Annales de Médecine Physique 1965;8:1-4
Une fiche
d'identité pratique des manipulations vertébrales
R Maigne, R Lescure,
C Renoult, R Waghemacker
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Pouvoir décrire
rapidement, sans risque d'erreur, une manipulation est une nécessité absolue
lorsqu'on parle de cette méthode thérapeutique. Or, il n'existait jusqu'à
ces derniers temps que la nomenclature ostéopathique, sur laquelle nous ne
nous étendrons pas ici, mais dont il faut rappeler qu'elle implique une
conception pathogénique : celle de la "lésion ostéopathique". La
manipulation ostéopathique est en effet décrite en fonction du « déplacement
vertébral » qu'elle est sensée corriger. On parle par exemple d'une « 5°
lombaire postérieure gauche », ce qui signifie que cette vertèbre est
supposée être en position de blocage en rotation extrême vers la droite ;
donc la manipulation correspondante consistera à faire faire à cette
vertèbre une rotation vers la gauche.
Nous passerons
sur l'examen palpatoire utilisé par les ostéopathes pour aboutir à un tel
diagnostic et sur la conception même de la manipulation ostéopathique qu'il
n'est pas dans notre dessein de discuter ici.
Cette
terminologie, légèrement modifiée parfois, peut être utilisée par certains
comme un moyen commode, à défaut d'autre, pour décrire une technique
manipulative ou pour expliquer d'une manière rapide la manoeuvre qui a été
ou qui doit être exécutée. C'est l'habitude qui avait été prise par beaucoup
d'entre nous. Mais ce « jargon », compréhensible aux seuls initiés,
constitue un barrage dans tout article concernant les manipulations et dans
toute description de technique. C'est d'ailleurs cette raison qui avait
conduit l'un de nous (R. Maigne) à proposer, il y a quelques années, une
nomenclature purement descriptive des manipulations, qui n'est basée sur
aucun « a priori » pathogénique. C'est cette nomenclature que nous voulons
rappeler ici, en y ajoutant ce que nous appellerons « La Fiche Signalétique
de la Manipulation ».
Identité d'une manipulation
La manipulation est définie par les mouvements élémentaires qui la composent
: Flexion ou Extension, Rotation droite ou gauche, Latéroflexion droite ou
gauche.
Ces trois
coordonnées définissent parfaitement la position du segment manipulé. Mais
il faut encore préciser selon laquelle de ces directions est faite
l'impulsion manipulative : cette direction sera soulignée : manipulation
lombo-sacrée en rotation droite, latéroflexion droite, flexion. Par
convention, c'est toujours le mouvement du segment supérieur qui est
considéré par rapport au segment sous-jacent. On dit qu'il y a rotation
droite quand la transverse droite tend à être postérieure et la transverse
gauche antérieure.
Le sens de
l'action manipulative étant ainsi parfaitement défini dans l'espace, il faut
maintenant préciser la région sur laquelle elle est appliquée : cervicale,
cervico-dorsale, dorsale, lombaire, lombo-sacrée, et dans cette région,
l'étage :
L'étage et la
direction de la manipulation étant connus, il ne reste plus pour être
complet, qu'à indiquer la technique utilisée.
Celles ci sont
très nombreuses et la précision de la variété est secondaire puisque ce qui
compte, c'est le sens du mouvement sur le segment traité, que celui-ci soit
pratiqué sur un patient assis ou couché, dans une quelconque position.
Cette manoeuvre
sera désignée par la position du malade pendant la manoeuvre : décubitus
dorsal (Dd), décubitus ventral (Dv), décubitus latéral (DI), assis (A),
assis à cheval (CH), puis éventuellement par son caractère particulier ou
son nom.
Exemple :
o
Patient assis manoeuvre avec appui sternal
o
Patient assis manoeuvre au genou
o
Patient à cheval, etc.
Ainsi, grâce au
système que nous proposons, il est possible en quelques lettres de décrire
d'une manière extrêmement précise une technique manipulative.
Ceci est commode
dans les fiches de traitement ou lorsqu'on veut donner une description
succinte des manoeuvres exécutées au cours d'un traitement.
Exemples
Région |
Etage |
Direction |
Position du patient |
Variété |
Cervicale : C |
Supérieur : s |
Flexion
ou Extension |
Assis |
X |
Dorsale
: D |
Moyen :
m |
Latéroflexion
Dte ou G |
Assis à
cheval |
Y |
Lombaire
: L |
Inférieur : i |
Rotation
Dte ou G |
Décubitus Dorsal |
Z |
Lombo-sacrée : LS |
Etage
précis
ex : C5-C6 |
|
Décubitus Latéral |
|
Schéma 1
: La manipulation du joint C6-C7 en latéroflexion gauche sur rachis
en flexion s'écrira : C6-7 / F, LG Dl
Fig. 1
Schéma 2
:
La manipulation du joint C6-C7 sur rachis en latéroflexion gauche +
extension (fig. 2) et pratiquée en rotation droite, s'écrira :
C6-7 /
LG + E + RD / D1
Si, avec la même
technique dans le même cas, la manipulation était pratiquée en latéroflexion
gauche (le segment étant en extension et rotation droite), nous écririons :
C6-7 /
LG + E + RD / Dl
Fig. 2
Schéma 3
:
La manipulation lombaire moyenne en extension figurée figure 3 s'écrira :
Lm / E / A
Fig. 3