Annales de Médecine Physique
1965;8:3-11
Une
doctrine pour les traitements par manipulations :
La règle de la non douleur et du mouvement contraire
R Maigne
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I) Introduction
Nous nous sommes efforcés depuis quelques années
d'asseoir les manipulations sur des critères d'examen objectif dans les cas
où elles pouvaient être appliquées et de proposer des définitions simples.
La plupart des médecins qui se sont intéressés aux manipulations vertébrales
se sont surtout attachés à en préciser les indications et à se perfectionner
dans les techniques. Ceux qui ont négligé ce dernier point se sont privés du
seul moyen de connaître les vraies possibilités de cette thérapeutique, car
les techniques faciles à exécuter ne couvrent qu'une petite part des
possibilités des manipulations. Ceux qui ont recherché la perfection
technique se sont contentés pour la plupart des règles d'application données
par les ostéopathes, qui permettent, malgré l'absence de bases rationnelles,
une efficacité certaine à ceux qui y sont très entraînés.
Nous avons pensé qu'il fallait rechercher à placer les
manipulations sur d'autres bases ce qui nous a amené à proposer un
vocabulaire, déjà largement adopté - et même parfois qualifié de classique -
une nomenclature et des règles d'application basées sur un examen objectif.
La manipulation vertébrale est un mouvement passif
forcé qui a pour but de pousser les éléments d'un segment vertébral à
l'extrême du mouvement anatomiquement possible, d'une manière brève, sèche
mais très contrôlée. Son mode d'action nous échappe dans la plupart des cas,
d'autant que si on connaît bien les affections que l'on traite par elle, on
en ignore le plus souvent le mécanisme complet ; même dans les cas des
sciatiques discales par exemple, domaine où grâce à la chirurgie nous sommes
très informés, de nombreuses inconnues demeurent sur les causes réelles de
la douleur ou des attitudes antalgiques pour ne citer que ces deux exemples.
En sorte que lorsqu'une manipulation apporte un soulagement indiscutable et
instantané à une sciatique discale, on est réduit aux hypothèses sur le
mécanisme de l'action de la manipulation (réduction partielle de la hernie ?
Décapitation ? Hernie repoussée en une zone silencieuse ?). Nous pouvons
nous consoler en pensant que cela n'est pas propre aux manipulations. On ne
connaît pas mieux le mécanisme du soulagement obtenu par les infiltrations
novocaïniques ou les tractions vertébrales. Mais il faut bien le reconnaître,
la manipulation occupe une place privilégiée en matière de critiques, même
s'il est bien peu de nos thérapeutiques dont on connaisse le mécanisme
d'action. L'aspirine n'est pas à ce sujet le plus mauvais exemple. Nous
pouvons presque toujours plus que nous savons.
En matière de manipulations, cette méfiance est tout à
fait justifiée quand on entend les prétentions ridicules de «chiropractors »
- qui utilisent ou le sait certaines manipulations comme unique
thérapeutique, et qui prétendent en manipulant l'atlas et l'axis de leurs
prochains, soulager ou prévenir la plupart des maladies. A un moindre degré,
on comprend aussi la réserve devant le système ostéopathique qui, malgré la
qualité de ses techniques, repose sur une conception pathogénique assez
mythique : la "lésion ostéopathique" et l'application des manipulations sur
un examen fort peu objectif pour diagnostiquer ces "lésions", et leur
variété. Enfin, la responsabilité de certains médecins n'est pas moindre car
ils ont voulu se contenter d'un apprentissage rapide de quelques manoeuvres.
Celles-ci mal appliquées, mal exécutées, ont fait de la méthode une
véritable loterie avec peu de gagnants.
