Les manipulations du genou
Yvon Lesage
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Luxation de la rotule
Il s'agit le plus souvent d'une symptomatologie très récidivante provoquée
par une dysplasie de la rotule (béret basque) ou d'une dysplasie des condyles
fémoraux. Les récidives, très fréquentes, conduisent le plus souvent à une
sanction chirurgicale. Mais il existe des cas limites où la dysplasie, quand
elle existe, est très peu marquée et ou un traumatisme évident est à l'origine
de la luxation. La rupture de l'aileron rotulien conduit souvent à
l'intervention, mais lorsque la réduction a été pratiquée très précocement et a
été effectuée dans de bonnes conditions, j'ai observé un certain nombre de cas
sans récidives. De toute façon, dans une éventualité comme dans l'autre, il
n'est pas question de laisser le patient souffrir et la réduction manipulative,
si possible immédiate, s'impose.
La réduction manipulative est très simple. Elle tient compte d'une part de
l'axe des surfaces articulaires et surtout de la tranchée condylienne dont l'axe
est bien entendu vertical et d'autre part, de l'élasticité du quadriceps, alors
que de l'autre côté, le tendon rotulien ne possède que très peu ou pas
d'élasticité. Il suffit donc de placer la face palmaire contre le genou, la
fourchette (pouce-index) largement ouverte, venant coiffer l'extrémité
supérieure de la rotule (qui est toujours luxée du coté externe) (fig.1). Une
pression sèche et appuyée de haut en bas permet de réengager très rapidement et
sans douleur la rotule dans la gouttière condylienne. En relâchant la pression,
celle-ci reprend sa place. Cette technique doit être la seule utilisée car,
seule, elle évite des complications articulaires et péri -articulaires. Dans les
luxations récidivantes, il est utile d'enseigner au patient à s'auto-manipuler
(fig.2).
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Fig. 1
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Fig. 2
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Les blocages méniscaux
Il est bien évident que dans la grande majorité des cas, les blocages
méniscaux sont justiciables d'un traitement chirurgical. J'ai eu cependant la
bonne surprise, quelquefois, d'observer un résultat durable, sinon définitif,
par manipulation. Il s'agit sans doute de « plicas ». De toute façon, l'acte
chirurgical n'est pas immédiat et il est impossible de laisser le blessé avec un
genou en flexion irréductible pendant quelques heures, voire quelques jours.
Le sujet est placé sur le dos, en bordure de table du côté bloqué. Pour le
sécuriser il est indispensable de maintenir le genou fléchi avec, au départ, le
minimum de débattement. Pour ce faire, le manipulateur se place, flanc au sujet,
latéralement au plan de la table. Il introduit le pied entre ses cuisses (le
plus haut possible), les deux mains se plaçant latéralement de chaque côté du
genou en cause (fig. 111). La position des jambes et des pieds du manipulateur
est primordiale. Les jambes doivent être fléchies à environ 30° ; la pointe des
pieds se situant à l'aplomb de la ligne des genoux.
Fig.
3
La manipulation sera essentiellement provoquée par une extension des jambes
du manipulateur provoquant obligatoirement une extension de la jambe à manipuler.
Les jambes du manipulateur effectuent un véritable mouvement de godille (de
ski), les genoux se portant du côté opposé au ménisque en cause (interne ou
externe), le bassin se portant obligatoirement du côté inverse (fig.4,5). Les
mains, pendant ce temps, appuient le mouvement en ouvrant l'articulation du côté
du ménisque atteint, le pouce du côté ouvert effectue une véritable poussée de
réinsertion. Le mouvement est à répéter sans forcer jusqu'à ce que le ménisque
se trouve véritablement aspiré. Cela se sent très bien à la main. Alors, le
manipulateur allonge totalement la jambe du blessé en se mettant lui-même en
déséquilibre sur ses talons (fig.6). La jambe allongée est reposée sur la table
et un strapping mis en place.
