Sem Hôp Paris
1977;53:1067-72.
La
dorsalgie inter-scapulaire :
manifestation de la souffrance du rachis cervical inférieur.
Le point cervical du dos
R Maigne
|
Résumé :
L'auteur retient comme
très fréquente l'origine cervicale inférieure (C5-C6-C7-D1) des dorsalgies
interscapulaires médiodorsales. Il décrit les signes cliniques très
évocateurs de cette origine, quelle que soit l'étiologie au niveau cervical
:
1) Un «
point douloureux interscapulovertébral », fixe, unilatéral le plus souvent,
toujours para D5 ou D6, qu'il nomme le « point cervical du dos ». Il est
l'épicentre de la douleur dorsale. La pression sur lui et sur lui seul
reproduit la douleur habituelle du patient.
2) Les plans
cutanés adjacents à ce point sont le siège d'un infiltrat cellulalgique mis
en évidence par la manoeuvre au pincé-roulé.
Dans
l'immense majorité des cas, cette souffrance cervicale inférieure est
bénigne, due à un problème micromécanique (« Dérangement Intervertébral
Mineur ») traumatique ou postural ou parfois à une poussée inflammatoire
d'arthrose cervicale. Elle peut être la première manifestation d'une
affection grave.
L'auteur
montre le rôle de la branche postérieure (posterior ramus) du 2° nerf
rachidien. Le « point cervical du dos » para D5 ou D6 correspond à
l'émergence superficielle du rameau cutané de ce nerf. La zone cellulalgique
correspond exactement à son dermatome qui est très étendu. L'irritation de
ce nerf semble donc traduire la souffrance des derniers étages du rachis
cervical.
L'auteur
avance l'hypothèse que le dermatome de la branche postérieure de D2
représente le contingent cutané des derniers segments cervicaux. En effet,
les branches postérieures des derniers nerfs cervicaux (C5, C6, C7, C8)
n'ont pratiquement pas de rameaux cutanés. On passe ainsi directement du
dermatome C4 au dermatome D2 au niveau des plans cutanés du dos.
La dorsalgie est
un motif fréquent de consultation ; il est bien rare que l'examen aboutisse
à la découverte d'une cause organique évidente, qu'elle soit vertébrale
(rachis dorsal) ou viscérale. Il s'agit dans l'immense majorité des cas
d'une affection bénigne qui touche plus les femmes que les hommes. Les
traitements habituels, médicamenteux et rééducatifs, sont peu efficaces. Le
plus souvent après quelques mois ou années d'évolution, la douleur s'estompe
ou disparaît. Toutefois, elle peut constituer malgré sa bénignité une gêne
sérieuse (dactylos, mécanographes, couturières).
Il est habituel
de considérer que cette dorsalgie dite « bénigne des jeunes femmes »
comporte une forte part psychique. Il est vrai qu'elle est souvent associée
à des périodes de fatigue ou de problèmes affectifs. Mais ceci n'est pas
propre à la dorsalgie et on peut en dire autant de la plupart des algies
vertébrales et de bien d'autres affections auxquelles ces facteurs
psychiques servent de haut parleur mais que dans la plupart des cas ils ne
créent pas.
C'est
généralement l'insuffisance musculaire qui est considérée comme la cause la
plus importante de cette dorsalgie surtout si elle donne de la voix à des
troubles statiques (scoliose, cyphose modérées) ou à des séquelles ide
maladie de Scheuermann. Il est à remarquer que la rééducation, qui a parfois
un effet favorable, est souvent aggravante.
Telle n'est pas
notre opinion. Un certain nombre d'arguments nous amènent à considérer que
la plupart des douleurs dorsales perçues dans la région interscapulaire
m6diodorsale ont une origine cervicale. Nous avons, il y a quelques années,
attiré l'attention sur ce mécanisme. Mais, à la lumière d'une expérience
plus grande et de quelques éléments nouveaux, nous pensons utile de
reprendre cette description, en analysant les différents arguments qui nous
font soutenir cette thèse et en exposant les mesures thérapeutiques
efficaces qui en découlent.
Cette « algie
interscapulaire », lorsqu'elle présente les caractéristiques que nous allons
exposer, constitue un véritable miroir de la souffrance cervicale
inférieure, que celle ci soit discale ou articulaire, bénigne ou maligne.
Dans l'immense majorité des cas, il s'agit évidemment d'une origine bénigne,
liée à un problème mécanique mineur de la région cervicale basse. 75 % des
cas des dorsalgies bénignes rencontrées dans le service de l'Hôtel-Dieu
correspondent à ce tableau d'« algie interscapulaire d'origine cervicale ».
Mais nous l'avons rencontrée isolée et tenace comme premier signe d'une
tumeur intra rachidierme cervicale ou d'une métastase cervicale.
Avant de
considérer les arguments qui ont attiré notre attention sur le lien entre
cette dorsalgie interscapulaire et le rachis cervical inférieur, nous
allons décrire rapidement le tableau clinique de cette dorsalgie cervicale.
Il est stéréotypé. Nous prendrons pour type la dorsalgie bénigne.
