Les manipulations de la cheville et du pied
Yvon Lesage
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Tibio-péronière inférieure
La manipulation est bien entendu similaire à celle de de la tibio-péronière
supérieure, puisque les deux sont pratiquement toujours associées. On doit
cependant, dans l'un et l'autre cas, y adjoindre toujours la manipulation
suivante :
Le sujet est allongé sur le dos, jambe tendue. Une main saisit la jambe sous
le genou, l'autre main s'applique sur le dos du pied et imprime un mouvement
d'extension et de latéro-flexion interne (fig. 1).
Fig. 1
Tibio-tarsienne
Un grand nombre d'entorses tibio-tarsiennes sont tout simplement des entorses
tibio-péronières inférieures et justiciables de la même manipulation (fig. 1).
La quasi-totalité de ces atteintes finalement la justifierait, s'il ne s'y
ajoutait une élongation ou une rupture du ligament latéral externe (le plus
souvent du faisceau moyen ou du faisceau antérieur). Le principe de la non-douleur
contre-indique alors toute manipulation en latéro-flexion interne. Dans ce cas,
il est nécessaire d'utiliser une autre technique, comme pour le membre supérieur
: la décompression.
Le sujet est placé sur le ventre, jambe à la verticale. Le manipulateur se
place latéralement, les deux mains prennent en coupe l'une le pied, l'autre le
talon, se plaçant assez haut pour immobiliser la sous-astragalienne (fig. 2).Un
mouvement alternatif droit et gauche, avant, arrière (comme pour déboucher une
bouteille de champagne) permet la décompression. Il est souvent nécessaire pour
obtenir la manipulation, d'y associer un léger mouvement de rotation interne et
externe.
Sous-astragalienne
Nous abordons déjà avec celle-ci le tarse. Cependant, une entorse
sous-astragalienne est souvent associée à la tibio-péronière ; surtout, un
blocage sous-astragalien est la règle après une immobilisation par plâtre pour
fracture ou pour entorse (ce qui explique qu'on provoque très souvent un blocage
sous-astragalien en plâtrant une entorse tibio-tarsienne grave).
Le sujet est placé sur le ventre, la jambe verticale comme pour la
manipulation précédente. Le praticien s'assoit sur la cuisse mais il est
nécessaire alors d'immobiliser le calcanéum contre la poitrine avec
interposition d'un petit coussin. On se penché en avant pour se projeter
progressivement en arrière ce qui assure la mise en tension (fig. 3). La
manipulation s'effectue par un mouvement hélicoïdal des deux mains qui
saisissent l'avant-pied, ceci dans le sens de la non-douleur (fig. 4).
La médio-tarsienne (Chopart et Lisfranc)
Il est souvent difficile de différencier cliniquement l'atteinte de l'une et
de l'autre articulation. En fait, il faut se rappeler que l'orientation oblique
de l'une et de l'autre leur donne une vocation opposée, l'atteinte de l'une
provoquant une douleur en planti-flexion, et celle de l'autre en dorsi-flexion.
Il suffit donc là encore de suivre fidèlement le sens de la non-douleur.
Première technique : planti-flexion libre
Le sujet est allongé sur le dos, jambe tendue, le talon reposant sur le bord
de la table (fig. 5).
Fig. 5
Le manipulateur se place latéralement. Comme pour une tibio-tarsienne, il
immobilise la jambe en plaçant une main sur la face antérieure du tibia, juste
en-dessous du genou. L'autre main vient saisir l'avant-pied. Après mise en
tension, le poids du corps est réparti également sur les deux mains, provoquant
une planti-flexion forcée.
Deuxième technique : dorsi-flexion libre
Cette technique est un peu plus complexe et demande une très bonne
coordination des gestes.
Le sujet est placé dans la même position que précédemment. Le manipulateur se
place à l'extrémité de la table, le pied à manipuler à plat sur la cuisse. Une
main se met en étrier sur le tarse, et l'autre vient se placer au-dessus pour
renforcer l'appui (fig. 6). La jambe sur laquelle repose le pied à manipuler est
brusquement fléchie et portée en arrière de façon à ce que l'appui ne se fasse
plus que par l'arcade antérieure (fig. 7).
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Fig. 6
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Fig. 7
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En même temps, on exerce un appui le plus puissant possible de haut en bas
sur les mains actives. La manoeuvre est facilitée en demandant au patient
d'appuyer fortement l'avant-pied sur la cuisse, puis de relâcher brusquement.
Déchaussement
Il s'agit d'une manœuvre de déchaussement de la tibio et de la
sous-astragalienne.
Patient en décubitus dorsal, pied à manipuler en bout de table ou (de
préférence) en dehors de la table. La main homologue de l'opérateur saisit
l'avant-pied, la commissure du pouce épousant le bord interne du pied au niveau
du premier métatarsien. La main hétérologue soutenant le talon en berceau :
talon sur la paume pouce en avant de la malléole externe, doigts internes contre
la malléole interne... Donner au membre inférieur des mouvements de flexion
extension du genou et de la hanche en faisant monter le genou lors de la flexion
et en tirant à soi en extension (pompage). A partir de la position fléchie du
genou, une brusque traction dans l'axe assure la décoaptation.
Cuboïde et scaphoïde
Patient en procubitus, genou sur table ou en dehors de la table (la
manipulation est ainsi plus puissante) (fig. 8).
Fig. 8
Les deux mains de l'opérateur enserrent l'avant-pied, les doigts internes se
superposant en situation dorsale, les deux pouces appuyant (suivant la
manipulation à effectuer) sur le cuboïde ou le scaphoïde, tout en bloquant
l'avant-pied. De cette façon on donne un certain nombre de petites secousses
pour détendre l'articulation puis d'un mouvement sec on porte le pied en planti-flexion
forcée, l'axe de la traction se faisant :
- pour le cuboïde, opérateur dans l'axe du membre ;
- pour le scaphoïde, opérateur déporté en dehors de l'axe du membre.
Lorsque le genou est en dehors de la table, on obtient un effet coup de fouet
en se servant de l'inertie du genou et de la cuisse.
Métatarso-phalangienne et inter-phalangienne
Elles se manipulent comme leurs homologues du membre supérieur en tenant
compte d'une prise beaucoup plus réduite. Là-aussi, l'interposition d'un kleenex
est absolument indispensable pour éviter le dérapage toujours douloureux. Le
geste manipulatif doit combiner une traction axiale avec une petite rotation de
l'intérieur vers l'extérieur (fig. 9).
Fig. 9
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