Or il nous paraît possible à partir des techniques
ostéopathiques et de leurs résultats, d'une part, et des travaux modernes
sur la physiopathologie vertébrale d'autre part, d'établir une méthode de
manipulation reposant sur des critères objectifs et utilisant un vocabulaire
compréhensible à tous (Voir"Les Manipulations vertébrales". 3° Ed. Expansion
Scientifique Editeur). Les manipulations sont utiles dans le traitement de
certains dérangements intervertébraux. C'est ce que nous montre la pratique
quotidienne. Mais quand nous nous trouvons en présence d'une douleur
cervicale consécutive à un faux mouvement, avec une limitation de certains
mouvements du cou, nous devons dire que dans l'état actuel des connaissances
nous ne savons pas exactement ce qui se passe dans cette colonne devenue
douloureuse. La radiographie ou même la radiocinématographie ne nous
renseignent pas plus.
La pratique des manipulations nous apprend que bien
souvent un tel état est immédiatement réversible par une manœuvre appropriée.
Nous devons donc admettre l'hypothèse fort rationnelle d'un dérangement
intervertébral réversible (ou modifiable de manière à ce qu'il ne soit plus
gênant) par manipulations. Quel peut être la nature de ce dérangement ?
Celui-ci ne petit logiquement exister que dans ce que le Professeur Junghans
a appelé le "segment mobile" et qui comprend l'espace entre deux vertèbres,
c'est-à-dire :
-
le disque intervertébral,
-
les articulations interapophysaires postérieures,
-
le système de contention ligamentaire,
-
le système musculaire.
Il existe une interrelation étroite entre tous ces
éléments dans les mouvements intervertébraux. Ce "Segment mobile" peut être
le siège de lésions diverses. Les lésions discales sont bien connues :
hernies ou blocages intra-discaux. Les auteurs allemands ont beaucoup étudié
la pathologie des articulations postérieures. Junghans, Emminger entre
autres, pensent que ces articulations qui présentent un petit ménisque
peuvent se bloquer à la suite de lésions intra articulaires (déchirure du
ménisque, coincement de villosités, déchirures capsulaires, etc.) Enfin, la
contracture réflexe des petits muscles paravertébraux profonds intéressant
plus particulièrement le segment lésé est un élément important, car il
paraît vraisemblable qu'elle entretiennne le dérangement du joint
intervertébral. Ces dérangements peuvent avoir pour conséquence des douleurs
radiculaires, locales, régionales ou projetées.
Les manipulations vertébrales constituent le traitement
le plus rationnel de ceux de ces dérangements qui sont réversibles.
L'expérience nous montre que, bien utilisées, elles sont irremplaçables pour
la rapidité et la fréquence des bons résultats qu'elles permettent.
L'utilisation correcte des manipulations dépend :
-
d'un bon diagnostic, d'abord,
-
d'une bonne indication ensuite,
-
et enfin, d'une bonne manipulation, c'est-à-dire du choix de la
technique la plus appropriée et de la bonne exécution de celle-ci.
II) Définitions
Mais avant d'étudier le problème de l'application des
manipulations, il nous semble indispensable de donner quelques définitions.
Qu'est-ce qu'une mobilisation ? Qu'est-ce qu'une manipulation ?
Imaginons un patient allongé sur le dos. Le médecin lui
tient la tête entre deux mains. C'est le mise en position. Le médecin
imprime au cou une rotation vers la droite, jusqu'à ce qu'il ait
l'impression d'être arrivé au bout du mouvement possible. Il insiste
légèrement ; c'est la mise en tension (Maigne). Si à partir de ce point, il
revient à son point de départ et recommence plusieurs fois, nous disons
qu'il a fait une série de mobilisations en rotation droite. Mais si, ayant
mis en tension, il imprime brusquement d'un petit coup sec et très bref du
poignet gauche, un léger mouvement de rotation supplémentaire, il a alors
l'impression qu'une résistance a cédé et que la colonne a exécuté quelques
degrés de mouvement en plus. Cela s'accompagne d'un bruit de craquement
caractéristique. Ce mouvement forcé, bref, unique, exécuté à partir de la
mise en tension, c'est la manipulation (fig. 1).
Fig. 1 :
La manipulation doit toujours être effectuée à partir de la mise en tension.
Ce doit être un tout petit mouvement. Un grand mouvement lancé est violent,
non mesurable, douloureux et dangereux.