I) Aspect clinique de la dorsalgie bénigne
d'origine cervicale
Le tableau
clinique de l'« algie interscapulaire d'origine cervicale » est celui de la
dorsalgie dite commune ou « fonctionnelle des jeunes femmes », car elle est
pour nous la forme habituelle de ces dorsalgies bénignes dont l'origine
réelle n'est pas reconnue. Aussi le lecteur ne s'étonnera pas que cette
description soit celle qu'il a lue maintes fois par ailleurs sous une autre
rubrique.
1) Signes fonctionnels
C'est une
dorsalgie interscapulaire médio-dorsale perçue comme un « point », un « fer
rouge », une sensation de brûlure ou comme une crampe. Elle est le plus
souvent chronique, évoluant par poussées, favorisées par les périodes de
fatigue ou de surmenage. Elle est souvent déclenchée par certains travaux
essentiellement féminins : la dactylographie, la mécanographie, la couture,
le tricot, etc. Elle est généralement calmée par le repos, mais elle est
parfois augmentée le matin au réveil.
Ce signe qui est
inhabituel pour une douleur vertébrale mécanique, est fréquent dans les
douleurs cervicales. Le cou a souvent une mauvaise position dans le sommeil,
notamment pour les sujets qui dorment sur le ventre et qui sollicitent à
fond la rotation cervicale ce qui augmente le « dérangement mécanique »
cervical responsable de la dorsalgie.
Fig. 1. « Le point cervical du dos ». Dans toute dorsalgie
d'origine cervicale la palpation révèle la sensibilité particulière d'un
point précis para D5 ou D6, à un ou deux centimètres de la ligne médiane
(X).
La pression sur lui, et
sur lui seul reproduit la douleur spontanée du patient.
La zone de cellulalgie. A partir du « point cervical du dos » la manoeuvre
du pincé roulé révèle dans les cas chroniques une bande d'infiltration
cellulagique plus ou moins étendue (hachures).
Fig. 2. Technique de recherche du « point cervical du dos
». La pression glissée du doigt est constamment maintenue le long de la
gouttière para-épineuse. Tous les cm, l’examinateur fait de petits
mouvements de friction appuyée longitudinale et transversale.
Elle peut
parfois être aiguë, consécutive à un traumatisme, à un effort et surtout à
un faux mouvement. Elle est généralement unilatérale, mais parfois perçue
comme médiane ou bilatérale. Elle peut alors précéder une névralgie
cervicobrachiale qui se manifestera quelques jours plus tard.
Ailleurs
elle peut être rebelle, pénible, croissante, nocturne. Ces caractères qui
orientent vers une origine grave, tumorale ou métastatique, doivent aussi
conduire à l'examen cervical attentif, si le rachis dorsal paraît normal.
2) Examen clinique du
dos
L'examen
révélera dans tous les cas au niveau du dos :
-
un point
douloureux très particulier à la pression du doigt, situé à un travers
de doigt de D5 ou D6, généralement unilatéral (fig. 1) ;
-
et une zone
plus ou moins importante d'infiltration cellulitique qui s'étend à
partir de ce point vers l'acromion, du même côté que le point ci dessus
(fig. 1) ;
a) Le point interscapulovertébral
para D5 ou D6 : « Le point cervical du dos »
C'est F. Françon
qui, depuis la première description que nous en avons faite, a proposé
d'appeler « Point cervical du dos de Maigne » ce point para D5 ou D6 très
particulier qui est le reflet de la souffrance du rachis cervical inférieur.
Il est fixe, constant, le plus souvent unilatéral. On le trouve dans la
gouttière paravertébrale à un ou deux centimètres de la ligne médiane en
regard de D5 ou D6.
La
pression-friction du doigt sur lui et sur lui seul reproduit la douleur
habituelle du patient, même lorsque celui ci la perçoit plus haut, plus
basse, plus externe, bilatérale, ou même intra thoracique.
Sa recherche
correcte est essentielle (fig. 2). Elle doit être minutieuse et lente. Le
patient est assis, tête fléchie, mains sur les genoux, en position de
relâchement complet. Le médius ou l'index de l'opérateur glisse lentement
selon une ligne parallèle à celle des épineuses à un travers de doigt de
celle ci. L'opérateur exerce une pression légère, continue et constante avec
la pulpe du doigt tout en exerçant de petits mouvements de friction
longitudinaux tous les centimètres comme s'il voulait mobiliser le plan
cutané sur le plan profond.
En regard de D5
ou de D6, cette manoeuvre va réveiller un point exquis très précis. Une
pression légère sur lui et sur lui seul reproduit la souffrance habituelle :
« Vous avez mis le doigt exactement sur ma douleur ».
Il peut y avoir
quelques variations d'étages, non dépendantes de l'étage cervical
responsable. Sur 50 cas où nous avons fait un repérage radiologique, il
était 25 fois en regard de D6, 21 fois en regard de D5, 1 fois de D4, 3 fois
de D7.
Chez un
dorsalgique chronique, ce point interscapulovertébral para D5 ou D6 reste
sensible à la palpation pression même en dehors des périodes douloureuses.
