Thérapeutiques manuelles des contractures musculaires paravertébrales
Henri
CARDIN, Hôtel-Dieu de Paris
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La contracture
musculaire est une composante fréquente des lombalgies et des dorsalgies et les
traitements manuels trouvent ici une bonne indication. Le travail des « tissus
mous » (muscles, tendons, mais aussi la peau et le tissu sous cutané) fait
partie intégrante de ces traitements. Il est le préalable à une manipulation car
il les détend et les rend plus étirables. Il peut aussi constituer un traitement
en soi, en particulier quand la manipulation paraît contre-indiquée. Ceux qui
débutent en médecine manuelle ont tout intérêt à en privilégier l’étude, car il
constitue une excellente prise en main du patient et une éducation du toucher,
préalable indispensable à une bonne pratique. Nous proposons ici quelques
techniques simples d’étirement des tissus mous applicables aux lombalgies et
dorsalgies communes, indépendamment de leur cause. Il s’agit de techniques de
détente et d’étirement musculaire. Elles ont d’autant plus de chance d’être
efficaces que la lésion vertébrale qui leur a donné naissance a été traitée
efficacement, ou qu’elle est en voie de guérison spontanée (car la contracture
peut persister par un simple mécanisme réflexe).
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Technique d'étirement
lombaire dans l'axe
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Il s’agit ici
d’un étirement longitudinal portant sur l’ensemble des érecteurs du rachis
lombaire. La main droite de l’opérateur prend appui sur le sacrum et l’aile
iliaque, sa main gauche sur le rachis thoracique supérieur. Leur direction est
perpendiculaire l’une à l’autre. Les bras de l’opérateur sont tendus, son buste
est penché en avant afin d’appuyer de tout son poids et de le transmettre aux
structures osseuses. Il se produit ainsi un effet d’écartement des structures
vertébrales avec une contrainte en flexion. Seule la main supérieure effectue
une traction, la main inférieure étant en fait un point d’appui fixe (fig. 1).
Il existe une
variante, plus puissante, de cette technique. Elle est représentée figure 2 et
3. Ici, les bras sont croisés, tendus comme dans la technique précédente et les
deux mains sont sur un même axe, prenant appui sur l’extrémité supérieure et
inférieure du rachis. C’est le poids du corps qui écarte les mains vers le haut
et vers le bas. Ces deux techniques doivent être rythmées par la respiration de
l’opérateur. La poussée se fait sur une expiration. Il la maintient de tout son
poids. Elle dure environ 5 secondes puis il relâche sa pression. On peut le
refaire deux ou trois fois par technique.
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Figure 2
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Figure 3
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Technique "doigts croisés"
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Ici, il ne s’agit
pas d’un étirement longitudinal mais d’une manœuvre qui s’apparente à certaines
techniques de reboutage. Le patient est en décubitus ventral. Le praticien se
met sur le côté de la table en arrière, à son niveau. Afin d’être à bonne
hauteur il se met en fente, et croise ses doigts d’abord comme montré sur la
figure 4 puis les applique sur les muscles (fig. 5). Le principe est de charger
les muscles paravertébraux avec la paume des deux mains. Ce sont les coudes de
l’opérateur qui s’abaissent progressivement afin de charger le maximum de masse
musculaire lombaire. Les deux coudes et les deux mains se rapprochent
progressivement de façon à ramener les muscles vers la ligne médiane et à les
maintenir dans cette position 4 à 5 secondes. Le mouvement est comparable à un
mouvement de casse-noisette. On voit bien sur les figures 6 et 7 le travail
d’abaissement progressif des coudes. C’est le tronc qui s’abaisse pour abaisser
les coudes. La manœuvre se termine l’opérateur étant pratiquement au-dessus du
patient (fig. 9). C’est une technique puissante qui demande peu d’effort au
praticien.
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Figure 5
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Figure 6
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Figure 7
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Figure 8
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Travail des muscles fessiers
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Les muscles
fessiers sont très souvent le siège de cordons myalgiques en cas de lombalgie.
