Cinésiologie. 1975;56:
Cotation, diagnostic et traitement d'une épicondylalgie
R
Maigne
|
Résumé. L'auteur
décrit des tests qui permettent de coter cliniquement la sévérité d'une
épicondylite de 0 à 20. Ces cotations sont basées sur l'étude de le
pronation et de la supination contre résistance, avant-bras étendu et avant-bras
à angle droit et sur la dorsiflexion de la main contre résistance, avant-bras
plié et étendu. On peut ainsi facilement suivre l'évolution et apprécier
l'effet produit par chaque traitement. C'est le principe de la méthode qui
est proposée : le traitement « pas à pas » de l'épicondylalgie qui pourra
reconnaître :
1) une origine cervicale dans 75% des
cas (dont 25% où il y a association à une périarthrite du coude)
2) une origine huméro-radiale dans 15%
des cas, (blocage isolé 8%, blocage + périarthrite du coude 7%)
3) une origine tendineuse ou musculaire
isolée 10%.
L'épicondylite
est une affection redoutée des médecins du sport, des rhumatologues, des
rééducateurs et des généralistes. S'il est des cas heureux où deux, trois
infiltrations, voire une simple application de pommade, soulagent le patient
de cette affection gênante, il en est beaucoup d'autres où des choses ne
vont pas si bien.
Je voudrais
exposer ici une conduite simple d'examen et de traitement d'une douleur
d'épicondyle. Elle est basée sur une classification personnelle des
épicondylalgies qui n'est pas dans la ligne actuelle et sur une cotation
chiffrée de la sévérité de la gêne, permettant de bien apprécier l'effet
favorable ou non de chaque traitement. La théorie qui rallie actuellement le
plus de suffrages est celle de douleur d'insertion (« insersite »,
arrachement et étirement fibropériosté, etc.). Elle est soutenue notamment
par Lièvre et Camus. Nous ne pouvons souscrire à cette opinion car nous
sommes trop habitués à voir des épicondylites rebelles soulagées
instantanément par manipulation cervicale et d'autres, par manipulation du
coude. II est difficile dans ces conditions de conclure que la douleur était
due à une quelconque «lésion d'insertion». Or ces cas sont fréquents. Ce
sont même, de loin, les plus fréquents.
Ces résultats
obtenus par des manœuvres orthopédiques du cou ou du coude se répètent
régulièrement. Ils amènent à considérer différemment le problème de la
douleur épicondylienne. C'est pour mémoire que nous rappellerons certaines
des interventions chirurgicales qui ont été proposées pour traiter les
épicondylalgies rebelles chacune de ces interventions étant bien entendu
motivée par une hypothèse pathogénique :
-
section du
ligament annulaire (Rosworth, 1955),
-
section du
ligament latéral externe (Meyer, 1957),
-
allongement
du 2e radial (Garden, 1961),
-
ablation du
ménisque huméro-radial (de Goes, 1960),
-
dénervation
de l'épicondyle (Tavernier, 1946 ; Kaplan, 1959),
-
ablation de
1'épicondyle (Franke, 1969),
-
forage de
l'épicondyle, désinsertion des muscles épicondyliens, etc.
En fait,
l'intervention doit, selon nous, correspondre à des cas très rares, si
l'épicondylalgie est bien analysée et traitée correctement. L'apport des
thérapeutiques manuelles est ici essentiel.
Signalons au
passage que l'intervention de de Goes est une intéressante confirmation de
ce que nous avancions dans une communication à la Société de Médecine
Physique en 1959 sur le rôle du « blocage du ménisque huméro-radial » dans 8
p. 100 des cas d'épicondylalgie (publiée en 1960 dans les Annales de
Médecine Physique).
Nous
considérons trois catégories d'épicondylalgies
1° Celles liées
à une origine cervicale :
-
sans périarthrite du coude : 50 p. 100,
-
avec périarthrite du coude : 25 p. 100,
2° Celles liées
à un problème huméro-radial :
-
blocage humére-radial : 8 p. 100,
-
blocage huméro-radial + périarthrite du coude : 7 p. 100,
3° Celles liées
à une origine tendineuse ou musculaire isolée : 10 p. 100.