La manipulation est donc une mobilisation forcée qui
porte les éléments de l'articulation au-delà de leur jeu volontaire et
habituel, sans bien entendu, dépasser les limites anatomiquement possibles
de l'articulation, ce qui serait une luxation. C'est dire que ce mouvement
doit être parfaitement contrôlé par l'opérateur et demande, pour être bien
exécuté, une certaine expérience. La manipulation doit être parfaitement
indolore. Elle peut être exécutée à tous les étages du rachis par un
opérateur entraîné sur un patient normal, sans qu'aucun de ces mouvements
forcés ne soit douloureux ou désagréable.
Le bruit de craquement qui accompagne la manipulation
n'est que le témoignage de la brusque séparation des surfaces articulaires ;
il est de même nature que celui obtenu par une brusque traction exercée sur
les doigts ; il ne signifie nullement que quelque chose a été remis en
place. Il est possible de faire craquer tous les segments vertébraux d'un
sujet dont la colonne est absolument normale.
III) Identification de la manipulation
On peut donc manipuler les segments vertébraux selon
les six directions fondamentales : rotation droite, rotation gauche,
latéroflexion droite, latéroflexion gauche, flexion, extension, sans oublier
une septième direction : la traction, qui est plus ou moins présente dans la
plupart des manipulations.
On peut faire des manipulations unidirectionnelles ou
des manipulations pluri directionnelles qui vont combiner différentes
orientations. Exemple : rotation droite + latéroflexion droite + extension,
le premier mot désignant le sens dans lequel le mouvement est forcé.
IV) Les techniques
Deux sortes de techniques permettent ces manipulations
: les manipulations "directes", et les manipulations "indirectes".
1) Les manipulations directes
Elles consistent, le patient étant couché sur le ventre,
à effectuer avec le talon de la main, des pressions directes sur la colonne
vertébrale, soit au niveau des apophyses transverses, soit au niveau des
apophyses épineuses. Cette pression doit être suivie d'un relâchement très
rapide. Ces techniques ne sont pas dosables. Elles sont souvent très
désagréables pour le patient, mais surtout leurs possibilités sont
extrêmement limitées. Elles nous paraissent d'un intérêt limité.
2) Les manipulations indirectes
L'opérateur utilise ici les bras de levier naturels du
corps pour agir sur la colonne vertébrale : par exemple : par une pression
opposée sur le bassin et sur l'épaule, le patient étant couché sur le côté,
il va pouvoir faire faire à la colonne lombo-dorsale un mouvement de
torsion. De très nombreuses manœuvres permettent de manipuler toutes les
zones vertébrales selon toutes les orientations désirables (fig. 4 A et B).
Fait important, ces manœuvres sont douces,
progressives, peuvent être utilisées en mobilisations. Elles ont aussi le
grand avantage de pouvoir être essayées avant d'être exécutées complètement,
l'opérateur allant jusqu'à la mise en tension peut se rendre compte si la
manœuvre est indolore ou non. Ceci est capital dans le système de
manipulations que nous proposons.
On peut augmenter la précision de ces manoeuvres en
utilisant les manœuvres que nous avons appelées Semi-indirectes. Dans
celles-ci, le mouvement global est donné à distance comme dans les
manipulations indirectes, mais l'opérateur, grâce à des pressions ou à des
contre-pressions, maintenues avec la main par exemple au niveau ou
au-dessous du segment à traiter, peut obtenir une localisation plus précise
de l'effet de la manipulation.
La figure 4 montre un exemple de manipulation
semi-indirecte assistée de la région dorsale basse.
V) Règle de la non douleur et du mouvement
contraire
Nous en venons au problème essentiel du choix des
manipulations. Pour nous, les manipulations ne doivent pas être des
mouvements forcés exécutés systématiquement sur un segment vertébral, quel
que soit l'aspect du cas clinique considéré ; il est tout à fait illogique
de traiter toutes les lombalgies aiguës ou chroniques, ou toutes les
sciatiques par deux ou trois manoeuvres standard répétées systématiquement,
à droite puis à gauche, quelles que soient les particularités propres à
chaque cas.