Un test
intéressant :
Dans les cas où
l'origine cervicale est bénigne, il disparaît ou diminue instantanément par
un traitement cervical à action rapide tel que manipulation ou infiltration
articulaire postérieure de l'étage responsable. A l'inverse, une
manipulation cervicale mal faite l'augmente aussitôt, et déclenche ou
amplifie la douleur spontanée.
b) La
bande cellulalgique latérale médiodorsale
Ce point
s'accompagne le plus souvent d'une bande cellulalgique, qui à partir de lui
s'étend vers l'acromion.
C'est un élément
très fréquent, des dorsalgies cervicales. Il est pratiquement constant dans
les cas chroniques, mais est quelquefois important dans certains cas aigus.
Dans le cas
d'une « algie interscapulaire chronique d'origine cervicale », la manoeuvre
du pincé-roulé va mettre en évidence une bande de cellulalgie qui s'étend
transversalement du point inter scapulovertébral à la partie supéro-externe
du dos. Typiquement, la bande a 6 à 8 centimètres de hauteur et est plus
large en dehors qu'en dedans. Elle peut être plus étroite et plus limitée.
La peau est pincée et roulée lentement entre pouce et index, comme on le
ferait d'une cigarette. La pression ainsi produite doit être légère et égale
tout au long de l'examen. La manoeuvre est continue, partant de la partie
inférieure du thorax jusqu'à la fosse sus-épineuse. On constate un
épaississement des plans cutanés et sous-cutanés ainsi explorés. Il est plus
ou moins marqué. Il est parfois considérable dans certains cas chroniques.
Le plus souvent, les signes retrouvés sont unilatéraux bien que le patient
puisse avoir l'impression d'une douleur diffuse bilatérale ou même
intrathoracique (fig. 3).
Fig. 3.
Technique du pincé roulé. Un pli de peau est pris entre pouce et
Index. Il est tiré, pincé et roulé comme on le ferait d'une cigarette, pétri
entre les deux doigts. Toute la région dorsale est ainsi explorée.
Dans la zone cellulalgique le pli est épaissi et la manoeuvre est
douloureuse. Elle est indolore sur les zones voisines ou opposées.
c) Les
cordons musculaires indurés
L'examen
palpatoire lent et attentif, fait sur un sujet relâché en décubitus ventral,
de préférence couché en travers de la table, peut mettre parfois en évidence
des petits cordons musculaires durs et sensibles à la palpation, qui ne sont
souvent guère plus gros qu'une aiguille à tricoter ou qu'un petit crayon.
II) Signes
radiologiques dorsaux
Il va sans dire
qu'au niveau du dos, il n'y a pas de signes radiologiques particuliers. La
radio sert ici pour le diagnostic différentiel permettant de découvrir une
pathologie grave du rachis dorsal. La présence d'une scoliose, d'une
arthrose, d'une séquelle de Scheuermann et même d'une ancienne fracture de
D5 ou de D6 ne doit pas détourner l'attention. S'il y a présence du « point
cervical du dos » et de la bande cellulalgique, ceux ci imposent l'examen du
rachis cervical.
III) Signes cervicaux
Ce n'est pas,
sauf lésion grave, l'aspect radiologique qui révélera l'étage cervical
inférieur responsable, mais l'examen clinique attentif. Le traitement
cervical sera seul rapidement efficace.
S'il s'agit
d'une lésion métastatique, il est possible que la radiographie cervicale
puisse la mettre en évidence, mais il n'y avait aucune image radiographique
évocatrice au début de l'évolution de certains de nos cas où la douleur
interscapulaire était la première manifestation d'une métastase cervicale
d'un cancer méconnu. Il en va de même s'il s'agit d'une tumeur
intrarachidienne. Nous avons observé un cas de neurinome cervical qui
pendant plusieurs mois n'avait comme manifestation qu'une douleur
interscapulaire typique avec recrudescence nocturne, avant de provoquer une
radiculalgie cervicale rebelle qui fit pratiquer un lipiodol et permit le
diagnostic. Il n'y avait pas dans ce cas d'élargissement évident du trou de
conjugaison. Signalons qu'Ectors, dans son rapport sur les compressions de
la moelle cervicale, signale que deux fois il a observé des malades atteints
de tumeur cervicale qui se plaignaient de douleur D6 ou D7 sans qu'il «
puisse démontrer le mécanisme pathologique de cette localisation ».
Dans l'immense
majorité des cas, il s'agit d'une origine bénigne. Que va t on trouver au
niveau cervical ? Sur le plan radiographique rien de déterminant.
L'expérience nous a montré le peu d'importance qu'on peut attacher à
l'existence d'une arthrose, d'une discopathie. Il s'agit souvent de lésions
cliniquement muettes.
1) Le « dérangement intervertébral mineur »
Par contre un
segment vertébral, parfaitement normal quant à son aspect radiologique peut
être sensible à l'examen, et cause de douleur locale ou à distance. C'est
très fréquent dans des douleurs vertébrales communes.
Prenons un
exemple : un faux mouvement cervical ou autre crée une douleur locale.
L'examen radiologique est négatif mais l'examen clinique montre la
sensibilité d'un segment vertébral précis, particulièrement au niveau d'une
de ses articulations interapophysaires ou à la pression axiale ou latérale
sur l'épineuse.