I) Les épicondylites cervicales
1) Sans
périarthrite du coude
Elles se
présentent comme des épicondylites apparemment isolées. Elles sont dues à
une irritation des racines nerveuses C6 ou C7 dont elles sont la seule
manifestation clinique évidente.
En réalité
l'examen attentif du patient, mettra non seulement en évidence la
sensibilité de l'étage cervical correspondant C5-C6 ou C6-C7, mais bien
souvent d'autres manifestations liées à l'irritation de la racine nerveuse
concernée au niveau des muscles ou tendons de l'épaule par exemple.
L'épicondylite
cervicale n'est en effet qu'une manifestation particulière du « syndrome
cellulo-ténomyalgique (ou S.C.T.M.) des irritations radiculaires » (Maigne).
Dans certains
cas, la sensibilité épicondylienne peut être une simple découverte d'examen
systématique et n'être d'aucune gêne pour le patient. Mais que celui-ci
fasse quelques efforts inhabituels et l'épicondyle deviendra douloureux.
Rappelons
rapidement ce qu'est le « S.C.T.M. » des irritations radiculaires. A côté
des signes classiques de souffrance d'une racine nerveuse rachidienne
irritée au niveau du rachis et qui comporte :
-
des signes
sensitifs, souvent isolés,
-
des signes
moteurs beaucoup plus rares,
-
des signes
réflexes.
Nous avons
constaté qu'il existe souvent en outre au cours d'une névralgie radiculaire
cliniquement évidente :
-
des
infiltrats cellulitiques dans une partie du dermatome de la racine,
-
des cordons
musculaires indurés dans les muscles tributaires de la racine,
-
des douleurs
ténopériostées directement liées à l'irritation radiculaire.
Ces
manifestations disparaissent le plus souvent avec le traitement de la
radiculalgie causale, ou spontanément avec elle. Mais dans certains cas,
elles peuvent, en tout ou partie, persister et entretenir des douleurs
traînantes rebelles, à allure radiculaire parfois.
Ailleurs, on
peut les rencontrer sans qu'il y ait jamais eu crise de radiculalgie même
larvée. Mais l'examen attentif du rachis va révéler la sensibilité de
l'étage vertébral correspondant qui présente les signes de « dérangement
intervertébral mineur » (DIM.). Le traitement vertébral portant sur cet
étage (manipulation) ou l'infiltration de la racine, font disparaître ces
troubles, signant bien leur origine radiculaire. On peut donc considérer
qu'ils témoignent d'une irritation minima et répétée, du nerf rachidien, de
sa branche antérieure ou de sa branche postérieure ou des deux à la fois.
Dans les
épicondylalgies cervicales, il s'agit donc d'un « syndrome
celluloténomyalgique » de la racine C6,qui innerve la partie antérieure de
l'épicondyle ou de la racine C7 qui innerve la partie postérieure. Il se
manifeste soit :
-
par une
douleur ténopériostée limitée à un ou deux tendons de l'épicondyle,
-
par des
cordons indurés et sensibles dans un ou plusieurs muscles épicondyliens,
-
avec
éventuellement une zone de cellulalgie dans le territoire de C6 ou de C7
que révélera la manœuvre du palper-rouler.
Le seul
traitement cervical fait ici disparaître immédiatement la douleur
d'épicondyle ou l'atténue fortement.
2) Avec
périarthrite du coude
L'examen du cou
permet de mettre en évidence une sensibilité isolée de l'articulation
interapophysaire C5-C6 ou C6-C7 du côté de l'épicondylalgie. Mais l'examen
du coude révèle aussi une nette diminution des mouvements de latéralité. On
les teste sur coude étendu. Le médecin, face au patient, prend sous son
aisselle l'avant-bras atteint placé en supination. Il empaume des deux mains
les parties latérales du coude ; maintenant bien l'avant-bras du patient, il
imprime à ses mains de petits mouvements de va-et-vient de droite à gauche
et de gauche à droite, qui portent l'articulation en adduction et en
abduction forcées. Il y a dans ce mouvement un jeu très perceptible chez le
sujet normal, et un jeu nul ou très restreint en cas de périarthrite du
coude. Il faut pour juger, comparer avec le côté opposé.