Ces cordons peuvent à leur tour être responsables de douleurs projetées dans les
membres inférieurs. Leur recherche fait partie de l’examen clinique. Ils peuvent
bénéficier d’un traitement spécifique telles que les techniques d’étirement. La
technique illustrée figure 10 réalise un « malaxage » appuyé qui détend bien le
muscle. Ici aussi, les bras sont tendus, les mains superposées et le mouvement
général est un mouvement circulaire comparable à celui d’une meule. L’opérateur
appuie de tout le poids de son buste.
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Travail des muscles internes
de l'omoplate et de l'ilio-costal
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Les muscles
internes de l’omoplate (rhomboïdes, trapèzes, levator scapulae), mais aussi
l’ilio-costal doivent être travaillés dans le cadre des douleurs
scapulo-dorsales (dorsalgies, scapulalgies, épaules gelées). Nous présentons ici
quelques techniques. Le patient est installé en décubitus latéral gauche pour un
travail sur l’omoplate droite. Son bras gauche est en avant. Son bras droit est
allongé le long du corps. Le praticien assouplit d’abord l’articulation
omo-thoracique en la mobilisant de façon longitudinale et circulaire. Ceci peut
se faire soit bras levé au-dessus de la tête du patient soit bras en abduction.
Dans ce dernier cas, la mobilisation comporte un élément de traction sur la
gléno-humérale et de soulèvement de l’omoplate (fig. 11, 12). Lorsque cette
mobilisation est achevée et l’articulation assouplie, le praticien se penche en
avant pour repousser l’omoplate vers l’arrière et la faire saillir par rapport
au thorax (fig. 13). Il introduit alors deux à trois doigts sous la pointe de
l’omoplate et continue à effectuer de petits mouvements de circumduction.
L’angle inférieur étant ainsi bien dégagé, le praticien introduit sa main droite
sous l’angle supéro-interne de l’omoplate et continue à l’entraîner dans de
petits mouvements de circumduction avec les deux mains (fig. 14). En fin de
manœuvre, il y a un travail d’étirement sur les muscles fixateurs de l’omoplate
à l’aide des deux mains. Les doigts sont en position de traction d’abord proche
l’un de l’autre. Ils s’écartent progressivement puis très rapidement à la fin,
pour donner un mouvement de fouet (fig. 15). Ce mouvement peut être répété 1 à 2
fois au maximum car il est puissant.
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Figure 11
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Figure 12
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Figure 13
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Figure 14
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Les figures 16 et 17 montrent une variante de cette technique avec une seule
main, ce qui n’est possible que sur un sujet maigre. Sur la figure 16, les
doigts sont introduits sous la partie supérieure du bord spinal de l’omoplate.
Ils s’enfoncent de 1 à 2 cm, puis le mouvement est un mouvement d’abord
circulaire de mobilisation puis d’étirement et de traction vers le haut. La même
manœuvre peut être utilisée sur la partie inférieure de l’omoplate (fig. 17).
Ici, c’est le majeur qui est introduit sous l’omoplate. Il effectue des
mouvements de circumduction puis tire vers le bas. La fin du mouvement est très
rapide, comme un coup de fouet.
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Figure 16
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Figure 17
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Le sujet est en
décubitus ventral, le praticien du côté opposé à celui à traiter. Les muscles
sont chargés par deux doigts opposés sans que l’omoplate ne soit concernée (fig.
18). La manœuvre se fait en traction vers la ligne des épineuses et elle est
maintenue 4 à 5 secondes. Ce sont les muscles seuls que l’on attire vers
l’intérieur. Cette manœuvre peut aussi se préparer avec le pouce de la façon
suivante :
Le pouce charge
les muscles supérieurs de l’omoplate (rhomboïde supérieur et angulaire et
trapèze) (fig. 19). Il doit s’enfoncer profondément. Les muscles sont chargés
perpendiculairement à leur direction. Puis la main supérieure vient renforcer
cette prise. Le pouce maintient une traction maximale pendant 5 à 6 secondes
environ. Le relâchement doit être brusque comme la corde d’un arc que l’on lâche
(fig. 20).
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Figure 19
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Figure 20
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