Si on peut
pratiquer une manipulation, celle ci fait disparaître la sensibilité du
segment et la douleur du patient. Faite en sens inverse, elle va aggraver
les deux. A cette entorse bénigne du segment vertébral, nous préférons
donner le nom de "dérangement intervertébral mineur" (DIM) car dans bien des
cas la notion de traumatisme déclenchant manque, alors que les signes
d'examens sont les mêmes et que le test thérapeutique donne le même
résultat.
Ce DIM peut
siéger sur un segment vertébral radiologiquement normal ou sur un segment
vertébral qui présente une arthrose, une discopathie, ou une séquelle
d'épiphysite. Mais ces aspects radiologiques sont indépendants de la notion
de dérangement puisqu'ils peuvent exister alors que le segment fonctionne
bien et est indolore. Si la manipulation précise, adaptée, est le traitement
de choix d'un certain nombre de ces DIM, il est des cas où elle n'est pas
suffisante. Il est des cas où elle est contre-indiquée. Nous n'en faisons
mention ici qu'à titre d'illustration.
Ces DIM nous
paraissent devoir être considérés comme des entorses bénignes d'un segment
vertébral, favorisés par des microlésions mécaniques articulaires ou
discales. Ils sont certainement entretenus par un mécanisme réflexe, que le
fonctionnement strictement automatique des muscles intrinsèques du rachis
favorise. A cela s'ajoutent les conséquences périarticulaires du
dysfonctionnement articulaire, et tout particulièrement l'irritation de la
branche postérieure du nerf rachidien qui est plaquée contre l'articulation
interapophysaire [Lazorthes, 9,10].
2) Examen du cou
Dans les cas
habituels de dorsalgie bénigne, il s'agit donc simplement de mettre en
évidence la sensibilité particulière d'un étage cervical inférieur. Celle ci
pourra être interprétée selon le contexte clinique, comme la conséquence
d'un DIM, ou parfois d'une poussée congestive d'arthrose portant sur
l'articulation interapophysaire.
L'examen
clinique révélera parfois une douleur cervicale ou une gêne au mouvement.
Dans quelques cas la rotation forcée ou l'hypertension forcée, ou même
l'association des deux pourront provoquer la douleur dorsale. Ce n'est pas
la règle et cela reste d'intérêt limité.
Nous
attacherons plus d'attention, lorsqu'il est présent au « Point sonnette
cervical antérieur » (60 % des cas).
En pratique, ce
qui est essentiel, c'est l'association :
-
d'une
sensibilité articulaire postérieure cervicale inférieure C5-C6, C6-C7 ou
C7-Dl précise d'un côté à la palpation,
-
et d'un
point interscapulovertébral para D5 ou D6 du même côté chez un
dorsalgique, avec une bande cellulalgique attenante.
L'examen
cervical doit être rigoureusement pratiqué. Le patient est couché sur le
dos, la nuque bien relâchée. Le médecin soutient l'occiput dans la paume de
ses mains. Il explore de la pulpe des médius les gouttières paravertébrales.
Il fait des petits mouvements de friction longitudinaux puis transversaux au
niveau de chaque massif articulaire postérieur. Il est très facile de les
palper avec un peu d'habitude (fig. 4).
Dans le cas qui
nous intéresse, cet examen va révéler la particulière sensibilité d'une
articulation postérieure, parfois de deux, du même côté que le point
interscapulovertébral au niveau de C5C6 ou C6-C7 ou C7-D1.
On peut parfois
réveiller aussi une douleur à la pression de l'épineuse cervicale
correspondante.
Fig. 4. La recherche de la sensibilité d'une articulation
postérieure cervicale. Le point articulaire postérieur est en règle du même
côté que le « point cervical du dos » au niveau de C5-6, ou C6-7, ou C7-D1.
Il doit être recherché sur le patient bien
relâché, couché sur le dos. Avec la pulpe de l'index ou du médius, lentement
on explore avec des mouvements de glissement profond les massifs
articulaires postérieurs. Il est le témoin le plus habituel de la souffrance
mécanique d'un étage cervical.
Fig. 5 A et B. Le point cervical sonnette antérieur. Une
pression modérée, faite sur une zone précise de la partie antérolatérale du
rachis cervical Intérieur au niveau de l'étage responsable, permet 2 fois
sur 3 de provoquer la douleur dorsale habituelle.
Cette manoeuvre,
décrite dans nos premières publications, n'a d'autre intérêt que de montrer
le lien entre rachis cervical et douleur dorsale.
Le point
sonnette cervical antérieur
Nous avons dans
nos premières publications insisté sur un signe que nous appelons le « Point
cervical sonnette antérieur ». Il consiste à provoquer la douleur dorsale
habituelle du patient, en exerçant une pression légère avec le pouce, au
niveau de l'étage cervical responsable, à la partie antérolatérale du rachis
(fig. 5).
L'intérêt de
cette manoeuvre était de montrer le lien qui existe entre le rachis cervical
et la douleur dorsale du patient et la possibilité de la reproduire par une
manoeuvre statique purement cervicale. Ce signe n'est pas toujours facile à
mettre en évidence. Il est des cas où il faut rechercher longuement le «
Point sonnette cervical » en modifiant de quelques millimètres le point de
pression. On le retrouve dans 6 cas sur 10 de dorsalgie cervicale.