La périarthrite
n'est ici qu'un élément complémentaire de la douleur tendineuse décrite
ci-dessus. Elle peut disparaître complètement par traitement cervical. Le
plus souvent, elle s'atténue. Il faudra la traiter localement, les
mouvements utilisés étant ceux de l'examen, répétés avec insistance.
II) Les épicondylites d'origine huméro-radiale
1) Le blocage
inter-huméro-radial
Nous rangeons
sous cette rubrique des épicondylalgies à début le plus souvent brusque, au
cours d'un mouvement banal ou d'un geste sportif. Elles représentent environ
7 p. 100 du total des douleurs d'épicondyle. Elles se caractérisent :
-
par
l'absence de signes cervicaux,
-
à l'examen
du coude par la limitation douloureuse d'un ou deux des mouvements
suivants : pronation ou supination, extension ou flexion, adduction ou
abduction,
-
par la
sensibilité de l'interligne huméro-radial où parfois on peut palper une
petite saillie hypersensible.
A l'inverse des
précédentes, il n'y a pas de signe cervical : elles sont couramment
soulagées par une manipulation précise du coude faite selon la règle de la
non-douleur et du mouvement contraire (ex. adduction forcée si c'est
abduction qui est douloureuse et si l'adduction est libre et indolore). Nous
avions avancé en 1959 l'hypothèse que ces « blocages » étaient dus à la
déchirure du pseudo-ménisque huméro-radial - et l'opération de Goes en est
une confirmation - ou à des pincements de franges synoviales ou graisseuses.
Les échecs du
traitement manipulatif - assez rares - correspondent sans doute à des
poussées congestives des franges synoviales coincées ; l'infiltration
intra-articulaire d'un dérivé cortisoné est alors indiquée. Dans les cas
rebelles, il peut être fait appel à la chirurgie. Antérieurement à de Goes,
J. Bénassy avait déjà réalisé l'ablation du bourrelet inter-huméro-radial,
pseudo-ménisque de l'articulation mais n'avait pas publié ses travaux.
2) Le blocage
inter-huméro-radial + périarthrite du coude
Avec le temps,
le blocage humé-roradial se complique d'une périarthrite du coude ; les
mobilisations du coude doivent respecter les directions de mouvement
douloureuses.
III) Les tendinites ou douleurs musculaires isolées
Ici, il n'y a
aucun signe cervical. Les mouvements passifs du coude sont libres et
indolores. L'examen montre une sensibilité élective d'un ou deux muscles
épicondyliens (7 p. 100 des cas totaux).
1) Diagnostic
et cotation. Les tests
a) Le
diagnostic d'épicondylalgie repose sur la sensibilité à la
palpation de l'épicondyle chez un sujet qui se plaint de gêne ou de douleur
à certains mouvements de la main ou de l'avant-bras (serrer, visser, servir
à boire, etc.).
b) La
cotation. Le diagnostic sera confirmé par une série de tests qui
mettent en jeu les muscles épicondyliens et permettent de coter
l'épicondylalgie donnant ainsi une mesure de sa sévérité. Il est alors
possible d'apprécier avec exactitude l'évolution et l'efficacité de chaque
traitement ou de chaque geste thérapeutique.
Voici le système
de cotation que nous proposons. On cotera :
-
0 = pas de
douleur,
-
1 =
résistance possible mais douloureuse,
-
2 =
résistance possible, diminuée en ayant très mal,
-
3 =
résistance impossible tant -la douleur provoquée est vive.
On testera ainsi
contre résistance :
1° l'extension
dorsale de la main et des doigts, contre résistance manuelle du médecin.
Cette manoeuvre sera faite coude étendu (0 à 3) puis fléchi à angle droit (0
à 3),
2° la pronation.
