Approche ostéopathique des pubalgies
Alain CASSOURRA.
Enseignant au DIU de Bobigny et Ostéoformation
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Notre approche
ostéopathique des pubalgies, fidèle aux principes fondateurs définis par Still
s’inscrit dans une démarche globale où les symptômes de la pubalgie sont
intégrés dans la singularité du tableau clinique de chaque individu. Notre
examen prendra en compte les éléments posturaux, il recherchera l’ensemble des
dysfonctions, restrictions de mobilité avec modification de la densité et
tension tissulaire, aussi bien ostéo-articulaires que touchant les tissus mous (peau,
espace sous-cutané, fascias, viscères..). En cultivant l’esprit provocateur,
nous pourrions avancer que le traitement d’une cervicalgie, d’une lombalgie ou
d’une entorse de la cheville ne diffère guère de celui de la pubalgie. Dans tous
les cas, l’approche reste globale et le traitement se focalise sur les
restrictions de mobilité révélées par l’examen clinique du patient et non sur
les symptômes présentés. Nous allons cependant dégager les tableaux qui nous
paraissent les plus fréquents.
Après un examen
postural classique, l’appréciation des tensions sur les chaînes musculaires (1)
antérieures et postérieures, droites ou croisées, permettra de nous orienter
plus rapidement vers les régions présentant des dysfonctions. Nous serons alors
amenés à tester plus particulièrement les membres inférieurs, le bassin, la
charnière dorso-lombaire. Au plan ostéo-articulaire, il convient de rechercher
particulièrement une tête fémorale antérieure (2), une dysfonction de l’ilium (antérieur
ou postérieur), du sacrum (les torsions sacrées postérieures sont
particulièrement pathogènes) ou de la symphyse pubienne (supérieure, inférieure
ou en compression). Concernant la sacro-iliaque, nous rappelons que nous
effectuons un distinguo entre les dysfonctions de l’ilium sur le sacrum (dysfonction
du membre inférieur sur le tronc) et celles du sacrum sur l’ilium (dysfonction
du tronc entre les membres inférieurs). Cette différenciation n’est pas
rhétorique mais est basée sur une sémiologie et des techniques de correction
spécifiques. Les tests effectués sont dynamiques et même si des tests
positionnels peuvent orienter vers un diagnostic, c’est l’appréciation subtile
de la restriction dans le mouvement qui définit une dysfonction. Parfois, la
restriction du mouvement est infime ; plus que d’une restriction de mobilité il
s’agit alors d’une modification de la réaction tissulaire à une sollicitation
mécanique. C’est le cas des dysfonctions cutanées, fasciales, viscérales, dont
on apprécie la modification de densité et tension tissulaire.
Concernant les pubalgies, nous porterons une attention particulière sur la
région sus-pubienne, dont il faudra apprécier les tensions cutanées mais aussi
musculaires et plus profondément viscérales caecale, sigmoïdienne, de l’intestin
grêle, de la région vésicale, du muscle iliaque ou du psoas. En effet une
dysfonction dans cette région par sur-programmation d’une chaîne musculaire
antérieure peut provoquer une série d’adaptation compensation dont la résultante
aura des conséquences au niveau du bassin et des membres inférieurs. Le tableau
clinique du psoïtis en est une illustration parlante. Dans des circonstances
cliniques moins exubérantes on peut aboutir au fil du temps à une situation
similaire. (3)
Dans la région
sous-pubienne nous nous intéresserons à la région de la membrane obturatrice,
aux muscles du plancher pelvien et au coccyx.
Enfin la région diaphragmatique retiendra notre attention, plus particulièrement
les viscères en rapport direct avec la coupole, estomac et foie. En effet par
l’intermédiaire de la paroi abdominale en avant et des piliers du diaphragme en
arrière le bon fonctionnement du bassin peut s’en trouver perturbé. Au début
l’examen de toutes ces régions est bien sûr long et fastidieux mais avec
l’habitude la main se laisse guider vers les zones en restriction de mobilité
dont il ne reste qu’à tester analytiquement les différentes structures
anatomiques. Une fois le traitement manuel effectué un nouveau testing confirme
ou infirme l’efficacité du traitement.
Qu’en est-il du
symptôme ? A terme c’est bien sûr, sur sa disparition que le patient jugera de
l’efficacité du traitement après deux ou trois séances espacées de une à deux
semaines. En fin de séance, le corps est dans un nouvel équilibre dynamique,
résultat des informations proprioceptives reçues. L’issue de notre travail
dépend ensuite de la capacité d’auto guérison de l’organisme ainsi stimulé. En
première intention, non exclusif, pouvant être associé à une kinésithérapie axée
sur les étirements et le travail de la sangle abdominale, il convient
particulièrement à une prise en charge du sportif de haut niveau, toujours à la
recherche de l’aisance corporelle et de la performance.
(1) Chaîne
musculaire : ensemble de chefs musculaires amenés, vu leur continuité de
direction et de plan, à participer à une même fonction motrice.
(2) Tête fémorale
antérieure : dans la définition de la dysfonction l’antériorité signifie que la
tête ne veut pas reculer lors de la sollicitation mécanique en postériorisation
effectuée par l’examinateur. De même une dysfonction du genou en rotation
externe correspond à un genou qui peut partir en rotation externe mais pas en
rotation interne lors de la sollicitation mécanique.
(3) Sur-programmation
d’une chaîne croisée.
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