IV) Essai
d'interprétation physiopathologique
La manipulation
cervicale qui, selon le sens où elle est effectuée, provoque, augmente ou
améliore la douleur dorsale isolée est un argument très intéressant quasi
expérimental de l'origine cervicale de celle ci. Le même résultat peut être
obtenu par l'infiltration de l'articulation interapophysaire cervicale si
c'est celle qui est responsable de la souffrance cervicale.
1) Notions classiques
Les névralgies
cervicobrachiales, ou les radiculalgies par hernie discale cervicale
s'accompagnent souvent d'une vive douleur dorsale interscapulaire. Cette
douleur interscapulaire peut précéder de quelques jours la douleur du bras.
Elle peut parfois lui survivre sous forme de dorsalgie isolée. Dans ces cas,
l'examen clinique attentif met aussi en évidence que l'épicentre de cette
dorsalgie est le même point para DS ou D6. On retrouve bien entendu 'la
sensibilité de l'étage cervical responsable C5-C6 ou C6-C7 ou C7-Dl.
Ceci nous
permettra de noter dès à présent que quel que soit l'étage cervical
responsable, la situation du point interscapulaire reste fixe. Il est
toujours para D5 ou para D6 qu'il s'agisse d'une névralgie C5, C6, C7 ou C8.
Cette remarque est une des bases de notre travail.
Si aucun auteur
n’avait évoqué avant nous l'origine cervicale habituelle des dorsalgies
communes, de nombreux auteurs, surtout américains, avaient noté la fréquence
des douleurs dorsales interscapulaires dans les radiculalgies cervicales,
particulièrement dans celles qui étaient liées à des hernies discales
cervicales (Stookey, Mlichaelsen et Mixter, Elliot et Gramer, Weddel et
Feinstein, etc.) Tous reconnaissent cette évidence sans pouvoir y apporter
d'explication. Seuls, Weddell et Feinstein montrent à l'aide de
l'électromyographie « une irritation constante des muscles de la région
interscapulaire sensible avec l'existence des contractures involontaires » ;
mais ils concluent qu'étant donné l'innervation de ces muscles qui ne
correspond pas au territoire de la racine cervicale lésée, il « doit y avoir
une source secondaire de la douleur » qu'« ils n'élucident pas ». Cloward
étudiant les hernies discales cervicales par la discographie reproduit, ce
faisant, les douleurs dorsales habituelles de ses patients. Il établit même
une carte des projections douloureuses du dos en fonction des étages. Cette
carte de projection semble un peu artificielle. Elle a été réalisée en
interrogeant les patients sur la projection douloureuse perçue. Ainsi on
voit que de C4 à C7 la douleur s'échelonne entre le niveau de l'angle
interne de l'omoplate et celui de son angle inférieur.
Cela ne
correspond pas du tout à nos observations. Il est vrai que l'idée directrice
de Cloward était simplement de s'assurer qu'en opérant selon sa technique
(voie antérieure + greffon) le disque qui était symptomatique, il
soulagerait non seulement les douleurs cervicales et radiculaires du bras,
mais aussi, si la réponse à la discographie était positive les dorsalgies
dont se plaignait le patient. Toutefois, cette très intéressante
expérimentation de Cloward est un argument complémentaire important pour
notre thèse (1).
Remarquons
cependant que :
-
Aucun auteur
n'a noté l'existence de ce point privilégié para D5 ou D6 sur lequel
nous nous sommes attardés et dont nous allons essayer de comprendre la
signification : le « point cervical du dos » qui est constant.
-
Si certains
auteurs ont bien noté l'existence des tensions musculaires douloureuses
interscapulaires, aucun n'a noté l'existence de la bande cellulalgique
douloureuse au pincé-roulé qui occupe toujours le même territoire à
partir du point interscapulaire D5 ou D6 du côté de la douleur dorsale
habituelle.
Ainsi, aucune
hypothèse sur le mécanisme de la dorsalgie cervicale n'est acceptable si
elle ne rend pas compte de ces deux faits, et la thèse de Cloward qui en
fait, dans les cas de hernie discale, une douleur musculaire réflexe des
fixateurs de l'omoplate ne peut donc être retenue.
2) A quoi correspond le point cervical du dos ?
Sa fixité para
D5 ou D6 est étonnante de même que sa constance. Il est bien l'élément
habituel et essentiel de cette dorsalgie d'origine cervicale.
Notre première
hypothèse a été qu'il pouvait être musculaire. Le complexus et le splénius
sont des muscles cervico-dorsaux qui s'attachent sur l'occiput et dont les
faisceaux les plus inférieurs se terminent sur D5 ou D6. Nous avions aussi
envisagé la responsabilité du rhomboïde, mais son innervation est C4 et C5.
Cette explication n'était pas plus satisfaisante que celle qui met en jeu
l'action du transversaire épineux ou d'autres muscles.
