Les manipulations du coude
Yvon Lesage
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Varus douloureux
Le sujet est assis sur la table d'examen, le manipulateur à côté de lui. La
main proximale se place sur l'olécrane, le coude et le bras du manipulateur
contrôlant l'épaule (fig.1). La main opposée saisit le poignet de la façon
suivante : les trois derniers doigts se placent sur la face dorsale de la main
du patient la portant en flexion, pouce et index formant une boucle (fig.2)
autour du pouce. La main est progressivement et lentement portée d'une pronation
forcée à une supination forcée en exerçant une traction en valgus sur un coude
légèrement fléchi (fig.3). Ce geste est à répéter plusieurs fois jusqu'à
sensation de craquement ou de libération de l'articulation du coude.
Valgus douloureux
Le patient est toujours assis sur la table d'examen. Le manipulateur s'assoit
entre son flanc et le bras douloureux (si besoin est, sur la cuisse) contrôlant
avec son dos l'épaule. La main distale se place toujours sur l'olécrane. Les
trois doigts de la main proximale se placent sur la paume de la main du patient
(fig.4) portant cette main en extension et en pronation, lui donnant un
mouvement de rotation interne en supination en maintenant une pression en varus
(fig.5,6). Ce mouvement doit également être répété plusieurs fois.
Les manoeuvres de valgus et de varus sont souvent effectuées à la suite et en
complément des manœuvres de pronation ou surtout de supination douloureuse. Le
coude est aussi une articulation complexe puisqu'en plus des articulations radio
et cubito-humérales, il existe une articulation radio-cubitale supérieure. Les
syndromes de pronation et de supination douloureuses sont en général à mettre au
compte de cette articulation. Des examens radiologiques systématiques permettent
d'objectiver des images radiologiques d'anté et de postéro-position de la tête
radiale par rapport au cubitus. Ces images s'accompagnent toujours d'une
manifestation radiologique opposée au niveau de la radio-cubitale inférieure.
Cette symptomatologie du coude s'accompagne d'ailleurs d'un point douloureux
très net, perceptible à la palpation, mais pas toujours manifesté par le blessé,
au niveau du poignet.
Pronation douloureuse
Je m'attarderai quelque peu sur la symptomatologie et les étiologies de la
pronation douloureuse, car sa réduction, dans la majorité des cas, fait la
réputation et le triomphe des empiriques. Elle se manifeste le plus souvent chez
le jeune enfant, provoquée par la mère faisant monter une marche ou un escalier
à l'enfant soulevé par une main. La manifestation est brutale. Le jeune enfant
se plaint de son coude ; surtout, signe pathognomonique, il ne peut plus tendre
la main pour saisir (signe de la sucette). Au mouvement, il existe une douleur
très nette et élective à la pronation provoquant le retrait du bras : à la
palpation, une douleur exquise au niveau des articulations (radio-cubitale
supérieure et inférieure). Après la manipulation (très simple), la douleur à la
palpation disparaît et le mouvement de pronation est immédiatement restitué.
Pour la manipulation, comme toutes celles du coude et du poignet, il est
recommandé de travailler en traction. Celle-ci est obtenue en positionnant le
sujet à cheval sur une chaise placée à l'envers, de l'autre côté de la table
d'examen, et en tirant de façon axiale (fig.7,8). Chez le tout jeune enfant,
assis sur les genoux du père ou de la mère, il n'est pas indispensable
d'utiliser une opposition. L'hyperlaxité ligamentaire est très grande et les
muscles peu toniques, tout au moins si la manipulation n'est pas faite trop
longtemps après l'accident et s'il n'y a pas encore de contractures. Le
manipulateur saisit le poignet du blessé avec la main homologue, place le coude
de l'autre main sur la tète radiale et, après une traction énergique, fait plier
le coude en provoquant une supination forcée et en mettant le poignet en flexion
(fig.9,10).
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Fig. 7
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Fig. 8
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Fig. 9
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Fig. 10
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Le syndrome n'existe pas seulement chez le jeune enfant mais aussi chez
l'adolescent et l'adulte. J'ai eu l'occasion de l'observer chez des marins ou
des ouvriers du bâtiment dont les pieds avaient glissé d'une échelle et qui
étaient restés suspendus par une main. Autre étiologie commune à la supination
douloureuse : le fait de poser un livre sur une table de chevet ou d'éteindre en
cherchant l'interrupteur d'une lampe de chevet. On la retrouve également chez
des ouvriers cherchant, bras tendus, à retirer quelque vis dans un espace réduit
(dévissage).
Supination douloureuse
La supination douloureuse est moins fréquente, tout au moins chez le jeune
enfant. J'ai eu surtout à l'observer chez des carriers dont le mouvement de «
barrer » un morceau de granit est caractéristique. Le livre et la lampe de
chevet se retrouvent dans l'étiologie, de même que, cette fois-ci, le fait de
visser, bras tendus, dans un espace restreint.
La manipulation est le contraire de la précédente. Elle consiste à plier le
coude après extension, en provoquant une pronation forcée et en mettant le
poignet en extension. La prise de main se fait de façon hétérologue (fig.
66-67). Ces deux manipulations, en particulier la deuxième, peuvent s'effectuer
en décubitus (fig. 68-69).
Epicondylalgies et épitrochialgies
En dehors de leur origine cervicale, ou locale par une enthésite ou une
tendinite, les épicondylalgies et épitrochialgies peuvent souvent avoir pour
étiologie un dérangement intéressant respectivement les articulations radio et
cubito-humérales. Il est d'ailleurs fréquent de voir une tendinite se développer
secondairement à l'atteinte articulaire et persister malgré tous les traitements
tant que le dérangement articulaire n'est pas réduit.
Ce sont essentiellement les techniques de valgus et de varus qui sont
utilisées comme décrit précédemment mais on peut également utiliser, suivant les
résultats de l'examen, les techniques de pronation et de supination.
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