Le médecin donne une poignée de main au patient et lui demande de forcer en
rotation interne (pronation), tandis qu'il s'oppose à ces mouvements. La
manœuvre est faite coude étendu (0 à 3) puis fléchi à angle droit (0 à 3),
3° la
supination. Même manœuvre mais en rotation externe, supination coude étendu
(0 à 3) puis fléchi à angle droit (0 a 3),
4° la douleur
nocturne sera cotée de 0 à 2.
Ainsi la note
totale sera comprise entre 0 et 20.
c) Conduite
systématique de l'examen
Pour classer
l'épicondylalgie, il faut interroger le patient et examiner non seulement le
coude et le cou mais aussi le poignet et l'épaule.
L'INTERROGATOIRE
pourra déjà orienter le diagnostic. Il faudra préciser le début : rapide ou
progressif. Une épicondylite survenue brusquement au cours d'un mouvement
est souvent liée à un dérangement huméro-radial. Une épicondydite
douloureuse la nuit est presque toujours d'origine cervicale, de même que
l'épicondylite bilatérale.
Le sujet
pratique-t-il un sport ou un travail qui demande des efforts particuliers du
poignet ou du coude ? S'est-il livré à un sport ou à des efforts inhabituels
pour lui ? On s'informera aussi des traitements déjà pratiqués, de leurs
résultats, s'il y a déjà eu des épisodes d'épicondylalgies, de douleurs
d'épaules ou du cou du même côté.
L'EXAMEN
CLINIQUE portera :
Examen
du cou. Le signe qui évoque la possibilité d'une origine cervicale
pour une épicondylalgie est la vive sensibilité du massif articulaire
postérieur C5-C6 ou C6-C7 du côté de l'épicondylalgie.
Ce signe est
recherché sur le patient en décubitus dorsal, le médecin palpant
attentivement avec de petits mouvements de va-et-vient les gouttières
para-vertébrales à 2 cm de la ligne médiane. On le trouvera dans les 2/3 des
cas d'épicondylaIgies.
L'affirmation de
l'origine cervicale sera faite sur l'amélioration immédiate des tests après
traitement cervical (manipulation, infiltration articulaire postérieure ou
infiltration radiculaire). La traction cervicale est généralement moins
efficace.
La radiographie,
indispensable pour un examen complet du rachis cervical, ne permet en aucun
cas d'affirmer ou d'infirmer le facteur cervical. Qu'il y ait lésion
arthrosique ou non sur les étages C5-C6 ou C6-C7, ou sur les voisins ne
prouvent rien. Seule la sensibilité de l'un de ces étages à l'examen
clinique a de l'intérêt.
Examen
du coude. On testera :
-
les
mouvements de latéralité (abduction et adduction),
-
l'hyperextension passive,
-
la pronation
passive forcée,
-
la
supination passive forcée.
Les mouvements
de latéralité : le médecin se tient debout, face au patient dont le bras est
en supination, très légèrement fléchi (à peine). Il emprisonne l'avant-bras
du patient sous son aisselle et ses deux mains empaument latéralement le
coude (fig. 3). Il va imprimer à l'articulation des petits mouvements de
latéralité ; ceux-ci sont plus ou moins importants selon les sujets, mais
ils existent et on compare avec le côté opposé. Cette manoeuvre montre :
-
que le
mouvement est libre et indolore,
-
ou qu'il est
globalement limité par rapport au côté sain et sensible dans tous les
sens. Cette éventualité évoque une périarthrite du coude,
-
ou bien
qu'un mouvement précis est douloureux et limité au testing, les autres
sont libres. Cela évoque une souffrance de l'articulation
huméro-radiale. Par exemple, le mouvement d'hyperextension ou de flexion
peut être impossible, limité et douloureux ; la supination ou la
pronation passive forcée pourront révéler la sensibilité de l'une ou de
l'autre.