En effet
une origine musculaire n'explique pas la zone cellulalgique, si fréquente,
ni sa disparition immédiate parle seul traitement cervical. De plus il est
difficile d'admettre que la souffrance de muscles aussi étendus et aussi
complexes se traduise par l'existence d'un seul point douloureux aussi
précis et constant, à l'insertion inférieure de leurs faisceaux les plus
bas.
a) Rôle de la branche postérieure du deuxième nerf
rachidien
Nous avons pu
par la suite montrer que ce point correspond exactement à l'émergence
superficielle du rameau cutané de la branche postérieure du deuxième nerf
rachidien dorsal (8) en pratiquant l'infiltration anesthésique de ce rameau
à son origine entre D2 et D3 avec 2 ou 3 ml de Xylocaïne à 1 %. Celle ci
fait disparaître aussitôt (fig. 6) la sensibilité du point douloureux para
D5 ou D6 (marqué au crayon feutre) et la sensibilité de la zone
cellulalgique au pincéroulé. Celle ci curieusement, devient aussitôt plus
souple, moins épaisse. Elle fait également disparaitre la douleur spontanée
du patient, ce qui est particulièrement net s'il s'agit d'un cas aigu.
Ajoutons que
l'infiltration anesthésique doit être très précise. On peut, en laissant
l'aiguille en place après l'injection d'un ou deux ml de Xylocaïne,
contrôler la disparition du « point cervical du dos » et son effet sur la
bande de cellulalgie. Si le résultat n'est pas obtenu, on modifie légèrement
la position de l'aiguille laissée en place et on injecte un peu plus de
Xylocaïne, jusqu'à disparition du point à la palpation.
Fig. 6. L'infiltration anesthésique de la branche
postérieure de D2 au point où elle contourne l'articulation interapophysaire
D2-D3 (flèche) fait aussitôt disparaître : 1) la douleur dorsale spontanée,
2) la sensibilité du point cervical du dos, 3) la sensibilité de la zone
cellulalgique au pincé roulé.
b)
A quoi correspond la zone de cellulalgie ?
Elle occupe
totalement ou partiellement le dermatome postérieur de D2 représenté par le
rameau cutané de sa branche postérieure. Sa présence est un argument
complémentaire en faveur du rôle de ce rameau nerveux.
Une telle zone
cellulalgique constitue l'un des éléments de ce que nous avons décrit sous
le nom de « syndrome celluloténomyalgique des irritations radiculaires ».
Rappelons le brièvement (9, 10). L'irritation d'un nerf rachidien produit
classiquement :
-
des troubles
sensitifs,
-
des troubles
moteurs,
-
des troubles
réflexes.
En fait, dans
bon nombre de cas, et surtout s'il s'agit d'une irritation chronique, nous
avons pu montrer qu'il existe souvent dans le territoire de ce nerf
rachidien, retrouvés par une palpation attentive :
-
un placard
cellulalgique, douloureux au pincéroulé, dans le dermatome de la racine
concernée,
-
des cordons
musculaires durs et sensibles à la palpation dans certains muscles du
myotome, de la même racine, toujours les mêmes muscles « cibles » pour
une même racine
-
des
tendinalgies, donnant un tableau clinique de tendinite, dans le même
territoire d'innervation. A titre d'exemple, ces manifestations, dont le
mécanisme est sans doute différent, se rencontrent isolées ou associées
dans 50 % des cas de sciatiques radiculaires communes.
Ce « syndrome
celluloténomyalgique » peut disparaître avec la crise douloureuse
radiculaire. Il peut survivre à la crise et entretenir des douleurs plus ou
moins vives, locales ou pseudoradiculaires (sciatiques traînantes par
exemple). Mais surtout, il peut être la seule manifestation de l'irritation
chronique d'un nerf rachidien. Ses manifestations cutanées, musculaires
tendineuses peuvent alors être symptomatiques ou asymptomatiques. Elles sont
la découverte d'un examen palpatoire systématique. Il s'agit par exemple
d'une zone limitée d'infiltration cellulalgique, pouvant être responsable de
douleurs pseudoviscérales surtout pour D11-D12 et Ll ou de tendinalgies
d'épaule (C5-C6) ou de certaines épicondylalgies (C6-C7), etc. L’examen
vertébral segmentaire systématique révélera la particulière sensibilité de
l'étage correspondant, siège d'un DIM. Le traitement vertébral approprié
amènera le soulagement de la douleur pseudo-viscérale ou de la « tendinite
».
Dans le cas de
dorsalgie que nous étudions ici, l'infiltration cellulalgique est la
conséquence de l'irritation chronique du rameau cutané, de la branche
postérieure de D2. Quel est le lien entre le rachis cervical inférieur et le
rameau cutané de la branche postérieure du deuxième nerf rachidien ?
Si ce lien est
cliniquement évident, il n'en va pas de même anatomiquement. Nous avons avec
Le Corre et Rageot disséqué 12 cadavres. Ceci nous a confirme l'importance
de la branche postérieure de D2, nettement plus grosse que ses voisines,
telle qu'elle a été décrite par Hovelacque et d'autres auteurs (fig. 7). Son
émergence superficielle correspondant exactement au point cervical para D5
ou D6. Dans 4 cas, nous avons pu noter des anastomoses entre D2 et D1 et
dans un cas avec C8. Mais ceci n'est pas suffisant pour expliquer un lien
entre une souffrance du rachis cervical inférieur et la branche postérieure
de D2.