Chaque cas réclame une manœuvre particulière, qui doit
être rigoureusement adaptée. Cela est d'ailleurs vrai pour tous les étages
vertébraux et pour tous cas de manipulations. L'étude attentive et
analytique des manoeuvres faites en les décomposant, nous a permis de
montrer que si on forçait un mouvement rachidien douloureux, cela apportait
quelquefois une amélioration au prix d'une vive douleur pour le malade, mais
que bien souvent on aggravait les choses. Cela est logique : si un mouvement
est douloureux ou bloqué, c'est qu'il est limité par un conflit ; vouloir
forcer ce conflit va peut-être permettre de le vaincre, de « briser des
adhérences » comme il est souvent dit, mais, bien plus souvent va l'irriter
et l'aggraver.
Au contraire, des années d'expérience nous ont prouvé
que lorsqu'un mouvement de la colonne vertébrale est limité, par exemple
dans sa rotation gauche, alors qu'il est libre en rotation droite, ce n'est
pas en forçant cette rotation gauche qu'on le soulagera. Ainsi un malade qui
présente un torticolis traumatique qui l'empêche de tourner la tête à droite
et qui tourne librement le cou à gauche, ne sera pas soulagé par une
rotation forcée du cou à droite, même sous traction, mais bien par une
rotation forcée du cou à gauche. Ce point est extrêmement important car
cette manière de procéder permet d'agir toujours sans douleur pour le malade
et la pratique quotidienne montre que ce mode d'action est tout à fait
physiologique puisqu'il apporte régulièrement une libération du mouvement
bloqué.
Nous avons appelé cette règle de conduite la «
règle de la non-douleur et du mouvement contraire ». Elle consiste
donc à faire la manipulation dans le sens opposé à celui qui est douloureux
et limité ; à ne jamais faire un mouvement manipulatif dans le sens douleur
mais à agir sur les sens libres et essentiellement selon le sens opposé au
sens limité. Mais comme il est rare qu'une seule orientation de mouvement
soit bloquée, les mouvements vertébraux étant liés, la manipulation devra
être faite selon chacune des orientations libres, soit successivement, soit
avec des techniques multidirectionnelles.
1) Le testing pré-manipulatif
Une fois le diagnostic acquis et l'indication d'un
traitement par manipulations posé, il faut procéder à un testing
pré-manipulatif, destiné à analyser les mouvements :
On teste successivement, rotations droite et gauche,
latéroflexions droite et gauche, extension, flexion.
Cette analyse correcte n'est pas toujours facile,
surtout si on veut la rapporter exactement au joint que l'on désire traiter.
Si généralement la limitation est évidente, elle est parfois discrète et
demande à être recherchée avec soin : les techniques de manipulations
indirectes montrent là tout leur avantage, car il est possible de les
exécuter incomplètement. Il suffit d'aller jusqu'à la mise en tension pour
noter avec précision qu'elles sont les directions où cette manœuvre est
limitée ou douloureuse. On les pratique selon les 6 directions citées plus
haut.
Un autre procédé fort utile dans certains cas consiste
à faire pression latéralement sur l'épineuse de chaque vertèbre, à droite,
puis à gauche. En faisant cela, on provoque une rotation forcée de la
vertèbre et on note le sens douloureux.
Cette manœuvre permet également de localiser le joint
siège d'un dérangement intervertébral mineur ; on fait pression dans un sens
(vers la gauche par exemple) sur l'épineuse d'une vertèbre et on fait
contre-pression en même temps dans le sens opposé (ici vers la droite) sur
l'épineuse de la vertèbre sus-jacente, puis sous-jacente. Dans un deuxième
temps, on fait la manoeuvre dans le sens inverse ; une de ces manoeuvres ou
les deux provoquent une vive douleur lorsqu'elle est pratiquée sur le joint
dérangé (fig. 2).
Pour rendre clairs les résultats de cet examen, nous
figurons les six mouvements du rachis par une étoile à six branches (fig.