L'examen du poignet. On recherchera la mobilité en touche de piano
de l'articulation radio-humérale parfois « bloquée » et qui peut alors
donner une douleur épicondylienne (Maigne). On vérifiera l'absence du
syndrome du canal carpien (paresthésies dans le territoire du médian que
l'on reproduit par percussion antérieure du poignet, extension forcée ou
flexion forcée maintenues).
L'examen de l'épaule. On recherche d'abord une douleur spontanée ou
une limitation partielle des mouvements en testant les mouvements essentiels
: mains-dos, mains-nuque, élévation par abduction latérale. Puis on pratique
un examen analytique contre résistance isométrique de la rotation externe,
de la rotation interne, de l'abduction, puis de l'adduction pour rechercher
ou préciser l'éventuelle douleur d'un muscle ou tendon de l'épaule. Enfin et
surtout, on palpera avec attention : sous-épineux, tendon du biceps et
deltoïde car leur sensibilité n'est pas toujours révélée par la mise en
contraction contre résistance. La sensibilité d'un muscle ou d'un tendon des
muscles de l'épaule est fréquemment associée à l'épicondyla1gie d'origine
cervicale. Elle peut être cliniquement muette si on ne la recherche pas
systématiquement. Elle est un argument de poids en faveur de l'origine
cervicale de l'épicondylalgie. Les muscles épicondyliens. On peut aussi
tester les muscles épicondyliens d'une manière analytique mais cela n'a
d'intérêt que lorsqu'on cherche à infiltrer isolément tel ou tel muscle - ce
qui est assez exceptionnel dans le système de traitement que nous proposons.
Les
plans cutanés du bras et de l'avant-bras. Il faut palper avec
attention les plans cutanés de l'avant-bras et du bras (surtout à sa face
externe) par la manœuvre du pa1per rouler à la recherche d'infiltrats
cellulalgiques douloureux d'origine cervicale ou locale, qui peuvent être
responsables de certaines pseudo-épicondylalgies rebelles, s'ils sont situés
dans la région épicondylienne (les tests contre résistance sont alors
négatifs).
IV) Traitement
Il dépend du
résultat de l'examen qui aura précisé l'origine de l'épicondylalgie,
1) Il existe
une sensibilité articulaire postérieure C5-6 ou C6-7
Si elle est
isolée, la relation est probable et, si la manipulation est possible (état
rachidien, état vasculaire, règle de la non-douleur applicable, etc.), on
fera une première manipulation d'essai. Elle sera faite en rotation. Son
résultat est aussitôt jugé sur les tests qui se sont montrés douloureux à
l'examen. S'il y a amélioration nette immédiate de l'un ou de plusieurs
d'entre eux, l'origine cervicale se confirmera. On complètera alors par une
deuxième manipulation en latéroflexion. Les tests sont répétés après
celle-ci et on juge de ses effets. Eventuellement, on fera une troisième
manœuvre, soit en flexion ou en extension, selon les résultats de l'examen
cervical ; ou on pratiquera une manipulation en « menton-pivot ».
Deux éléments
permettront d'apprécier l'effet de la manipulation cervicale :
-
au niveau
cervical, la diminution ou la disparition de la sensibilité articulaire
postérieure,
-
au niveau de
l'épicondyle, l'amélioration ou la disparition des tests contre
résistance décrits plus haut.
Deux à quatre
séances suffisent le plus souvent pour faire disparaître sensibilité
cervicale et douleur épicondylienne.
Au cas où la
manipulation ne peut faire disparaître complètement la sensibilité
articulaire postérieure cervicale, on s'aidera d'un traitement cervical
complémentaire par infiltration de l'articulation sensible avec un dérivé
cortisoné. C'est beaucoup plus rarement que nous utilisons l'infiltration
radiculaire. La traction peut être employée à la place de la manipulation,
mais avec une efficacité nettement moindre. Dans certains cas le traitement
sera complété par l'utilisation d'anti-inflammatoire par voie générale.