Fig. 7. A) Dissection montrant la branche postérieure de D2
dans les plans profonds. Elle se divise en une branche externe musculaire
(petite flèche du haut) et une branche interne musculo-cutanée, qui descend
profondément jusqu'au niveau de D5 ou D6 (l'épineuse de D6 est ici piquée
d'une épingle à tête noire). A ce niveau cette branche perfore les plans
musculaires (flèche noire du bas) et devient superficielle.
B) Photo de droite : Partie gauche : le rameau cutané de la branche
postérieure du 2° nerf rachidien. Son territoire cutané est très important
(d'après Hovelacque). A droite : mais les branches postérieures des étages
cervicaux inférieurs n'ont pratiquement pas de rameau cutané. D'après les
travaux de G. Lazorthes et nos constatations, le schéma de droite serait
plus près de la réalité.
Fig. 8. Les dermatomes postérieurs. A) Selon Keegan et
Garret. B) Selon Lazorthes. C) En pratique on peut considérer comme Tondury
qu'on passe au niveau des pans cutanés du dos directement d'un dermatome
C4, à un dermatome D2. Nous émettons l'hypothèse que tout se passe comme si
le contingent cutané de D2 représentait le contingent des étages cervicaux
de C5 à Dl (flèche). (Sur le schéma l'épineuse de la 7° vertèbre cervicale
est un trait épais).
Par contre, un
fait remarquable est la quasi inexistance des rameaux cutanés des branches
postérieures de C5-C6, C7-C8 et Dl. Cela est souligné par G. Lazorthes et
d'autres auteurs. Nous l'avons également noté. Cela revient à dire que
contrairement aux schémas les plus répandus (Keegan et Garrett par exemple)
(fig.8A) au niveau du dos on passe directement du dermatome C4 au dermatome
D2. On retrouve cette notion dans le schéma de Tondury, mais celui ci
n'accorde qu'une bande étroite à D2 alors qu'elle nous parait beaucoup plus
importante (fig. 8C). Le développement embryologique rend bien compte de la
disparition des dermatomes postérieures correspondant aux racines qui
innervent les membres supérieurs et inférieurs. Ceci nous amène à avancer
l'hypothèse que le contingent cutané de la branche postérieure de D2
représente le contingent cutané des dernières branches postérieures
cervicales de C5 à D1 (fig. 8). C'est sans doute l'explication de cette
étonnante projection douloureuse dorsale avec le point douloureux paraD5 ou
D6 d'une si grande constance et d'une si grande fixité.
L'origine de la
douleur cervicale peut être aussi bien discale qu'articulaire postérieure ou
intrarachidienne. La voie de transmission de départ semble donc pouvoir être
aussi bien le nerf sinu-vertébral que la branche postérieure du nerf
rachidien qui innerve l'articulation interapophysaire cervicale.
Il est
intéressant de rapporter l'observation d'un de nos patients :
Observation. Il
s'agit d'un homme de 60 ans. Il a subi une lobectomie pulmonaire droite. Au
lendemain de l'intervention, il se plaint d'une vive douleur dorsale du même
côté que l'intervention. Les suites de celles ci sont simples et le résultat
en est excellent. Mais la douleur dorsale persiste, pénible et rebelle à
tout traitement, au point qu'au bout de deux ans une radicotomie D3-D4-D5
est décidée et pratiquée.
L'échec est
total. Deux ans plus tard, pneumologue, neurologue et neurochirurgien
tombent d'accord pour envisager une cordotomie devant cette douleur rebelle.
C'est alors que le patient vient consulter à l'Hôtel-Dieu. Il est examiné
dans le Service par notre collaborateur E. Rageot qui constate l'existence
d'une nette limitation de la rotation et de la latéroflexion cervicale du
côté de la douleur. Cette manoeuvre augmente un peu la douleur dorsale, de
même que l'inspiration profonde. Le patient souffre plus le matin au réveil
que le soir. Mais surtout l'examen dorsal révèle un « point cervical du dos
» para-D6 (du côté de la cicatrice) particulièrement sensible. La pression
légère faite sur lui et sur lui seul reproduit exactement la vive douleur
habituelle. C'est la première fois en 5 ans qu'on lui reproduit « sa »
douleur. Une très épaisse bande d'infiltration cellulalgique est contiguë à
ce point. Il n'y a rien de l'autre côté, ni point para-D6 ni cellulalgie. On
retrouve à l'examen cervical une sensibilité élective de l'articulation
postérieure C5-C6 du même côté que 1e « point cervical du dos », tandis que
les radiographies dorsales et cervicales ne montrent qu'une arthrose banale.
Les tests pré-manipulatifs habituels montrent la possibilité de traitement
par manipulations. Il s'agit sans doute d'une « entorse » cervicale (DIM)
provoquée pendant l'anesthésie lors de l'intervention. Dès la première
manipulation et d'une manière spectaculaire, il y a disparition du « point
cervical du dos » tandis que les mouvements cervicaux sont libres et
indolores, la zone cellulalgique plus souple et moins sensible.