3). Les résultats du testing sont notés en mettant une, deux ou trois barres
sur la branche correspondante, selon le degré de la limitation ou de la
douleur. Dans l'exemple choisi, nous avons : très forte limitation en
rotation droite : trois barres, forte limitation en latéroflexion droite :
deux barres, légère limitation à l'extension une barre (Maigne-Lesage). Les
manœuvres à faire seront en rotation gauche latéroflexion gauche et flexion.
Fig. 2 : pression
latérale sur l'épineuse.
Fig. 3 : schéma en étoile
Si dans un cas, tous les mouvements sont limités ou
douloureux, il n'y a pas d'application possible de la règle de la non-douleur
et de celle du mouvement contraire et on ne doit pas manipuler.
2) Application pratique
Pour illustrer cette méthode et montrer un aspect de
son application, nous allons choisir deux cas de sciatique droite se
présentant avec deux scolioses antalgiques différentes (fig. 4).
Fig. 4 : Voici 2 exemples de sciatique
commune, à topographie droite,
- l'une A (colonne gauche), se présentant avec une scoliose
antalgique convexe du côté de la sciatique,
- l'autre B (colonne droite), avec une scoliose antalgique
concave du côté de la sciatique.
Le schéma en étoile montre que les mouvements libres et
bloqués sont très différents, et même opposés dans les deux cas. En
conséquence, l'application de la règle de la non-douleur et de la règle du
mouvement contraire, conduit à des manipulations de sens opposé dans les
deux cas.
Dans le cas A, le patient a une scoliose antalgique
convexe du côté de la sciatique. Il se penche librement vers la gauche, mais
ne peut se pencher vers la droite. En outre, la rotation droite est bloquée
et le segment lombaire peut fléchir mais ne peut pas s'étendre (fig. 4 Al).
Dans le cas B, c'est l'inverse : le patient a une
scoliose antalgique concave du côté de la sciatique. Il se penche librement
vers la droite, mais ne peut se pencher vers la gauche. La rotation gauche
est bloquée, le segment lombaire peut s'étendre mais pas fléchir (fig. 4 Bl).
Le schéma en étoile de ces deux cas nous montre que les
manipulations vont être tout à fait différentes d'orientations et même
complètement opposées. Ici dans cet exemple, pour le cas A, on fera (avec
des manœuvres unidirectionnelles ou combinées) :
- Rotation vers la
gauche (fig. 4 A2),
- Latéroflexion vers la
gauche (fig. 4 A3),
- Flexion (fig. 4 A4)
Pour le cas B au contraire :
- Rotation
vers la droite (fig. 4 B2),
- Latéroflexion vers la
droite (fig. 4 B3),
- Extension
(fig. 4 B4).
D'autres éventualités pourraient se présenter et cet
examen et l'application de la Règle permettront de préciser sans ambiguïté
la manipulation spécifique à faire.
VI) Conclusion
Ainsi cette règle de la non-douleur que nous proposons
permet de dire si :
-
La manipulation est techniquement possible ;
-
si oui, elle permet de déterminer avec précision les manipulations à
faire.
-
Enfin, elle permet une progression du traitement, car si une
manipulation rend libre une orientation préalablement douloureuse ou
bloquée, cette dernière sera introduite dans de nouvelles manipulations.
Comme on le voit, un point essentiel de notre doctrine
est donc d'être absolument opposé à tout geste de hasard. Le mouvement doit
être prévu, déterminé par un examen objectif ; il doit être contrôlé de bout
en bout par l'opérateur. C'est dire que ce dernier doit être parfaitement
entraîné à l'exécution de ces techniques, de toutes les techniques, et de
leurs variantes. La simplicité n'est qu'apparente. Faire craquer une colonne
n'est pas manipuler. L'efficacité de la manoeuvre et son innocuité dépendent
aussi de sa bonne exécution, Si la manipulation constitue une arme
thérapeutique excellente et parfois irremplaçable de certaines douleurs
d'origine vertébrale, il faut bien insister sur le fait qu'il vaut mieux ne
pas manipuler que de mal manipuler.
Ajoutons enfin, que les manipulations vertébrales
doivent rester dans les mains médicales qu'elles n'auraient jamais dû
quitter.
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