2) Il y a un
blocage huméro-radial
On pratique la
manipulation du coude selon la « règle de la non-douleur » ; Par exemple :
en adduction forcée si elle est libre et si l'abduction est douloureuse ; en
supination forcée (en mouvement répétitif) si la supination est libre et la
pronation douloureuse, ou inversement, etc. Après chaque geste on juge
aussitôt de son efficacité sur les tests de cotation et on conduit ainsi pas
à pas le traitement. Dans les cas anciens on pourra s'aider de
l'infiltration intra-articulaire, du coude avec un dérivé cortisoné qui
facilitera la manoeuvre.
3) Il y a
péri-arthrite du coude
Si celle-ci est
associée à un problème cervical (cas habituel), on traite dans la même
séance cou et coude, toujours en se référant aux tests de cotation après
chaque geste thérapeutique.
Si elle est liée
à un problème local, on utilise seulement les mobilisations du coude :
mouvement de latéralité de prono-supination, de flexion-extension en
respectant la règle de la non-douleur. On s'aide dans les cas difficiles
d'une ou deux infiltrations intra-articulaires de corticoïdes qui permettent
une meilleure mobilisation.
3) Tendinite
isolée
L'infiltration
locale faite en sélectionnant bien le point d'injection est ici le
traitement de choix. Certaines manoeuvres de reboutage seront parfois
efficaces, prouvant bien que le qualificatif de « tendinite » est alors
inadéquat. Ailleurs, on aura la notion d'un sujet hyperuricémique. Ou bien,
il s'agira de douleurs musculaires isolées après efforts inhabituels et le
traitement consistera en massages, infiltrations, etc.
5)
épicondylalgies très irritées ou difficiles
Qu'il s'agisse
d'une épicondylalgie cervicale ou huméro-radiale, quand l'irritation est
importante, on s'aide des anti-inflammatoires généraux pour amorcer le
traitement. On ne pratique les manipulations si elles sont possibles,
qu'après le soulagement partiel obtenu ainsi. Dans certaines épicondylalgies
rebelles qui ont été « hyperinfiltrées » ou « hyper-tripotées », nous
utilisons volontiers un plâtre du coude porté 10 à 15 jours, avant de
commencer le traitement adéquat.
Dans les
épicondylalgies avec hyper-extension bloquée ou douloureuse, il est bon de
limiter l'extension du coude par un bandage de sparadrap pendant les 15
jours qui suivent le traitement manipulatif, lorsque celui-ci a été possible
et efficace, en vue de prévenir une récidive,
Remarques
Il est bien
évident que la conduite thérapeutique que nous présentons ici présente un
très gros inconvénient : c'est la place de la manipulation dans le
traitement, aussi bien du rachis cervical que du coude. Il est évident que
les résultats que nous invoquons ne peuvent être obtenus qu'avec des
manipulations bien faites, et bien dosées.
L'expérience que
nous avons de l'enseignement de ces techniques nous a montré combien elles
sont difficiles malgré l'apparente facilité des gestes. L'apprentissage en
est long et les sujets sont très variablement doués. Cet inconvénient se
retrouve dans l'examen lui-même. Aussi simple que soit l'examen d'un cou,
accompli selon le système que nous proposons, ceux qui ne sont pas familiers
avec les thérapeutiques manuelles ont des difficultés pour examiner rachis
ou articulations de la manière que nous indiquons.
Le lecteur non
instruit des thérapeutiques manuelles retiendra de cet exposé l'usage des
tests qui lui permettront de mieux contrôler ses propres résultats et se
consolera en sachant que le simple traitement local par infiltration
cortisonée suffît assez souvent à calmer - pour un temps tout au moins - les
patients et quelle que soit l'origine de leur épicondylalgie. Mais il doit
se rappeler qu'il est peu sage de persévérer dans cette voie si le résultat
n'est pas rapidement obtenu par ce procédé qui n'est pas sans inconvénient
lorsqu'il est répété et utilisé d'une manière systématique.
Centre de
Rééducation et de Médecine physique de l'Hôtel-Dieu
Service de
Rééducation et Médecine Physique. Etablissement National Hospitalier - 94
Saint-Maurice.
|