image
image
image
image

 

Manipulation en menton-pivot

Alain Gourjon, Patrick Juvin


 

Il s'agit d'une technique complémentaire selon la classification de R. Maigne dans son dernier traité de "Diagnostic et traitement des douleurs communes d'origine rachidienne". Technique délicate à ne mettre qu'entre des mains expérimentées très habituées aux techniques manipulatives, elle n'est jamais de première intention et n'intervient donc qu'en complément d'autres techniques cervicales.

 
 
Indications
 

Cette manœuvre doit être réservée aux Dérangements Intervertébraux Mineurs (DIM) rebelles avec certitude du diagnostic, certitude de la qualité de la réalisation des autres techniques principales que sont celles en rotation et celles en latéro-flexion. Le premier axiome en médecine orthopédique est qu'il vaut mieux bien faire les techniques les plus faciles que de mal faire les plus difficiles. Elle est utile lorsqu'on veut compléter l'action de manipulation sur la charnière cervico-thoracique par un étirement sur l'ensemble du rachis cervical.

PRÉCAUTIONS : le respect des contre-indications est ici encore plus important que pour toutes les autres techniques cervicales. Elle devra donc être précédée impérativement, comme dans toute autre manipulation cervicale, d'un examen radiologique de qualité irréprochable, d'un examen clinique soigneux à la recherche des signes d'insuffisance vertébro-basilaire par la réalisation des tests de posture en position couchée et debout.

 
Contre-indications
 

En dehors des contre-indications générales des manipulations que constituerait tout ce qui ne serait pas un DIM, citons :

  • Le mauvais état osseux porotique, trop fragile
  • Un schéma en étoile avec une extension douloureuse;
  • Surtout, la contre-indication majeure reste l'insuffisance vertébro-basilaire particulièrement à redouter dans toutes les manipulations cervicales, mais encore plus dans cette technique, qui comporte une composante obligatoire d'extension avec torsion. Elle est d'autant plus trompeuse que l'accident peut survenir chez un sujet ne présentant aucun antécédent. La manipulation cervicale, de toute évidence, peut en cas d'insuffisance vertébro-basilaire avoir des conséquences dramatiques surtout en cas de manœuvres forcées, répétées ou maintenues.
Mise en garde (2002) : Cet article, écrit en 1992, ne représente pas la position actuelle de la SOFMMOO, qui déconseille fortement toute manipulation cervicale en rotation forcée chez la femme de moins de 50 ans (lire : recommandations de la SOFMMOO pour les manipulations cervicales).

TESTS DE POSTURE. Ces tests consistent à maintenir le rachis cervical supérieur en position d'hyperextension avec rotation droite puis gauche pendant quelques secondes en interrompant immédiatement au moindre déclenchement d'une impression vertigineuse ou d'un nystagmus dont la survenue doit inciter à la plus grande prudence. Ils sont pratiqués en position couchée et debout.

 
Description de la manipulation
 

POSITION DU PATIENT. Le patient est en décubitus ventral, membres inférieurs en rotation interne de détente, bras écartés tom­bant de chaque côté de la table, laissant le menton directement en appui sur la table, ou bien mains superposées ou entre­croisées mettant ainsi le rachis cervical en extension différente selon leur avancée (fig. 1).

Menton-pivot

POSITION DU MÉDECIN. Celui ci est debout à l'angle antérieur de la table du côté opposé à la main d'appui dorsale, jambes demi-fléchies, plan des épaules, du bassin et des pieds parallèles. La main dorsale, par l’éminence thénar, prend appui selon le cas sur la transverse opposée de la première, de la deuxième ou de la troisième vertèbre dorsale, l'autre main ou main céphalique empaume la région temporo-maxillaire du patient en prenant garde de ne pas comprimer l'oreille (fig 2).

L'appui doit se faire au dessus de l'oreille de façon à augmenter le bras de levier et à rendre plus facile le dosage exact de l'impulsion manipulative. La technique la plus souvent utilisée comporte une rotation dans un sens avec étirement vers le côté opposé.

MANIPULATION. Le médecin va donc effectuer la mise en position en plaçant le cou en latéro-flexion vers lui, dans sa propre direction, tout en prenant garde de ne pas déplacer l'appui du menton qui doit rester le pivot de la manipulation (fig. 3). Puis, en maintenant d'une part la contre pression par l'éminence thénar de la main dorsale et la mise en latéro-flexion du rachis cervical (fig. 4) il va donner l'impulsion manipulative par l'accentuation brusque et limitée de la rotation cervicale qui va se faire dans le sens opposé à la latéro-flexion.

Une variante de cette technique a été décrite : alors que le cou est dans la même position que précédemment, l'impulsion manipulative est donnée par l'action de la main dorsale sur la transverse opposée choisie de Tl, T2 ou T3.

 
Erreurs techniques les plus fréquentes
 
  • Mauvaise position du patient avec extension cervicale trop accentuée par le placement des mains trop en avant.
  • Mauvaise position du médecin en mauvais équilibre, trop raide sur ses jambes avec non respect du parallélisme épaules bassin pieds.
  • Mauvaise technique avec une main active qui, au lieu de prendre appui sur la région temporo­maxillaire, va prendre appui sur la région cervicale réduisant le bras de levier, obligeant à une impulsion mal contrôlée.



image
 
image
image
image