Le patient
est très soulagé après une deuxième manipulation huit jours plus tard, il
restera un an sans souffrir du tout. Il soulève alors une charge lourde et
retrouve sa douleur dorsale qu'un traitement identique au premier fait
disparaître complètement.
Que se serait il
passé si la radicotomie outre D3, D4 et D5 avait intéressé D2 ?
V) Traitement
Nous
n'envisagerons ici que le traitement des dorsalgies d'origine cervicale
bénigne.
1) Formes aiguës
C'est le collier
cervical qui les soulage le mieux. Il est rare qu'un autre traitement
cervical soit possible. On peut y associer l'infiltration de la branche
postérieure du 2ème nerf rachidien au point où elle contourne le massif
articulaire postérieur D2-D2. Le test de réussite est la disparition ou la
diminution du point cervical du dos para-D5 ou D6.
2) Formes chroniques
Ce sont les plus
fréquentes.
a) La
manipulation cervicale, si elle est possible est le traitement le
plus efficace. Son action est rapide, parfois immédiate. Il faut en moyenne
3 à 5 séances dans un cas chronique. L'efficacité de chaque manoeuvre est
aussitôt appréciée sur la diminution de la sensibilité articulaire
postérieure cervicale, et surtout sur la diminution ou la disparition du
point cervical du dos. Il est évident que ce type de traitement doit être
appliqué en suivant strictement la « règle de la non douleur et du
mouvement contraire » (Maigne). Il n'est valable que s'il est bien exécuté,
dans le sens convenable, sur le bon segment par un médecin expérimenté.
Sinon, il vaut mieux l'éviter car il serait inefficace ou aggravant. Les
manoeuvres les plus souvent utiles seront la rotation (fig. 9A) ou la
latéroflexion (fig. 9B).
Fig. 9. Traitement par manipulation cervicale. Il est
utilisé si le cas et l'état du rachis le permettent. La manoeuvre est
effectuée selon la règle de la non douleur et du mouvement contraire.
Exemples : A) Manipulation en rotation droite du rachis cervical inférieur.
B) Manipulation en latéroflexion droite du rachis cervical Inférieur. Ces
manoeuvres correspondent généralement à une algie interscapulaire droite.
Fig. 10.
Infiltration de l'articulation interapophysaire cervicale sensible, de
l'étage responsable.
Noter la position du patient. L'aiguille est enfoncée à 1 cm 1/2 de
la ligne médiane, au niveau de l'articulation douloureuse soigneusement
repérée dans la position d'infiltration. On recherche le contact osseux et
on injecte à ce contact après aspiration pour vérifier l'absence de sang ou
de liquide céphalo-rachidien, 1 ml d'un dérivé cortisoné. Par prudence on
choisit celui qui peut être injecté sans inconvénient en injection intra-rachidienne.
b)
L'infiltration de l'articulation interapophysaire cervicale sensible.
Lorsqu'il n'y a qu'une articulation interapophysaire douloureuse du côté de
la dorsalgie (C5-C6 ou C6-C7 ou C7-D1) son infiltration avec un dérivé
cortisoné peut avoir un excellent effet (fig. 10). Elle peut compléter pour
celui qui ne sait pas manipuler, ou lorsque la manipulation est impossible
ou contre-indiquée (état du rachis, état vasculaire, poussée inflammatoire
d'arthrose, etc.).
c) Le
collier cervical est parfois utile dans le traitement des cas
difficiles ou récidivants. Il est aussi à conseiller, semi-rigide mais
confortable, pour la nuit aux sujets dont la dorsalgie est vive le matin
parce qu'ils ont une mauvaise position du cou pendant la nuit.
d) La
traction cervicale est beaucoup moins efficace que la manipulation.
Elle est parfois aggravante. Il faut aussitôt arrêter le traitement si la
mise en traction augmente la douleur dorsale.
e) Le
massage est utile lorsque l'infiltration cellulalgique du dos est
importante ou lorsqu'elle ne disparaît pas complètement par le traitement
cervical. Il faut faire des massages en pétrissage des plans superficiels
lents et progressifs.
f) La
rééducation est le plus souvent inefficace, voire aggravante dans
cette forme d'algie vertébrale. En tout cas, il faut éviter toute rotation
forcée du cou et tout mouvement de rétropulsion des bras. Ce sont d'ailleurs
les conseils aux patients quiseront les plus importants : éviter les
rotations extrêmes du cou, marche arrière prolongée, etc., éviter de prendre
des objets derrière soi, surtout quand on est assis, etc.
g) Le
terrain. Dans les cas rebelles, ou récidivants, surtout, il faut
tenir compte du terrain. On notera souvent des signes marqués de
spasmophilie (Chvostek + + +, doublés ou triplés à l'électromyographie,
etc.). Le traitement phospho-vitaminique ou magnésien sera très utile et la
relaxation donne ici des résultats intéressants.
Centre de Rééducation et Médecine
Orthopédique,
Hôtel-Dieu, 1, place du Parvis de
Notre-Dame, 75181 Paris Cedex 04
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