuter par une électro-stimulation et des contractions
isométriques et des étirements et un renforcement des adducteurs. Puis on
réalise une re-programmation neuromusculaire avant de réintroduire le footing
aux alentours de la sixième semaine postopératoire et le travail des gestes
techniques spécifiques vers la huitième semaine.
La pathologie de
la région pubienne et des adducteurs est très fréquente chez les joueurs de
hockey sur glace. Tyler a mené une étude prospective chez tous les joueurs de la
NHL lors des saisons 97-98 et 98-99. Sa définition lésionnelle est une douleur à
la palpation du tendon des adducteurs au niveau de son insertion osseuse et / ou
une douleur pubienne pendant une adduction contre résistance. L’incidence de
cette pathologie est de 3,2 lésions / 1000 joueurs exposés. Les adducteurs des
joueurs qui se blessent pendant la saison ont une force inférieure de 18% à ceux
qui ne se blessent pas. Un joueur à 17 fois plus de chance de se blesser les
adducteurs si le ratio de force adducteurs / abducteur est inférieur à 80%. Par
contre la souplesse des adducteurs n’est pas associée avec le risque de blessure
de ces muscles. A partir de cette première étude, l’auteur inclut les joueurs de
hockey sur glace avec un ratio adducteur / abducteur inférieur où égal à 80%
dans un programme spécifique de renforcement des adducteurs (concentrique,
excentrique et fonctionnel) au rythme de 3 sessions par semaine pendant 6
semaines. Sur les 2 années d’étude l’incidence des lésions passe de 3,2 à 0,71/
1000 joueurs exposés.
La tonification
de la sangle abdominale est également primordiale dans la stratégie préventive.
Ce renforcement s’adresse bien sur au rectus abdominis mais surtout à l’obliquus
externus et internus et au transversus qui font partie de la même synergie
fonctionnelle que les adducteurs dans la gestuelle sportive. Il faut privilégier
le travail isométrique des abdominaux, car dans la pratique sportive ils leur
rôle est de stabiliser le bassin. Il est important de varier les angles de
travail et alterner les exercices sollicitant les insertions hautes et basses.
Un déficit des rotateurs externes et des abducteurs de hanche entraîne
hypertonie et rétraction des adducteurs source de réaction inflammatoire de
l’insertion des adducteurs, d’où l’intérêt d’un travail spécifique de ces
muscles déficitaires (Dahan).
A ce travail
spécifique de renforcement il faut également associer des exercices d’étirement
des adducteurs, des fléchisseurs et des rotateurs externes de hanche.
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