La manœuvre est absolument identique qu'il s'agisse d'un ménisque interne ou
d'un ménisque externe. Seuls, varient le sens de la godille et le sens de
l'ouverture (fig.7 à 10).
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Fig. 7
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Fig. 8
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Fig. 9
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Fig. 10
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Cette technique, très précise et très sûre, permet une réduction pratiquement
sans douleur et n'aggrave en aucune façon les lésions méniscales existantes.
Il est souvent utile, surtout lorsqu'il s'agit d'un ménisque externe, de
compléter la manipulation par la manipulation suivante, décrite sous le terme de
« tibio-péronière supérieure », et d'effectuer une infiltration de l'aileron
rotulien externe qui très souvent a été étiré.
La tibio-péronière supérieure
Généralités
La tibio-péronière supérieure (TPS) est une articulation est mal connue. Il
ne faut cependant pas oublier qu'elle est sollicitée lors de chaque mouvement du
pied en « flexion extension » et donc, de façon obligatoire lors de chaque
déroulement du pied pendant la marche. Un blocage direct de cette
pseudo-articulation se produit très fréquemment chez le footballeur, au moment
d'un shoot bloqué (pied actif) ou lors d'un contre (pied d'appui). Bien que la
plupart du temps méconnue, elle entre, d'après mes estimations, pour 35 à 40
p.100 de la pathologie du genou chez le sportif.
Il est très facile de tester la motilité de l'extrémité supérieure du péroné.
Celle-ci est physiologique et toujours symétrique. Le sujet est allongé sur le
dos, les jambes fléchies à 80°. Le manipulateur s'asseoit sur les pieds du
patient. Les deux mains en crochet, il teste par comparaison les deux
articulations (fig.11,12).
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Fig. 11
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Fig. 12
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Le ballottement physiologique doit être symétrique. Dans le cas contraire, il
y a blocage. Celui-ci n'est pas toujours traumatique et des blocages réflexes
sont extrêmement fréquents, en particulier dans la sciatique L5 ; le sciatique
poplité externe cravatant la tête du péroné en est la cause. De nombreuses
séquelles de sciatique ont cette origine et ne peuvent disparaître qu'après
manipulation de ce blocage.
Manipulation
Première technique
Le sujet reste sur le dos, bien au bord de la table. Le manipulateur se place
latéralement à la table, flanc au sujet comme pour le ménisque. La main externe
se place en coin dans le creux poplité, le pouce englobant la tête du péroné.
L'autre main vient saisir le talon, bloquant le bord externe du pied contre le
flanc du praticien. La jambe externe est toujours en avant (fig.13). Il suffit
au manipulateur de se pencher légèrement en avant pour obtenir une flexion
forcée et obligatoirement, la manipulation (fig.14). Il est préférable d'envoyer
en avant la jambe qui se trouve du côté de la table (fig.15). Si la résistance
est importante, il est possible de remplacer la main par l'avant-bras (fig.16).
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Fig. 13
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Fig. 14
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Fig. 15
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Fig. 16
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Deuxième technique : automanipulation
Il est possible d'enseigner au sujet à s'automanipuler (ces blocages sont
extrêmement récidivants). Il devra se placer à genoux, les deux mains à plat sur
la partie postérieure et inférieure des cuisses, les doigts vers l'intérieur
(fig.17). Il obtiendra la manipulation en s'asseyant brusquement sur les talons.
Les pointes des pieds doivent être obligatoirement en extension, et tournées
vers l'intérieur (fig.18).
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Fig. 17
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Fig. 18
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Troisième technique
Une autre technique opposée à celle décrite plus haut est utilisée lorsque la
douleur à la palpation est provoquée par la mobilisation d'arrière en avant de
la TPS. Le pied du patient est posé sur l'épaule du manipulateur. Les mains sont
jointes ; le bord cubital de l'une d'elles reposant sur la tête du péroné. La
pression des mains fait adhérer le pied à l'épaule et les jambes de l'opérateur
provoquent une traction qui assure la mise en tension. Une pression très sèche
sur la tête du péroné provoque la manipulation (fig.19, 20, 21).
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